Avec la crise, l’apport de la globalisation financière peut être légitimement mise en question, soulignent d’entrée de jeu les auteurs. « Est-elle un volcan mal éteint dont il faut à tout prix se protéger ? Ou est elle au contraire une force qui, domestiquée, pourrait être mise durablement au service de la croissance ? « Leur réponse est nette. Ils ne souhaitent ni une remise en cause de la libéralisation des mouvements de capitaux, ni la fin de la titrisation qui ont été les deux piliers inséparables de la globalisation financière telle qu’elle s’est imposée progressivement dans les dernières décennies.
Pour autant « mettre le finance globalisée au service durable de la croissance » n’est pas retourner au « business as usual ». Pour Anton Brender et Florence Pisani cela suppose, au contraire, la mise en œuvre d’un vaste programme de réformes ambitieuses. Ils en dressent le panorama dans le dernier chapitre de leur livre sur la base d’une analyse des mécanismes de la globalisation financière et de la crise conduite dans les chapitres précédents.
La crise de la finance globalisée par lafinancepourtous
Chaine de prises de risques
La finance joue un rôle crucial pour la croissance : elle organise le transfert de l’épargne et celui des risques liés à son investissement. Le véritable « système bancaire alternatif » qui s’est développé aux Etats-Unis a permis la mise en place d’une chaine de prise de risques capable de servir d’intermédiaire, comme les banques classiques entre préteurs et emprunteurs. Il a non seulement permis aux pays émergents et en premier lieu la Chine, d’exporter leur épargne excédentaire mais aussi de prendre en charge les risques que ceux-ci ne voulaient pas prendre. Sauf que progressivement la concentration des risques et l’endettement pour la prise de risques sont devenus excessifs conduisant à la catastrophe que l’on sait. Au bout du compte, la mécanique de la finance globalisée n’a pas bien orienté l’épargne excédentaire des pays émergents. Pour la mettre au service d’une croissance durable, il y avait mieux à faire que de s’en servir pour financer les investissements et la consommation de ménages occidentaux dont les revenus étaient insuffisants pour payer les charges de leurs dettes.
Trois niveaux d’intervention publique
Pour les auteurs, la cause de la crise est moins la globalisation elle même que les politiques publiques qui l’ont – ou plus précisément ne l’ont pas accompagnée. « L’idéologie des promoteurs de la globalisation a fait oublier que la finance laissée à elle-même mène régulièrement au désastre ».
Selon eux, l’indispensable intervention publique doit se faire à trois niveaux : la régulation des activités financières est la plus souvent évoquée, mais elle doit aussi s’étendre à la l’architecture du système globalisé et à la surveillance macro-économique. Un développement suffisant d’infrastructures de financement et de prise de risque, dans chaque économie, y compris celle de pays émergents comme la Chine est, notamment, nécessaire pour permettre à l’épargne de circuler sans trop de heurts dans l’économie mondiale.
Comme dans tous les ouvrages d’Anton Brender et de Florence Pisani, l’analyse est conduite avec un grand sens de la pédagogie. Mais la technicité de certains développements rend parfois la lecture assez ardue.
Anton Brender et Florence Pisani enseignent à l’université Paris-Dauphine et sont Economiste chez Dexia Asset Management. Ils ont notamment publié dans la même collection « Les déséquilibres financiers internationaux » (2007).
Anton Brender et Florence Pisani La Découverte – Collection RepèresAvril 2009, 126 pages
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