Eté 2011 – Les évolutions de la bourse

la finance pour tous

A chaque crise financière, les places boursières sont les premières à réagir. Pendant la crise de 2007-2008, les bourses à travers le monde s’étaient effondrées notamment autour de craintes de faillite en chaîne d’établissements bancaires et de crédit provoquées par le cas Lehman Brothers. Depuis le début de l’été 2011, le scénario se renouvelle. Comment peut-on expliquer de tels mouvements sur les places boursières ? Que signifient-ils ? Quelles sont les causes et conséquences de ces baisses ?

Evolution du CAC 40 depuis 6 mois

Alors que l’année 2011 s’annonçait être celle de la reprise et que tous les signaux semblaient pointer vers un rétablissement durable des économies, les indices boursiers européens ont replongé.

En février 2011, le CAC 40 se situait encore aux alentours des 4100-4200 points, mais le mois d’août 2011 a été particulièrement destructeur. Le CAC 40 est reparti en dessous du seuil psychologique des 3000 points.

source : abcbourse.com

Evolution du CAC 40 depuis 1990

Ce graphique montre les évolutions du CAC 40 depuis le début des années 90. On observe deux pics pendant la bulle internet des années 2000 et en 2007 avant la crise financière mondiale. Le 4 septembre 2000, l’indice avait atteint son plus haut niveau historique à 6 944,77 points en séance. Les investisseurs qui avaient acheté leurs titres cinq ans auparavant pouvaient espérer de larges bénéfices en vendant autour de ce pic. Jusqu’en 2003, l’indice de Paris avait chuté avant de repartir à la hausse pendant les années 2006 et 2007.

source : abcbourse.com

Quelles sont les causes des chutes boursières ?

Les fluctuations du cours d’une action traduisent l’offre et de la demande concernant cette action. Plus la demande est forte, plus le cours de l’action est élevé et lorsque le cours baisse, c’est que l’offre excède la demande.

Le cours des bourses reflète les sommes des bénéfices à venir des actions et constitue donc un pari sur l’avenir. Les investisseurs achètent une action lorsqu’ils pensent que son cours va monter ou la vendent lorsqu’ils anticipent une baisse de son cours. Cependant, les comportements diffèrent en fonction des analyses que font les investisseurs de la situation. Deux personnes peuvent donc parier au même moment l’une sur la baisse et l’autre sur la hausse du cours d’une action. Tous n’ont pas le choix d’acheter ou de vendre quand ils le souhaitent : les investisseurs institutionnels ou les organismes de placement collectif doivent se plier aux exigences de leurs clients et vendre si ceux-ci réclament leur argent.

Globalement, le cours des indices boursiers dépend du climat économique. Les chiffres de l’emploi, de la croissance, de la confiance des ménages ou de la production industrielle sont autant de raisons d’être optimiste ou non au sujet de l’avenir de l’économie d’un pays, de ses entreprises et de l’évolution de la bourse.

Pour une action particulière, les informations sur le secteur et l’entreprise sont cruciales pour les investisseurs. Les bénéfices d’une société et de ses concurrents, l’annonce d’une OPA, d’une restructuration du management ou de licenciements apportent des renseignements précieux sur la santé d’une entreprise.

L’actualité joue un rôle très important dans les évolutions de la bourse apportant chaque jour son lot de bonnes et mauvaises nouvelles. Le cours des devises, des matières premières et des obligations sont d’importantes sources d’informations pour mesurer la solidité d’une économie et l’intérêt d’investir dans les actions plutôt qu’un autre produit financier.

Enfin, au-delà du comportement rationnel basé sur les informations récoltées, les investisseurs sont aussi influencés par des rumeurs. Les chutes boursières sont le résultat d’un retournement de l’opinion dominante indiquant un doute quant à la performance future des titres cotés à la bourse. La pression vendeuse est souvent auto-réalisatrice dans la mesure où la vente d’actions et la baisse des cours qui s’ensuit incitent les autres investisseurs à se débarrasser de leurs titres en baisse.

Quels instruments utilisent les investisseurs pour prendre leur décision ?

Il existe toute une batterie de ratios pour évaluer la justesse du cours d’une action et son potentiel de croissance.

PER (Price Earning Ratio) ou Ratio Cours / Bénéfices

Rapport entre le cours d’une action cotée en bourse et le Bénéfice Par Action (BPA) de l’entreprise, ou entre la capitalisation boursière d’une entreprise (nombre d’actions X cours de l’action) et le bénéfice net de l’entreprise. Le PER représente le prix qu’un investisseur est prêt à payer pour chaque euro de bénéfices par action.

Prenons par exemple une société dont le bénéfice net est prévu à 8 millions d’euros pour l’année en cours. Le capital de la société est composé de 2 millions d’actions. Le BPA est donc de 8/2 = 4 € par action. Pour obtenir le PER, on divise le cours de l’action (mettons que l’action soit cotée à 60 euros) par le BPA. Ici, 60/4 = 15. Le PER de cette action est donc de 15. Le PER peut aussi être calculé en divisant la capitalisation boursière (60 x 2 millions) par le bénéfice net (8 millions) = 15. Le cours de l’action est évalué à 15 fois les bénéfices.

