La conférence internationale sur l’éducation financière organisée par l’OCDE et le Trésor des Etats-Unis à Washington les 7 et 8 mai 2008 était la première du genre à se tenir aux USA.
Plus de 200 personnes, venant de 43 pays membres ou non de l’OCDE, ont participé à ses travaux. Il s’agissait d’experts gouvernementaux, ou d’autres institutions publiques mais aussi des représentants du secteur financier privé, d’importantes ONG et de chercheurs.Erik Pointillart, Président de l’IEFP, a présidé la session consacrée à l’éducation financière des jeunes.
Aux Etats-Unis, l’éducation financière est devenue « cause nationale ». En janvier le président G.W.Bush a créé au sein du Trésor un Conseil consultatif en matière d’éducation financière aux USA.Pour sa part l’OCDE a lancé un nouveau site Web (International Gateway for Financial Education), site « portail » d’informations sur le sujet.
L’organisation internationale a également constitué un réseau mondial d’experts publics en éducation financière, qui s’est réuni pour la première fois à la veille de la conférence.
La conférence elle-même a confirmé l’importance croissante accordée à l’éducation financière dans un nombre lui-même croissant de pays. Elle a permis un échange de vue sur les dispositifs mis en place, sur les expériences et sur différentes questions de stratégie de développement et de contenus. La conférence a été l’occasion de présenter et de discuter de plusieurs travaux, initiés par l’OCDE et réalisés par des chercheurs universitaires, des groupes de travail internes ou des «consultants», sur des sujets tels que « l’éducation financière à l’école », l’éducation financière en matière d’épargne retraite, le crédit, les questions d’évaluation…
Stratégies nationales:
Dans plusieurs pays (RU, USA, Australie, Nouvelle Zelande, Canada) des stratégies nationales ont été mise en place en 2005-2006. L’élaboration, puis l’existence, d’une stratégie nationale participe d’une façon importante à la sensibilisation de la population et des différents acteurs à l’importance du sujet. Elle permet une plus grande visibilité et donne une plus grande légitimité à l’éducation financière. Les stratégies nationales définissent des objectifs, des programmes et des échéances. Elles permettent de coordonner les initiatives autour d’un « pilote » et de favoriser les coopérations entre pouvoirs publics, secteur privé et associatif.
L’éducation financière des jeunes :
La session présidée par Erik Pointillart a été centrée principalement sur la présentation du rapport commandé par l’OCDE à Shaun Mundy (ancien responsable de l’éducation financière à la Financial Services Authority du Royaume Uni) concernant l’éducation financière à l’école ainsi que sur les présentations des actions conduites à l’échelle nationale par la Banque Centrale de Malaisie, à l’échelle internationale par la Fondation Citigroup et sur le continent américain par l’ONG « Young Businness Trust ».
Un certain nombre d’idées force peuvent être dégagées des expériences présentées et des recommandations formulées par Shaun Mundy :
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Les gouvernements et les responsables politiques en matière d’éducation doivent être sensibilisés.
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Les programmes existants concernent pour la plupart les jeunes de moins de 17 ans. Il est de fait souhaitable de s’adresser aux jeunes sous des formes appropriées le plus tôt possible, dès l’âge de l’école primaire. Mais le développement d’une éducation financière en direction des étudiants, des jeunes en formation professionnelle ou en programme d’insertion est également souhaitable.
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Les programmes doivent s’inscrire dans la durée, la progressivité et la cohérence, même si, souvent, la lourdeur des programmes scolaires actuels rend plus difficile la mise en œuvre dans une discipline autonome.
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Les formes de l’éducation doivent être adaptées et attractives. Une pédagogie active largement fondée sur des situations concrètes peut être éminemment profitable.
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Les enseignants doivent être sensibilisés à l’utilité de ces enseignements. Ils doivent également y être formés.
