Jusqu’à présent, la France ne comptait que deux économistes à avoir reçu le prix Nobel d’économie (officiellement appelé « prix de la banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel ») :
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Maurice Allais, en 1988 pour ses travaux sur les phénomènes monétaires et les prix et
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Gérard Debreu (qui avait également la nationalité américaine et, de ce fait, est généralement compté dans les prix Nobel américains), en 1983, sur la théorie de l’équilibre général.
Ancien élève de Polytechnique, professeur invité au prestigieux MIT (Massachussetts Institute of technology), médaille d’or 2007 du CNRS, Jean Tirole est le président et fondateur de l’école d’Economie de Toulouse, devenu un pôle de recherche économique majeur en Europe. Le prix Nobel lui a été décerné par le jury qui considère Jean Tirole comme un des économistes les plus influents de notre époque, en particulier parce qu’il a « clarifié la manière de comprendre et réguler les secteurs comptant quelques entreprises puissantes« .
Plus concrètement, Jean Tirole utilise tout l’arsenal de la théorie des jeux pour comprendre un champ d’activités très divers, que ce soit le secteur bancaire, la régulation des industries de réseau comme les télécoms ou la mise au point de techniques pour inciter les entreprises à ne pas licencier ou à devenir propres. Il a ainsi contribué à refonder une « nouvelle économie industrielle« . C’est un micro-économiste, qui utilise des modèles mathématiques.
Dans son livre, publié en anglais et traduit en six langues, Théorie de l’organisation industrielle, Jean Tirole analyse les comportements stratégiques des acteurs économiques en fonction des structures de marché. Il explique comment les agents économiques prennent leurs décisions et font les arbitrages nécessaires en utilisant la méthodologie de la théorie des jeux et de l’information.
Souvent classé parmi les économistes libéraux (et parfois pour le critiquer violemment comme Dominique Plihon, « économiste attérré »), Jean Tirole est en même temps salué pour sa compréhension des limites du marché et sa justification de l’intervention de l’Etat pour en réguler le fonctionnement.
C’est le 10 décembre à Stockholm que Jean Tirole recevra son prix, avec une récompense de 8 millions de couronnes suédoises (environ 878.000 €).