Le financement des PME : un des thèmes abordés lors des journées nationales du Management – 2014

la finance pour tous
Le 13 octobre 2014, une conférence sur le thème du "financement des PME" était organisée à Paris dans les locaux du Conservatoire National des Arts et Métiers dans le cadre des "journées nationales du management 2014". Ces journées organisées par la DGESCO, conjointement avec l'inspection générale, s'adressent aux inspecteurs et aux enseignants d'économie gestion, dans le cadre du Plan National de Formation.

L’inspecteur général, Jean Michel Paguet, a animé cet atelier, réunissant Hervé Paruta (responsable du développement commercial « entreprises et PME » chez BNP Paribas) et Jézabel Couppey-Soubeyran (Maître de conférences à l’Université Paris I Sorbonne). La conférence a traité des principales caractéristiques financières des PME françaises, avant d’aborder la question de leur accès au crédit bancaire et d’évoquer les leviers d’actions qui permettraient de faciliter leur financement.

Les principales caractéristiques financières des PME françaises

En France, sur plus de 3 millions d’entreprises, 4 % environ sont des PME (effectifs entre 10 et 250 salariés ou chiffre d’affaires annuel compris entre 2 et 50 millions d’euros ou total de bilan inférieur à 43 millions d’euros). Elles ont un poids économique important puisqu’elles réalisent 23% de la valeur ajoutée totale et emploient 29 % des effectifs salariés.

Particularites PME

En termes financiers, les PME ont vu leur rentabilité baisser depuis 2008. En réaction, elles ont adopté une politique de distribution de dividendes prudente, de sorte qu’elles ont pu maintenir, voire augmenter légèrement, le niveau de leurs capitaux propres sur cette période.

On constate aussi que la trésorerie nette des PME s’est renforcée depuis 2008 en liaison avec une stabilité des besoins en fonds de roulement (BFR) et une politique d’investissements peu dynamique, davantage tournée vers le renouvellement des matériels que vers une hausse des capacités de production.

Les PME se distinguent par ailleurs par leur fort degré de dépendance à l’égard du financement bancaire. Ainsi, leur taux d’intermédiation bancaire (rapport du financement bancaire sur le financement total) s’établit en moyenne à 96 %, contre 70 % pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Comme les grandes entreprises, ces dernières peuvent en effet accéder aux marchés financiers (émission d’actions ou d’obligation), ce qu’elles font de plus en plus.

L’accès des PME au crédit bancaire

Encours entreprises

Sur longue période, les encours de crédits bancaires ont enregistré une hausse constante entre 1995 et 2008, puis se sont stabilisés. Il n’y a donc pas eu d’effondrement avec la crise financière. On constate par ailleurs que les financements désintermédiés (obligations et billets de trésorerie) se sont développés depuis 2008, mais qu’il restent encore un moyen de financement très nettement en retrait par rapport aux crédits bancaires.

Les conditions d’accès des PME au crédit bancaire est un sujet qui fait débat aujourd’hui en France.

Différentes enquêtes permettent d’en apprécier les contours.

Selon celles conduites par la BPI et la Banque de France, près des trois-quarts des PME affirment que leur demande d’octroi de crédits de trésorerie est satisfaite par les banques. Toutefois, d’autres enquêtes menées par des organismes tels que la CGPME, KPMG ou la BCE montrent une réalité moins optimiste et relèvent que si le taux de rejet de demande de crédit des PME est du même ordre (25 %), il est assez nettement supérieur à ceux que l’on peut constater dans d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Italie.

Il apparaît en fait que la taille joue un rôle très important en matière de financement bancaire. Les statistiques disponibles montrent en effet que plus l’entreprise est de petite taille, plus elle est dépendante de l’endettement bancaire et plus elle se trouve contrainte dans son financement, notamment en matière de crédit de trésorerie.

La demande de crédits d’investissement reste quant à elle peu dynamique. Les enquêtes menées auprès des PME montrent que celles-ci obtiennent les crédits demandés dans 89 % des cas, mais que les projets ne sont pas nombreux en raison d’un manque de débouchés et d’une rentabilité trop faible.

Du côté bancaire, les principaux motifs de refus d’octroi de crédit ont trait, selon le témoignage du représentant de BNP Paribas :

  • à la fragilité financière de l’entreprise

  • au secteur d’activité, s’il est considéré comme trop risqué ou méconnu

  • ou encore à la nature du projet, si celui-ci porte sur l’immatériel 

Les leviers d’action pour améliorer l’accès au financement des PME

La trop grande dépendance des PME à l’égard du financement bancaire est considérée comme une source de fragilité potentielle. Toutefois, peu de solutions alternatives crédibles existent.

L’accès aux marchés financiers (actions, obligations, billets de trésorerie) est en effet réservé aux entreprises de grande taille et les assureurs, qui ont désormais le droit d’accorder directement des prêts aux entreprises, ne se tourneront vraisemblablement pas vers les petites ou moyennes PME et encore moins les TPE.

La réforme du code des assurances

Le code des assurances a été réformé par décret en août 2013 afin de favoriser les investissements des assureurs dans les prêts à l’économie réelle. En particulier, la réforme introduit de nouvelles modalités d’investissement au travers de prêts aux entreprises non cotées et aux collectivités publiques

Ces investissements sont strictement encadrés. Une gestion prudente des risques sous le contrôle de l’ACPR est exigée. En outre, l’investissement direct dans des prêts à des entreprises non cotées est limité aux entreprises dont la qualité de crédit est jugée suffisante et des obligations de contrôle interne supplémentaires, inspirées des meilleures pratiques observées dans les banques en termes de gestion des risques, devront être respectées.

En savoir plus

Quant au « crowdfunding », il s’agit d’un nouveau type de financement qui se développe mais qui reste encore marginal. En outre, il est possible que son succès actuel soit lié à un phénomène de mode -la défiance à l’égard de la finance traditionnelle, intermédiée ou désintermédiée- plus qu’à une véritable tendance de fond.

La titrisation de créances est vue par certaines institutions internationales (BCE, FMI) comme un moyen de favoriser la distribution de crédits par les banques dans un contexte prudentiel (Bâle III) plutôt restrictif. Toutefois, les créances éligibles à la titrisation ne devraient concerner que celles qui représentent le risque le plus faible, c’est à dire celles détenues sur des grandes entreprises ou de très grosses PME.

Plusieurs actions sont néanmoins envisageables :

  • développer l’affacturage, qui reste un mode de financement de court terme intéressant malgré son coût

  • agir sur les délais de paiement interentreprises, qui pénalisent les petites entreprises en faveur des grandes

  • améliorer la formation financière des dirigeants de PME et de TPE, notamment à travers la fourniture de services d’accompagnement financier publics ou privés

  • réduire les asymétries d’information auxquels font face les prêteurs de fonds potentiels non bancaires qui n’ont pas ou difficilement accès aux informations financières sur les PME. L’ouverture de la base de données financières de la Banque de France (FIBEN) à d’autres acteurs économiques que les banques constituerait une étape importante à cet égard.

L’ouverture de la base de données financières de la Banque de France (FIBEN) à d’autres acteurs économiques que les banques constituerait une étape importante à cet égard.

Mecenat soutenez nos actions