Près d’un Français sur deux pense pouvoir basculer dans la pauvreté
À la question, « en pensant à votre situation personnelle et à vos perspectives d’avenir, pensez-vous qu’il soit possible un jour que vous basculiez dans la pauvreté », 55 % des Français répondent par l’affirmative (25 % « oui, tout à fait » et 30 % « oui, plutôt »). Certaines catégories de population s’estiment plus menacées que d’autres. C’est notamment le cas des ouvriers (73 %) et des non diplômés (60 %).
Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est estimé à 8,7 millions en France, soit 13 % de la population.
À l’opposé, 32 % des sondés pensent qu’ils ne rencontreront pas de problèmes d’argent. Ce sentiment est plus répandu chez les hommes (37 %) et chez les plus aisés (36 %).
47 % estiment que les inégalités sociales ont fortement progressé
Au sentiment de précarité, s’ajoute l’idée d’un accroissement des inégalités sociales. Près d’un sondé sur deux estime que les inégalités ont fortement progressé en France. Une idée davantage portée par les classes moyennes et les salariés que par les catégories de population les plus fragiles. 55 % des cadres (et 58 % des professions intermédiaires) s’accordent à penser que les inégalités ont progressé contre 41 % pour les salariés. Ce sentiment est largement partagé par les 35-59 ans (56 %) mais beaucoup moins répandu chez les moins de 35 ans (36 %).
Entre 2000 et 2010, le niveau de vie moyen mensuel des 10 % les plus riches a progressé de 18,9 % (déduction faite de l’inflation) contre 5,4 % pour les 10 % les plus pauvres.
Pour 62 % des sondés, cette situation s’explique en partie par un net recul de la solidarité entre les plus aisés et les plus démunis depuis 10 ans. Cette idée est particulièrement présente chez les ouvriers (7 3 %) et chez les catégories de population à faibles revenus (68 %). Seuls 10 % pensent qu’il y en a davantage et 26 % autant qu’avant. Egalement mise en cause, la solidarité intergénérationnelle. 42 % des sondés la considèrent en baisse depuis 10 ans, 24 % en hausse et 31 % stable.
Parallèlement, 62 % pensent que les inégalités sociales ont tout aussi progressé à l’échelle internationale que nationale . 49 % estiment que la solidarité fait également défaut entre les pays riches et les pays pauvres.
En 2013, pour la deuxième année consécutive, l’aide versée par les pays riches aux pays pauvres dans le cadre du Comité d’aide au développement (CAD) supervisé par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a reculé de 4 %. Ce déclin es t principalement imputable à la situation économique des pays membres du CAD, dont fait partie la France.
La progression des inégalités constitue la première menace du mieux vivre ensemble pour 38 % des sondés
Pour l’ensemble des personnes interrogées, c’est l’accroissement des inégalités qui menace le plus la cohésion sociale en France (38 % de citations, deux réponses étant possibles pour cette question). Vient ensuite la crise économique et financière (34 % de citations) en recul par rapport à 2012 (47 %) et 2011 (39 %). Pour Patrick Savidan, professeur de philosophie et cofondateur de l’Observatoire des inégalités, cette enquête témoigne d’un « fort attachement des Français à l’égalité comme valeur ». Pour ces derniers, « les inégalités augmentent […], les mécanismes de solidarité ne sont plus à la hauteur des problèmes » précise t-il en ajoutant que la conjonction de ces deux éléments « malmène la cohésion sociale » (Le monde, 5/12/13).
Cette enquête a été réalisée sur un échantillon de 1 025 personnes interrogées par téléphone du 8 au 9 novembre 2013.