Quid de la politique budgétaire ?

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Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier consacré à la crise des subprimes ont été rédigés entre 2008 et 2010. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

En dehors de la politique monétaire, n’y a-t-il pas d’autres leviers de politique économique à utiliser ? Les États-Unis ont mis sur pied une politique budgétaire.

Peut-elle être efficace ? Ne faudrait-il pas également le faire en Europe ? Une coordination des politiques économiques à l’échelle internationale ne serait elle pas utile ?

Le plan américain de relance budgétaire (mi-février 2008) permettra d’injecter 152 Milliards de $ (l’équivalent de 105 milliards d’€) dans l’économie américaine en 2008, soit 1% du PIB des États-Unis et seulement 16 Milliards en 2009.

Il prévoit un remboursement d’impôts à quelque 130 millions de personnes et le versement de 300 dollars aux personnes non imposables. Ce plan va aggraver le déficit public qui devrait atteindre plus de 400 milliards de $ c’est-à-dire un niveau presque record pour les USA. C’est pourquoi il est prévu que ces mesures seront provisoires. L’impact sur la croissance devrait se faire sentir au 2ème semestre 2008, et pourrait ainsi permettre d’éviter la récession ou son aggravation.

Son efficacité dépendra grandement de la façon dont les Américains dépensent cet argent. Les interrogations portent également sur la nature des dépenses que l’argent public devrait soutenir par priorité et sur ce qui alimentera la future croissance.

Depuis près de deux décennies la croissance a reposé sur les booms financiers et les importations bon marché. Les États-Unis ont toujours de grandes capacités d’innovations mais plusieurs secteurs industriels sont fragilisés et les investissements dans les infrastructures ont été insuffisants. Avec les lourds fardeaux de la dette, ce modèle semble à bout de course. Les États-Unis ont besoin de « réinvestir sérieusement », notamment dans les infrastructures.

L’orientation européenne reste très différente. Il n’y a pas de politique budgétaire de relance mise en place au niveau européen. La décision en la matière appartient aux États. Le rôle de l’Union consiste à fixer des limites aux déficits (pas plus de 3 % du PIB) et à veiller à leur respect. Le budget européen total représente moins de 1 % du PIB des pays européens. L’utiliser pour une politique de relance est impossible.

Au niveau des États, les marges sont plus ou moins faibles compte tenu de la situation des finances publiques. Elles sont plus importantes là où le déficit et l’endettement public sont faibles (Espagne par exemple), inexistantes ou quasi inexistantes dans le cas contraire (cas de la France).

De plus ce n’est pas l’option choisie. Aussi bien la Commission que la plupart des dirigeants nationaux européens continuent de considérer que pour l’Europe, la meilleure solution est de ne pas faire de politique de relance par le budget public mais de se concentrer sur les politiques structurelles (réforme du marché du travail, politique de la concurrence, réforme de l’État, baisse des prélèvements obligatoires)

S’agissant du niveau international, le Directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, plaide pour une concertation et une certaine coordination des politiques économiques et notamment des politiques budgétaires dans le monde y compris des pays émergents.

Selon lui, dans une démarche concertée, « Les pays où les risques budgétaires sont faibles devraient se préparer à exploiter la marge de manœuvre dont ils disposent pour prendre, au moment opportun et de façon ciblée, des mesures de relance budgétaire… »

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