Pas de nouvelles mesures dans l’immédiat
Lors de la conférence de presse, Mario Draghi, Président de la BCE, a indiqué que le Conseil des gouverneurs souhaitait attendre de connaître l’impact des mesures non conventionnelles déjà adoptées (achats aux banques de titres adossés à des actifs et refinancements à long terme de crédits aux entreprises européennes (voir notre actualité de septembre 2014) avant d’envisager le lancement d’un nouveau programme destiné à combattre les pressions déflationnistes à l’œuvre dans la zone euro.
Or, les banques européennes n’avaient que très peu participé à la première tranche du programme lancé en septembre dernier par la BCE. Une deuxième tranche est programmée pour le 10 décembre prochain. C’est donc à ce moment-là que la BCE pourra faire un point plus complet sur l’efficacité de ce dispositif. La décision de la BCE de ne rien annoncer de nouveau avant cette date paraît donc logique.
Des prévisions économiques revues à la baisse
Toutefois, Mario Draghi a insisté une nouvelle fois sur le fait que le Conseil des gouverneurs était unanime pour employer de nouveaux outils non conventionnels si la situation de la zone euro l’exigeait.
Or, les services de la BCE ont revu sensiblement à la baisse leurs prévisions d’inflation et de croissance en zone euro pour les années 2014 et 2015. Désormais, la BCE ne table plus que sur un taux d’inflation de 0,5 % en 2014 et de 0,7 % en 2015 contre 0,9 % et 1,1 % respectivement lors de la précédente estimation. La zone euro ne croîtrait que de 1 % en 2015 alors que la BCE tablait sur une progression du PIB de 1,6 % précédemment.
Ces prévisions sont très en-deçà des objectifs de la BCE, puisque son mandat lui impose de viser un objectif de taux d’inflation à moyen terme proche de, mais inférieur à 2 % par an.
Dans ces conditions, il est paraît très probable que la BCE décidera de lancer un nouveau programme d’actions non conventionnelles début 2015. En effet, Mario Draghi a indiqué clairement que le Conseil des gouverneurs se penchera en début d’année sur la question « du degré d’assouplissement monétaire, de l’expansion du bilan et des perspectives d’évolution des prix« .
Des rachats de dettes publiques probables début 2015
Répondant aux questions des journalistes, le Président de la BCE a précisé que l’intention d’une large majorité des membres du Conseil des gouverneurs était de parvenir à un gonflement du bilan de la BCE d’environ 1 000 milliards d’euros et que toutes les options pour y parvenir avaient été discutées. Il a toutefois mentionné le fait que le rachat de dettes publiques répondait bien au mandat de la BCE et que cela ne correspondait pas à du financement de déficit public, qui est interdit par les statuts de la BCE. Il a aussi précisé que ces rachats auraient des effets favorables à la fois pour les Etats de la zone euro en poussant les taux d’intérêt obligataires à la baisse (la demande de titres augmentant, leur prix, c’est à dire le taux d’intérêt baissera) et pour l’inflation de la zone euro, (les vendeurs de ces titres pourront réinvestir les liquidités obtenues dans des actifs en devises et ainsi faire baisser davantage le cours de la monnaie unique sur les marchés des changes).
Mario Draghi a par ailleurs indiqué qu’il était exclu que la BCE procède à des achats d’or ou d’obligations souveraines d’Etats non membres de la zone euro.