Editions O. Jacob, 2015. 140 pages
Nom de code : COP-21 ! Dès l’introduction, cette référence au titre d’un roman d’espionnage, résume bien les intentions des auteurs : raconter dans un premier temps l’histoire mouvementée des » heurts et malheurs » des différentes négociations climatiques qui émaillent les relations internationales depuis 1992, date de la signature de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Puis, dans un second temps, montrer les enjeux de la prochaine conférence des Nations unies, la fameuse COP-21.
Loin d’être un énième livre sur la nécessité de la transition énergétique ou des politiques climatiques, C. de Perthuis et R.Trotignon, tous deux responsables de la chaire d’Economie du climat à l’université de Paris-Dauphine, s’attachent – avec passion et documents à l’appui – à convaincre les lecteurs de l’importance capitale de cette fameuse COP-21, prévue à Paris en décembre 2015.
Cet acronyme énigmatique « COP-21 » désigne la vingt-et-unième conférence des parties à la convention des Nations unies sur le climat qui réunit pas moins de 196 pays et 40 000 personnes. Organisée donc sous l’égide des Nations unies tous les ans, cette conférence réunit la plupart des pays du globe pour les convaincre de participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De ces différentes négociations sur le climat, l’opinion publique a surtout retenu le semi-échec du sommet très médiatisé de Copenhague en 2009 où les chefs d’Etat ont signé, à la hâte et pour sauver les apparences, un accord politique sans réelle portée.
Et pourtant les chiffres sont sans appel… Dans son dernier rapport d’évaluation paru en 2014, le Groupement international des experts sur le climat (ou GIEC) rappelle que les émissions mondiales de gaz à effet de serre se sont accélérées depuis 2000 du fait de la forte croissance des pays émergents et du développement amorcée de l’Afrique subsaharienne. En seulement 15 ans, entre 2000 et 2015, les rejets de C02 dans l’atmosphère atteignent 450 milliards de tonnes alors qu’il avait fallu soixante-quinze ans, pour atteindre, au début du XXIème siècle, un tel cumul d’émissions.
De fait, le charbon est redevenu la première source d’émission de gaz à effet de serre dans le monde. Or, ce sont bien essentiellement ces émissions qui sont à l’origine du réchauffement climatique et de ses conséquences économiques et sociales redoutables pour la planète. D’où l’accent mis par les auteurs sur la conférence de Paris dont le principal enjeu est d’aboutir à la signature d’un véritable accord climatique ambitieux entre et pour les pays.
Ambitieux d’abord car cet accord doit réduire l’écart croissant entre l’objectif d’un réchauffement climatique s’élevant à 2°C (jugé acceptable par les climatologues) et la trajectoire en accélération des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ambitieux aussi car il doit effectivement modifier en profondeur les règles du jeu en donnant un prix et donc une valeur au climat car c’est un bien collectif mondial dont il faut prendre conscience.
Les auteurs démontrent – et c’est là leur recommandation la plus vigoureuse- que la seule solution pour éviter » l’usage gratuit de l’atmosphère » et protéger le climat, c’est d’arriver à faire une tarification internationale du carbone. Payer un prix significatif pour chaque tonne de C02 rejetée dans l’atmosphère incitera les pays et les acteurs économiques à réduire leurs émissions et à faire disparaître leurs velléités de « passager clandestin ». Les marchés jusqu’à aujourd’hui donnent une valeur au carbone d’en bas, celui qui est présent dans les stocks de charbon, de pétrole ou de gaz naturel mais ils ne tarifient pas le carbone d’en haut, celui qui, s’accumulant dans l’atmosphère, menace l’équilibre climatique.
Là est l’enjeu crucial de la prochaine négociation climatique. C’est un rendez-vous » de la dernière chance » que les pays, quel que soit leur niveau de développement, ne doivent pas manquer tellement leurs opinons publiques sont lasses des déclarations d’intention « ronflantes » et sans effet. Et ce d’autant plus que, grâce aux travaux des scientifiques du GIEC, les pays et les décideurs sont désormais correctement informés des conséquences dramatiques d’un réchauffement climatique supérieur à 2 °C. Conséquences encore plus pénalisantes pour les pays les moins avancés car ce sont les plus exposés au risque climatique.
« Et s’il n’y avait pas d’accord climatique à Paris? » s’interrogent les auteurs en conclusion. Que se passera-t-il ?
Certes, cette probabilité est faible, mais ce ne serait pas pour autant la fin des actions menées par les pays pour faire face aux dérèglements climatiques. Cependant, malgré les transitions énergétiques à géométrie variable mises en place par les pays, cela ne suffira pas à infléchir l’accumulation des émissions de gaz à effet de serre. Dans un tel contexte, la tentation sera de déployer des solutions de géo-ingénierie c’est-à-dire d’utiliser des techniques qui modifient artificiellement le fonctionnement du système climatique, par exemple en réduisant l’intensité des rayons du soleil arrivant sur la Terre. Mais s’il est possible techniquement de peser sur le climat, est-ce souhaitable ? Non, on ouvre la boîte de Pandore, répondent les scientifiques des académies les plus prestigieuses, car il est difficile de mesurer les dangers d’une telle aventure… La seule solution pour résoudre la question du climat et le protéger est d’arriver à un accord pour établir un système de tarification international du carbone.
Commenter