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Les coopérations entre le secteur éducatif et les milieux professionnels sont souhaitables. L’expérience montre qu’elles peuvent être très fructueuses si elles sont clairement établies sur bases non commerciales. Les enseignants doivent être dans tous les cas associés et engagés dans les formations délivrées à l’école.
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L’éducation financière en direction des jeunes doit viser à donner des connaissances et des compétences. Elle doit également contribuer à promouvoir des comportements financiers plus responsables et plus efficaces au regard des situations personnelles individuelles.
Epargne retraite :
L’éducation financière est particulièrement importante en matière d’épargne retraite du fait de la nature très spécifique de ces produits financiers. Ce sont des contrats de très long terme qui concernent des gens qui n’ont pas forcément un niveau élevé de connaissances, de pratique financière, et de revenus. Les produits sont eux mêmes particulièrement complexes avec une multitude de facteurs à prendre en compte (intérêts et rendements, risques, longévité, imposition…). Les études montrent que l’épargne retraite est à peu près partout l’un des produits financiers les moins bien compris. Elles montrent également que les individus n’épargnent pas assez pour s’assurer au moment de la retraite le niveau de revenu qu’ils espèrent et que souvent, ils n’épargnent pas « de façon avisée ».
Le pré-rapport présenté par l’OCDE à l’occasion de la conférence considère surtout les enjeux pour les pays où les régimes de retraite faisant appel à l’épargne )-occupent une part prépondérante – en particulier ceux dans lesquels les régimes sont « à cotisations définies » . Mais les « leçons » tirées de ces expériences peuvent être utiles, y compris pour notre pays.
Le rapport insiste sur les points suivants :
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L’éducation financière en matière d’épargne retraite doit s’attacher particulièrement à faire comprendre les changements de l’environnement en matière de retraite, le besoin d’épargner plus pour la retraite et de commencer tôt, les mécanismes de fonctionnement des produits financiers spécifiques, les enjeux de tolérance au risque etc…
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S’inscrire dans des campagnes et des programmes durables et non pas par des initiatives isolées. Utilisation nécessaire de medias grand public.
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Un objectif doit être d’aider les épargnants à poser aux conseillers financiers et aux fournisseurs les bonnes questions.
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Importance de l’éducation financière sur le lieu de travail. Intérêt pour les employeurs de participer à ces efforts. Importance de bien associer les partenaires sociaux.
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Les acteurs des marchés de l’assurance et des pensions doivent inscrire l’éducation financière au cœur de leurs responsabilités de gouvernance à l’égard de leurs clients et investisseurs. La fourniture d’informations et de conseils neutres dans une langue simple et directe doit se démarquer clairement du marketing et de la publicité.
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L’éducation financière ne réglera pas tout, à la fois en ce qui concerne le niveau de l’épargne et le choix des produits. (il y aura toujours des « biais » comportementaux, il faut aussi tenir compte de la diversité et de l’inévitable complexité des produits). Une attention particulière doit être également apportée aux choix des produits « option par défaut » à des programmes de type « épargne obligatoire » ( il faudrait envisager l’« opt out »(le salarié doit décider de ne pas participer au programme d’épargne plutôt que « l’opt in » (où le salarié doit décider d’y participer).
Les défis du crédit
Les développements récents des marchés (crédits hypothécaires, accès au crédit de nouveaux publics, développement de nouveaux acteurs (courtiers..) et de nouveaux produits appellent un renforcement des programmes d’éducation financière et d’initiatives ayant pour objectif de renforcer la sensibilisation et les connaissances des consommateurs.L’OCDE a ouvert ce nouveau chantier avec pour objectif d’établir un état des lieux, une analyse comparative et des bonnes pratiques.
La sensibilisation à l’assurance personnelle
et aux risques majeurs et catastrophiques ainsi que l’éducation financière et la lutte contre la pauvreté, la difficile question de l’évaluation des actions entreprises ont également fait l’objet de débats et différents exemples « d’outils » (jeux pédagogiques, émissions de télévisions, programmes d’ e-learning ) ont été présentés.