Qu’est ce que la compétitivité d’un pays ?
L’Union européenne définit la compétitivité comme la capacité d’un pays à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants, et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale, dans un environnement de qualité. Elle peut s’apprécier par l’aptitude des territoires à maintenir et à attirer les activités, et par celle des entreprises à faire face à leurs concurrentes.
La compétitivité prix et la compétitivité structurelle
La compétitivité-prix est la capacité à produire des biens et des services à des prix inférieurs à ceux des concurrents pour une qualité équivalente. Elle repose sur la capacité à produire une offre à des coûts inférieurs à ceux supportés par les entreprises du même secteur. Elle peut aussi s’appuyer sur une marge unitaire plus faible, si les coûts de production sont identiques.
La compétitivité prix
La compétitivité prix dépend :
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des niveaux relatifs des coûts de production,
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des marges des producteurs,
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des niveaux du taux de change pour les entreprises qui exportent, etc.
La compétitivité hors prix, ou structurelle, est la capacité à imposer ses produits ou services indépendamment de leur prix (qualité, innovation, services après-vente, image de la marque, délais de livraisons, capacité de s’adapter à une demande diversifiée, etc.). Ce type de compétitivité demande du temps pour se construire, car elle repose sur la perception de l’offre par les clients, perception qui elle-même se bâtit sur le long terme en fonction de la satisfaction procurée dans le passé. Elle exige aussi beaucoup d’investissements pour développer et maintenir la spécificité de l’offre.
La compétitivité hors-prix
La compétitivité hors-prix dépend :
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de la qualité,
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des innovations,
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de la réputation, etc.
Compétitivité et niveau du taux de change
Le taux de change, et son évolution, joue un rôle important pour la compétitivité des biens et services d’une économie. La dépréciation de la monnaie permet aux producteurs domestiques d’être plus compétitifs à l’international.
Supposons un constructeur automobile européen, qui exporte ses voitures aux États-Unis. Il produit une voiture en France et, en prenant en compte sa marge, la vend à 20 000 euros. Il l’exporte aux États-Unis et la vend pour 20 000 dollars (le taux de change est de 1 euro pour 1 dollar). Supposons à présent une dépréciation de l’euro (un euro vaut 0,9 dollars). Le constructeur vend toujours la voiture pour 20 000 euros en France, mais sa valeur en dollars est maintenant de 20 000*0,9 = 18 000 dollars. Il peut donc ainsi gagner des parts de marché, puisqu’il vend moins cher, ou bien augmenter sa marge.
A l’inverse, l’appréciation de la monnaie réduisent la compétitivité des producteurs domestiques à l’international. C’est pour cela qu’historiquement, beaucoup de pays européens se disputaient une “guerre des changes”, chacun tentant de faire baisser la valeur de sa monnaie par rapport aux autres.
Les indicateurs de la compétitivité
La compétitivité d’un pays se mesure à travers divers indicateurs
La compétitivité de la France est souvent mesurée par la part de ses exportations dans le monde ou dans la zone euro. La part de la France dans le commerce mondial de biens atteint 2,8 % en valeur en 2020. Elle a légèrement diminué depuis 2010 (3,4 %). Ainsi, la tendance, amorcée au début des années 1990, d’une baisse de la part des grandes économies avancées dans le commerce mondial, due notamment à la montée des émergents dans les échanges mondiaux, semble se prolonger.
Le prix comparé des exportations et des importations (les termes de l’échange) est également un indicateur réputé : il s’agit du rapport entre les prix à l’exportation et les prix à l’importation. Concrètement, les termes de l’échange représentent le pouvoir d’achat en biens et en services importés qu’un pays obtient des revenus tirés de ses exportations. Plus les termes de l’échange sont élevés, plus le pays est compétitif et plus cela se reflète à travers le solde positif de sa balance commerciale.
Le taux de pénétration mesure le rapport, pour une catégorie de biens, entre les importations et le total des ventes effectuées sur le marché intérieur d’un pays. Il indique la dépendance d’un pays vis à vis de l’extérieur. Plus ce taux est élevé, plus le pays a besoin d’importer des produits pour satisfaire les besoins de ses habitants. Mais son évolution, à la hausse ou à la baisse, peut aussi montrer une dégradation ou une amélioration de la compétitivité des produits nationaux vis-à-vis des produits étrangers.
Enfin, le taux de couverture est le rapport entre la valeur des exportations et la valeur des importations. Plus le taux de couverture est élevé, plus le pays dégage des excédents commerciaux signalant que son économie est compétitive. Le taux de couverture peut être calculé par type de biens ou services, par secteur ou pour l’ensemble d’un pays.
Les classements de référence en matière de compétitivité
S’il existe plusieurs indicateurs pour mesurer la compétitivité d’un pays, il existe également plusieurs classements. Les principaux sont publiés par le World Economic Forum et l’Institute for Management Development, respectivement en septembre et en mai de chaque année. La méthodologie employée pour obtenir ces classements n’étant pas similaire, les deux organismes présentent des résultats différents.
