Au cours de cette matinée, les différents intervenants ont cherché à répondre à plusieurs questions autour de deux tables rondes :De quel accompagnement parle-t-on ? L’accompagnement social est-il le seul enjeu ?Quel peut-être le rôle des collectivités territoriales et autres acteurs publics ou privés ?
La synthèse de ce débat s’est faite avec Daniel Lebègue, président de l’ORSE et François Soulage, président du Secours Catholique, avec quelques propositions très précises pour aider les personnes en vulnérabilité sociale.
Jean Louis Bancel, président du Crédit Coopératif a tout d’abord rappelé l’importance du microcrédit en France. Pionnière en matière de finance solidaire, la banque coopérative a à cœur d’accompagner les personnes en difficulté en partenariat avec les acteurs sociaux. C’est pourquoi depuis 4 ans, sont organisées ces rencontres afin de partager ensemble l’expérience de chacun.
La première table ronde traite des questions de l’accompagnement
Georges Gloukoviezoff, membre de l’ONPES, introduit la réflexion par les observations suivantes :
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Il est important de distinguer les différentes phases de l’accompagnement : orientation, diagnostic et suivi. Le diagnostic aide à définir les priorités et rencontre un fort taux de satisfaction.
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En aval, une fois le microcrédit obtenu et lorsque les remboursements commencent, plus de 93 % des personnes qui ont un suivi régulier, jugent cette procédure utile. Le suivi au cours de la première année prévient aussi les risques de défaillance.
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Lors d’un impayé, ce qui concerne à peu près 38 % des microcrédits et essentiellement au cours de la première année de remboursement, 1 emprunteur sur 4 dit « avoir trouvé une solution tout seul ». Mais la présence d’un accompagnateur permet de trouver plus facilement des solutions alternatives pour venir en soutien de la personne.
Le point d’achoppement est le coût : en moyenne 400 euros par dossier (source crédit coopératif et UNAF) pour un microcrédit d’un montant moyen de 2000 euros. Sans compter les 9 M€ dépensés par la Caisse des dépôts depuis 2006, à la fois pour mettre en place le fonds de cohésion sociale et pour bonifier les prêts.
Corinne Griffond, représentant l’UNAF insiste cependant sur l’importance de l’accompagnement qui doit être différencié selon les populations. Pour certains bénéficiaires, un contact téléphonique est suffisant, pour d’autres un rendez-vous sera plus adapté. Corinne Griffond note d’ailleurs que les travailleurs sociaux ne sont pas toujours favorables au microcrédit qu’ils perçoivent comme un risque de charge financière supplémentaire pour des ménages déjà en pauvreté économique et qu’elle doit faire la pédagogie du microcrédit.
Dans les faits, le microcrédit doit être un dispositif parmi d’autres. Fabien Tocque, de la Croix rouge française, rappelle que pour 10 demandes, seulement 2 seront accueillies favorablement. Or la crise économique actuelle rattrape les classes moyennes pauvres. Selon Fabien Tocque, il faut développer des points conseil-budget, lieu d’écoute et de conseil des ménages mais aussi d’aides financières immédiates et d’accompagnement sur le long terme afin de rétablir une situation d’autonomie financière.
Les échanges se sont poursuivis avec la seconde table ronde sur la question : Quel peut-être le rôle des collectivités territoriales et autres acteurs publics ou privés ?
Marylène Viala Claude du pôle innovation sociale et programme d’insertion de la Caisse des dépôts rappelle que depuis 2006, 44 000 microcrédits personnels garantis par la CDC ont été accordés soit 98 millions d’euros (encours au 1er trimestre 2013). Les pays de la Loire et du Poitou Charentes sont les plus dynamiques, avec plus de 2000 microcrédits personnels garantis accordés en 2012. En revanche, la Corse, l’Auvergne et la Bourgogne proposent en moyenne 400 microcrédits personnels garantis par an (en 2012).
Daniel Zelinsky, directeur général de l’Union Nationale des Centres communaux d’action sociale rappelle qu’en France environ 8000 CCAS ont un véritable budget d’action sociale et qu’il convient de renforcer l’efficacité des dispositifs dans un contexte d’effet de ciseaux (plus de besoin à un moment où le montant total des aides se maintient, voire décroit). L’innovation en matière d’accompagnement social passe par la prise en compte de l’ensemble des difficultés que rencontre la personne. Il cite Grenoble qui a mis en place une plateforme générale d’accompagnement. Dans ces points info-budget, le microcrédit est utilisé comme l’un des « outils » d’inclusion sociale mais non le seul. Cette approche est déjà privilégiée pour les jeunes, poursuit Annie Jeanne présidente de l’association des directeurs de missions locales : le microcrédit est intégré à un éventail de propositions afin de réussir leur intégration professionnelle.
La conclusion est donnée par Daniel Lebègue président de l’ORSE et François Soulage, président du Secours Catholique. Quatre priorités doivent être privilégiées dans les mois à venir : Améliorer la connaissance de cette population afin d’identifier leur fragilité bancaire. Affiner l’accompagnement avec une prise en charge globale dans des « points conseil budget ». Responsabiliser les banques afin de prévenir le surendettement et enfin plafonner les frais d’incident de paiement dont sont particulièrement victimes ces personnes.