Le 4 décembre dernier, l’Observatoire de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, Injep, a présenté son rapport sur la situation de la jeunesse en France.Constat : plus d’un million de jeunes sont en situation de grande précarité.
Ces dernières années, Olivier Galland, directeur de recherche au CNRS et président du conseil scientifique de l’Injep, constate que la recherche sur la pauvreté s’est surtout axée sur les inégalités intergénérationnelles : « Or je ne crois pas à la théorie de la « génération sacrifiée ». C’est faire l’hypothèse que la génération des jeunes forme un tout qui s’oppose aux générations aînées. Mais au sein même de la jeunesse, l’hétérogénéité grandit ».
En effet, si les jeunes sont aujourd’hui victimes de la crise, tous ne la subissent pas aussi violemment, précise le rapport. Deux jeunesses s’éloignent l’une de l’autre. L’une est diplômée, ce qui continue de la protéger. L’autre en est dépourvue et subit de plein fouet la récession.
Plus qu’un état des lieux, ce rapport vise avant tout à alerter les pouvoirs publics sur les enjeux de ces inégalités qui passent par une mobilisation de l’ensemble des acteurs sociaux (entreprises, collectivités, organisations socioprofessionnelles…) et des jeunes eux-mêmes.
54 % des personnes vivant avec moins de 964 euros par mois ont moins de 34 ans
En France, en 2010, une personne est déclarée comme pauvre lorsque son niveau de vie n’excède pas 964 euros par mois, soit 60 % du niveau de vie médian des Français.
Selon ce rapport, les jeunes demeurent avant tout les premières victimes de la crise.Sur les 8,7 millions de pauvres que compte la France en 2009, la moitié a moins de 34 ans.23 % des individus vivant en dessous du seuil de pauvreté ont entre 18 et 34 ans, 31 % ont moins de 18 ans.
Personnes vivant en France métropolitaine dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiant.
En moyenne, un jeune français sur cinq est au chômage
Entre 1975 et 2009, le taux de chômage en France a plus que doublé. En 2009, il s’élève à 9,1 % en moyenne contre 3,5 % en 1975. Cette hausse est d’autant plus marquée chez les 15-29 ans. En 1975, moins d’un jeune sur dix était au chômage contre plus d’un sur cinq aujourd’hui. Certes, leur taux d’activité a été considérablement réduit, notamment du fait de l’allongement de la durée des études. Cependant, en 2009, le taux de chômage chez les 15-19 ans est de 30 %. Il reste trois fois plus élevé que le taux de chômage moyen (9,1 %). Chez les 20-24 ans, ce taux est relativement moins élevé (22,5 % en 2009) mais toujours conséquent par rapport au taux de chômage moyen.
Le rapport insiste également sur le fait que le taux de chômage de longue durée des 15-24 ans a progressé de 5,6 % entre 2008 et 2010.
Face au chômage et à la pauvreté, les diplômes restent un atout majeur
Selon les chiffres de l’Insee publiés dans le rapport, le taux de chômage (2011) des 15-29 ans est de 9 % pour les diplômés du supérieur, de 22 % pour les titulaires d’un bac, CAP ou BEP, et de 46 % pour les non-diplômés.
Le taux de pauvreté est de 30 % pour les non-diplômés contre seulement 12 % pour les diplômés du supérieur. Dans le détail, les non-diplômés ou les titulaires du BEPC ou d’un CAP/BEP représentent plus de la moitié des individus pauvres.
Dans l’ensemble, les diplômes restent un avantage substantiel en termes d’insertion sociale et professionnelle. Face à ce constat, Françoise Labadie, chargée d’études et de recherches à l’Injep répond qu’il « est essentiel de repenser le fonctionnement du système éducatif, et d’atténuer le rôle du diplôme dans la détermination des trajectoires professionnelles et sociales pour offrir à chacun la possibilité de se former tout au long de la vie ».