Singapour et les États-Unis, pays les plus compétitifs selon le World Economic Forum
Le World Economic Forum fournissait tous les ans un classement des pays selon leur compétitivité. En 2019, Singapour est considéré comme le pays le plus compétitif au monde. Ce rapport n’a pas été reconduit depuis car l’organisation a souhaité porter son attention vers la récupération économique post-covid.
Ce classement est obtenu pour 140 pays, il définit la compétitivité comme un ensemble d’institutions, de politiques et de facteurs qui déterminent le niveau de productivité.
Pour l’IMD, Singapour est le pays le plus compétitif en 2024, devant la Suisse et le Danemark.
Pays |
Rang |
Variation de rang entre 2023 et 2024 |
Singapour |
1 |
+ 3 |
Suisse |
2 |
+ 1 |
Danemark |
3 |
– 2 |
Irlande |
4 |
– 2 |
Hong-Kong |
5 |
+ 2 |
Suède |
6 |
+ 2 |
Émirats Arabes Unis |
7 |
+ 3 |
Taïwan |
8 |
– 2 |
Pays-Bas |
9 |
– 4 |
Norvège |
10 |
+ 4 |
Source : Institute for Management Development, 2024
La compétitivité de la France
La France ne fait pas partie du « Top 10 » des pays les plus compétitifs. Elle n’est située qu’en 15e position du classement du WEF (en 2019), soit deux places de mieux qu’en 2018.
La France se situe par ailleurs à la 31e du classement de l’IMD de 2024, en hausse de 2 places par rapport au classement 2023. Elle s’était hissée à la 17e place du classement en 2022 en termes de performance économique, mais est malheureusement retombée à la 29e place depuis. L’efficacité des entreprises françaises semble toutefois être sur une pente ascendante, ayant atteint la 32e place, contre 43e en 2020.
Compétitivité : les forces de la France
Les forces de la France sont nombreuses, on peut en lister quelques-unes : situation géographique centrale, dynamisme démographique, qualité de sa main d’œuvre, qualité des infrastructures et des services publics, niveau élevé de protection sociale qui justifie l’importance des prélèvements obligatoires.
Les faiblesse de la France
Le rapport du Conseil Économique, Social et Environnemental de 2011, La compétitivité : enjeu d’un nouveau modèle de développement, cite les principales faiblesses françaises : niveau de formation qui se dégrade, l’image de l’industrie qui est dévalorisée, nombre trop faible d’entreprises de taille intermédiaire, effort de R&D insuffisant dans le secteur privé, relations difficiles entre les entreprises et le système bancaire, et taux d’autofinancement parmi les plus bas d’Europe.
La compétitivité, l’objectif du gouvernement français
Le gouvernement français cherche depuis des années à relancer la compétitivité du pays. Après le « Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi » mis en place en 2012, le gouvernement a implémenté depuis 2014le pacte de responsabilité et de solidarité, ainsi que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Ces mesures visent à réduire les charges patronales, et donc les coûts salariaux pour que les entreprises puissent réduire leurs prix et gagner en compétitivité.
En 2004, la France a créé les pôles de compétitivité. Selon le ministère de l’Économie, « un pôle de compétitivité rassemble sur un territoire bien identifié et une thématique donnée, des entreprises petites et grandes, des laboratoires de recherche et des établissements de formation. Il a vocation à soutenir l’innovation, favoriser le développement des projets collaboratifs de recherche et développement (R&D) particulièrement innovants. Il crée ainsi de la croissance et de l’emploi. »
Pourquoi les entreprises françaises souffrent-elles d’un manque de compétitivité ?
La plupart des études et analyses qui ont été conduites sur le sujet arrivent à la même conclusion, à savoir que la faiblesse de l’investissement productif et l’obsolescence de l’outil de production rendent difficile la réalisation de gains de productivité. Ceux-ci se révèlent ainsi insuffisants pour compenser la hausse des coûts salariaux.
Il s’ensuit une perte de compétitivité-prix que les entreprises françaises compensent en rognant sur leurs marges. La faiblesse de celles-ci pèse sur l’autofinancement des entreprises, obérant leurs capacités d’investissement. Un cercle vicieux s’instaure, expliquant pourquoi la France perd de nombreuses parts de marché dans le commerce mondial de biens.
Par rapport à la définition donnée de la compétitivité
N’est-il plus correcte de dire Qu’est ce que la compétitivité d’un pays ? au lieu de Qu’est ce que la compétitivité ? car la définition qui suit est celle d’un pays donnée par l’union Européenne
Bonjour,
Effectivement, ne pas préciser pourrait porter à confusion. Le sous-titre du texte a été rectifié. Merci d’avoir soulevé ce point.
Meilleures salutations,
L’équipe de Lafinancepourtous
Je ne sais qu’écrire puisque je viens juste de lister vos thèmes . Merci