Le PER peut se situer dans une fourchette de 5 à 60 mais la moyenne gravite autour de 15-20. Plus le PER est bas, moins l’action est chère. Cela peut-être dû à une simple sous-évaluation du titre ou à de mauvaises prévisions pour les prochains bénéfices. Il y a des secteurs à fort PER et d’autres où le PER est faible. Plus que la valeur absolue du PER d’une entreprise, il faut regarder son évolution et le comparer aux PER du même secteur.

Exemples de PER d’entreprises françaises en 2010 (source : les échos)

Entreprise

au jour de la vente

PER NET 2010

Hermès

62,16

Renault

4,19

Total

7,27

Danone

17,09

Carrefour

8,71

L’Oréal

19,71

Bénéfices nets

Résultats d’une entreprise – indicateur clé de la performance d’une entreprise et des dividendes qu’elle peut être amenée à verser.

EBITDA

Revenus avant intérêts, impôts, amortissements et provisions sur immobilisations, proche de « l’excédent brut d’exploitation » dans la comptabilité française. Utilisé par les professionnels pour comparer les revenus des entreprises indépendamment de leurs différences de financements, de contraintes fiscales et de structures

EV/EBITDA

Valeur de l’entreprise divisée par ses revenus avant intérêts, impôts, amortissements et provisions sur immobilisations. Utilisé également par les professionnels pour comparer l’appréciation par les investisseurs de plusieurs entreprises d’un même secteur en bourse. EV signifie Entreprise Value et prend en compte la capitalisation boursière d’une entreprise moins sa dette nette

Quelles sont les conséquences de la chute boursière pour les investisseurs ?

Une des conséquences peut être une perte d’argent lorsque les actions sont revendues à des cours plus bas que ceux de l’acquisition. Tant qu’une action n’est pas vendue, aucune perte n’est réalisée.

Cependant, les investisseurs institutionnels doivent tenir compte de cette dépréciation dans leur bilan. Ils inscrivent alors des provisions qu’ils déduisent de leur résultat pour faire face aux pertes qu’ils anticipent.

De plus, la chute peut être accélérée par des ventes forcées lorsque les banques qui prêtent aux spéculateurs réclament le remboursement des crédits arrivant à échéance.

Les chutes boursières peuvent être atténuées par l’interruption de la cotation sur les places boursières sujettes à une forte volatilité. Les marchés restent alors fermés en attendant que la tempête se calme.

Cependant, la baisse du cours d’une action peut aussi être perçue comme une sous-valorisation de cette action, c’est-à-dire, que le prix actuel de l’action ne reflète pas les perspectives de la société. C’est alors pour beaucoup le moment idéal pour « rentrer » en bourse et acheter des titres à prix bas.

Les causes de l’évolution actuelle

Depuis le début de l’été 2011, une série de mauvaises nouvelles a conduit à de fortes baisses des indices boursiers européens et américain.

La progression de la crise de la dette souveraine en Europe et la peur de contagion aux autres économies européennes ont été au cœur des craintes des marchés européens. Les places boursières espagnole, italienne, portugaise et grecque ont subi de plein fouet les tensions liées à la crise de la dette souveraine, fluctuant au gré des annonces de la BCE et des dirigeants politiques.

Globalement, les marchés ont été paralysés par des prévisions de croissance pessimistes et le spectre d’une récession. En outre, les mauvais chiffres de d’emplois aux Etats-Unis au mois d’août ont également été interprétés comme un signe de ralentissement de la croissance inquiétant pour les marchés.

La dégradation de la note de la dette des Etats-Unis par l’agence Standards & Poors a provoqué, début août, de fortes réactions sur les marchés. Pour la première fois de l’histoire, les Etats-Unis perdait leur AAA au profit d’un AA+ assorti d’une perspective négative présageant une prochaine dégradation.

Cette décision basée sur l’enlisement des discussions sur le relèvement du plafond de la dette aux Etats-Unis s’est soldée par une chute importante des indices américains, le Dow Jones Industrial Average et le S&P 500.

A Paris, la plupart des titres cotés ont essuyé d’importantes baisses notamment en ce qui concerne les valeurs bancaires très représentées dans le CAC 40. L’exposition des banques françaises à la dette grecque a ébranlé la confiance des investisseurs. Le débat sur la recapitalisation des banques a inquiété les investisseurs sur la liquidité des banques et les mesures prises jusqu’à présent pour contenir la crise de la dette souveraine.

Forte volatilité

Au-delà de la baisse des indices boursiers européens, la volatilité observée depuis cet été peut paraitre inquiétante. La volatilité est l’ampleur de la variation du cours d’une action sur une période donnée. Une forte volatilité sur de très courtes périodes par exemple sur une journée ou une semaine reflète la nervosité, la peur et l’instabilité des marchés. Elle peut être provoquée par une modification des flux anticipés ou des taux d’intérêt et une évolution de la perception du risque.

Depuis le début de l’été 2011, la volatilité s’est accrue sur les marchés américains et européens. Les cours des actions ont subi de fortes fluctuations sur de courtes périodes. Les valeurs bancaires ont perdu ou regagné jusqu’à 15 % au cours d’une même journée pendant certaines séances du mois de septembre.

Aux Etats-Unis, l’indice VIX permet de mesurer l’ampleur de la volatilité sur le S&P 500. Ce dernier graphique montre clairement qu’un niveau record de volatilité a été atteint pendant le mois d’août 2011.

Evolution de l’indice de volatilité Vix S&P 500 depuis 6 mois

source : abcbourse.com

Lire notre dossier sur la crise de la dette publique