La principale conclusion qui ressort de cette étude est qu’au cours des trois dernières décennies, les inégalités de revenu se sont accrues dans la plupart des pays membres de l’OCDE. En France, bien qu’en progression récente, elles restent proches de la moyenne de l’OCDE.
Les inégalités de revenus continuent de progresser dans les pays membres de l’OCDE
L’étude montre que depuis les années 1980, les inégalités de revenus ont progressé dans les pays de l’OCDE comme l’atteste l’écart de revenu constaté entre les 10 % de la population les plus riches et les 10 % de la population les plus pauvres, qui est passé d’un multiple de sept au début des années 1980 à un multiple de près de dix aujourd’hui. Le coefficient de Gini, qui fournit une mesure synthétique des inégalités de revenus, retrace également ce constat : alors qu’il s’établissait à 0,29 en moyenne au milieu des années 1980 dans les pays de l’OCDE, il se situe en 2013 à 0,315 et ressort en croissance dans 17 des 22 pays de l’OCDE pour lesquels des séries longues sont disponibles.
Le coefficient de Gini est une mesure traditionnelle des inégalités de revenu. Il s’agit d’un indicateur statistique qui varie entre 0 (cas théorique où tout le monde perçoit le même revenu) et 1 (cas tout aussi théorique où un seul individu perçoit la totalité des revenus d’un pays). Plus le coefficient est proche de 0, plus la répartition des revenus est considérée comme égalitaire. Dans le cas de la France, le coefficient de Gini se monte à 0,31 en 2013 contre 0,315 en moyenne dans les pays de l’OCDE. Aux Etats-Unis, le coefficient de Gini atteint 0,4. C’est le Chili qui présente le coefficient de Gini le plus élevé des pays membres de l’OCDE avec un niveau de 0,5. Le Danemark se situe à l’autre extrémité avec un score deux fois inférieur (0,25).
L’étude de l’OCDE montre par ailleurs que la crise économique et financière de 2007 a eu tendance à favoriser l’accroissement des inégalités, puisque dans de nombreux pays les revenus des 10 % les plus riches ont progressé davantage, ou ont moins diminué que ceux des 10 % les plus pauvres entre 2007 et 2011. Cet accroissement des inégalités des revenus a en outre été accentué par la moindre générosité des systèmes redistributifs des pays membres de l’OCDE au cours des années les plus récentes.
L’étude note également que malgré des progrès substantiels, les inégalités de revenus entre hommes et femmes persistent dans l’ensemble des pays de l’OCDE, en grande partie en raison du fait que les femmes occupent généralement des emplois moins bien rémunérés que les hommes. Ainsi, même si l’écart de rémunération s’est réduit au cours des quinze dernières années, les femmes gagnent en moyenne encore 15 % de moins que les hommes pour un emploi à temps plein en 2013, contre 19 % de moins en 2000.
En France également, les inégalités de revenus se sont accrues avec la crise
L’étude de l’OCDE montre que les inégalités de revenus étaient traditionnellement stables en France depuis le milieu des années 1990, alors qu’elles étaient en augmentation constante dans la plupart des autres pays.
Entre 2007 et 2011, les inégalités de revenus avant impôts et prestations ont augmenté de près de 3 points de pourcentage. Toutefois, le système de redistribution a permis d’atténuer cette progression si bien qu’au total, le coefficient de Gini ne s’accroît que de 1,6 point de pourcentage sur la période.
L’OCDE note que ce sont les personnes ayant les revenus les plus faibles qui ont le plus sévèrement subi la crise, avec une baisse de leur revenu de 1 % par an en moyenne entre 2007 et 2011, alors que les 10 % des personnes ayant les revenus les pus élevés ont vu leur revenu s’accroître de 2 % par an en moyenne sur la même période.
L’OCDE note également que les inégalités de patrimoine renforcent les inégalités de revenus. Ainsi, les 10 % des Français les plus aisés détiennent la moitié du patrimoine net (c’est à dire le montant du patrimoine total auquel on retranche le montant des dettes) des ménages, alors que les 40 % les plus pauvres n’en détiennent que moins de 2 % (contre 3,3 % en moyenne dans les pays membres de l’OCDE).
L’OCDE établit un parallèle entre la progression des inégalités de revenu primaire (revenu du travail) et l’émergence dans la période récente des emplois non standards (travail temporaire, temps partiel, hausse du nombre de travailleurs indépendants) qui ont progressé de 1,7 % en moyenne entre 2007 et 2013 en France. La spécificité de ces emplois en France réside dans le fait que ceux-ci sont principalement tenus par des femmes (pour 63 % contre 55 % dans les pays de l’OCDE en moyenne) et très souvent par des jeunes (46 % ont entre 15 et 29 ans, la proportion n’est que de 40 % en moyenne dans les pays de l’OCDE).
Enfin, l’étude de l’OCDE pointe le fait que l’écart salarial entre hommes et femmes ne s’est pas réduit en France depuis 2000, contrairement à certains autres pays européens. La situation de la France est toutefois un peu meilleure que la moyenne constatée dans les pays de l’OCDE. En effet, en France les femmes gagnent 14 % de moins que les hommes, contre 15,5 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. En revanche, l’écart salarial entre hommes et femmes est moindre en Norvège ou au Danemark où les femmes ne gagnent « que » 7 ou 8 % de moins que les hommes, ce chiffre passant à 9 % en Espagne et 11 % en Italie. Il est cependant plus élevé en Allemagne (17 %).