L’édition 2010 de la « cartographie des risques et tendances sur les marchés financiers », publiée par l’Autorité des marché financiers, reflète les grandes préoccupations économiques actuelles : tensions sur les dettes publiques, craintes de hausse des taux d’intérêt, instabilité des prix des actifs… sont les principaux sujets mis en avant. Pour Jean-Pierre Jouyet, président de l’AMF, « l’avenir reste menaçant ».
L’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a présenté le 26 mai sa quatrième édition de « la cartographie des risques et tendances sur les marchés financiers et pour l’épargne ».
Le spectre des risques est élargi par rapport aux éditions antérieures, élargissement pleinement justifié par la crise grecque et les tensions sur le financement des Etats avec les effets d’éviction induits pour les autres agents économiques dans un contexte général de tension sur l’offre de crédit
Pour 2010, l’AMF a identifié quatre principaux risques :
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les risques sur les marchés du crédit et des actions : du fait notamment des déséquilibres des finances publiques des Etats, il y a un premier risque de hausse des taux d’intérêts sur les marchés obligataires et d’instabilité du prix des actifs. A ce risque s’ajoute un risque d’ « intensité plus modérée » concernant la répartition des flux de financement entre les agents économiques lié à l’émission massive de titres par les Etats et les banques ; il pourrait de ce fait y avoir un effet d’éviction des petites et moyennes entreprises sur les marchés action et crédit.
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les risques concernant l’organisation des marchés et les intermédiaires : ils sont élevés sur les marchés actions, en raison du développement du trading haute fréquence (HFT) et du développement de nouveaux intervenants considérés comme « opaques » (dark pools). Cette nouvelle complexité du marché pèse sur l’efficacité du processus de formation des prix (notamment publics), sur l’égalité d’accès à la liquidité des intervenants (contrariant la bonne application du principe MIF de « best execution ») ainsi que sur la sécurité voire l’intégrité du marché (risque de manipulation de marché). Sur les marchés de gré à gré, il conviendra de porter une vigilance toute particulière à la gouvernance et à la supervision des infrastructures de marché qui se mettent en place.
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les risques concernant l’épargne des ménages : ils tiennent, selon l’AMF, à l’allocation des portefeuilles et à la rémunération de l’épargne : les portefeuilles sont jugés très « sécuritaires », excessivement liquides alors que les besoins en épargne longue investie en actions s’intensifient du fait de la problématique du financement des retraites. Un deuxième risque est lié au renforcement des exigences en capital et de liquidité qui va être imposé aux intermédiaires financiers. Les coûts engendrés par ces nouvelles normes seront répercutés sur les épargnants mais difficile à ce stade de dire dans quelle mesure.
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les risques liés à la gestion collective : l’AMF attire l’attention sur les risques d’une insuffisante compréhension des produits ou des marchés sur lesquels les actifs sous jacents sont investis, non seulement par les investisseurs mais aussi par les réseaux de distribution. A ce risque s’ajoute celui, voisin, de mauvaise appréciation du coût réel, ainsi que celui de mauvaise valorisation des actifs et de contrôle insuffisant des risques des stratégies d’investissement par les gérants et les promoteurs de fonds.
Pour prévenir le mieux ces différents risques, l’AMF prône :
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un renforcement de la protection des investisseurs, en améliorant notamment la bonne compréhension des produits par ceux-ci,
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un soutien aux efforts en cours au niveau européen visant à mieux encadrer les activités de post–marché.