Retraite : les Français entre lucidité et attente

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De manière croisée, deux études viennent d’être publiées par l’Institut Manpower et par l’Institut CSA sur le dossier sensible des retraites. La première s’inscrit dans la cadre de la cinquième enquête de l’Observatoire des acteurs du travail qui confronte la perception des salariés et des entreprises sur le monde du travail. La seconde a été initiée par le Cercle des épargnants. Retour sur les conclusions de ces deux études.

Une majorité de seniors souhaite partir à la retraite le plus tôt possible…

Selon les résultats de l’étude de l’Institut Manpower, les salariés de plus de 50 ans souhaitent partir relativement tôt à la retraite. Seulement 48 % des personnes interrogées désirent travailler jusqu’à l’âge leur permettant de toucher une retraite pleine. 27 % des sondés sont prêts à bénéficier d’un dispositif de préretraite, 18 % aspirent à partir volontairement voire à le faire à la suite d’un licenciement (6 %).

Lorsqu’on demande aux seniors le sentiment qui résume le mieux leur état d’esprit à l’égard de la retraite, 44 % sont « impatients » et déclarent « qu’ils pourront avoir le temps de faire ce qu’ils veulent », 28 % se disent « inquiets » et « ont peur de manquer de moyens », moins d’un quart (19 %) restent « indifférents », enfin 8 % « redoutent de s’ennuyer ».

Si les seniors souhaitent abréger leur fin de carrière pour partir en retraite cela n’est pas tant le résultat d’une disqualification professionnelle ou sociale vécue au sein de l’entreprise qu’une perte de motivation (51 %), une moindre capacité à résister au stress et à la fatigue (70 %). Car, dans l’ensemble, les retraités s’estiment « bien considérés » dans l’entreprise.

…Toutefois, ils restent conscients du nécessaire allongement de la durée de cotisations

L’étude réalisée par l’Institut CSA met en lumière qu’une large majorité (62 %) de Français estime que le passage de la durée de cotisation de 40 ans à 41 ans pour 2012 est « une nécessité », 61 % que cette réforme est « acceptable », 59 % « inévitable ». Toutefois, cette compréhension de la situation des régimes de retraites « ne vaut pas adhésion ». Ainsi, 63 % des sondés revendiquent le maintien de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans. Un paradoxe relatif au regard de l’allongement de la durée de cotisations.

Les seniors : un défi pour les entreprises

Du côté des entreprises, près de quatre entrepreneurs sur dix pensent que maintenir en activité un salarié de 50 ans et plus est quelque chose de « difficile ». De l’avis des employeurs (73 %), la gestion des seniors dans l’entreprise est un enjeu primordial pour l’avenir. La plupart se sentent peu préparés (63 %) pour cette mission et 62 % estiment que « c’est quelque chose de complexe ».

Pour faire face à ce défi, les dirigeants d’entreprise souhaitent que les pouvoirs publics puissent les aider à maintenir les salariés de plus de 50 ans dans l’entreprise en facilitant les exonérations de charges (82 %), en permettant le cumul salaire-retraite (76 %) ou la création d’un supplément retraite (76 %) pour les années travaillées après 65 ans.

L’épargne retraite : une option de plus en plus privilégiée

Selon CSA, les Français restent favorables (52 %) à un régime de retraite mixte alliant système par répartition et par capitalisation. Ce chiffre est néanmoins en recul de 10 points par rapport à 2006. Les Français souhaitent de plus en plus réaffirmer leur intérêt pour le régime par répartition (27 % soit +4 points par rapport à 2006). « C’est le signe d’une attente forte pour une prise en compte collective du dossier des retraites » estiment les auteurs de l’étude.

Dans le même temps, 47 % des Français considèrent l’entreprise comme un « recours » pour la mise en place d’une épargne retraite contre 26 % souhaitant des mesures « individuelles permettant à chaque salarié de décider de l’ampleur et du rythme de ses efforts».

En matière d’épargne retraite, on assiste ainsi à une progression du nombre de personnes déclarant épargner pour leur retraite à titre individuel. Ils étaient 49 % en 2007, ils sont aujourd’hui 54 % à le faire. En 2007, les personnes n’épargnant pas pour leur retraite représentaient 50 % des sondés, c’est 45 % en 2008, soit un recul de 5 points en un an.

Pour en savoir plus : consultez notre dossier « Financer sa retraite »

Lire l’étude CSA

Lire l’étude Institut Manpower