L’Institut pour l’Education Financière du Public était représenté, en la personne de son vice-président, Bernard Simler (par ailleurs envoyé par le Ministère de l’Education Nationale), à la conférence de Rio de Janeiro, organisée conjointement par l’OCDE et la Commissao de valores mobiliarios (CVM) du Brésil, les 15 et 16 décembre 2009. Centrée principalement sur la problématique de la mise en place d’une éducation financière dans les pays d’Amérique latine, cette réunion a toutefois permis un état des lieux des stratégies nationales en matière d’éducation financière.
Les principaux aspects traités ont porté sur les expériences latino-américaines, sur les compétences à acquérir en matière de culture financière avec deux cibles essentielles : les jeunes et les (futurs) retraités, sur les comportements à développer en matière d’épargne, d’investissement et de gestion de budget personnel ou familial.
Les intervenants ont fait part des situations nationales, en essayant d’en contextualiser les caractéristiques propres. La mutualisation des bonnes pratiques est en effet un credo de l’organisation et la conférence a permis de mettre en évidence des convergences au-delà des spécificités nationales.
Même si tous les pays n’ont pas encore édifié une réelle stratégie nationale en matière d’éducation financière, les Etats intègrent petit à petit cette dimension dans les politiques publiques destinées à la protection des consommateurs et des épargnants. Celles-ci débouchent souvent sur la création ou la rénovation d’organismes dédiés à cette fin, notamment parce que la récente crise financière a montré que le déficit d’information du public dans ce domaine était facteur d’aggravation des problèmes;
Toutes les expériences nationales donnent une priorité absolue à la mise en place d’une éducation financière dès l’école, considérée comme le vecteur principal du changement parce que la modification des comportements commence dès le plus jeune âge et que les enfants scolarisés ont un effet d’entraînement sur les parents, notamment dans les économies en développement Toutefois, le plus souvent, ce sont des institutions financières étatiques (les banques centrales majoritairement) qui ont pris la responsabilité de développer des programmes d’actions en matière d’éducation financière : le recours aux fondations (surtout dans les pays anglo-saxons) ou à des associations spécialisées (comme en France avec l’IEFP) reste minoritaire. Une des conclusions majeures de cette conférence est la nécessité de renforcer les liens avec les ministères nationaux de l’éducation pour augmenter l’efficacité des actions.
Les programmes ou actions en matière d’éducation financière sont naturellement variables d’un pays à l’autre, notamment du fait que certains d’entre eux ont commencé plus tôt (essentiellement à partir de 2004, avec une accélération à partir de 2007). Mais l’efficacité des actions serait renforcée par l’adoption de grilles d’objectifs en matière de connaissances et de compétences et l’évaluation des activités (ce qui nécessite toutefois des dispositifs qui peuvent se révéler coûteux et hors de portée, au moins pour l’instant, de certains pays).
Beaucoup de stratégies nationales, quand il y en a, mettent l’accent sur le fait de ne pas se focaliser sur les seules connaissances. La modification des comportements suppose l’acquisition de compétences spécifiques et pour ce faire, l’adoption de supports attractifs est cruciale. On retrouve un peu partout : un site internet de référence, des supports pédagogiques pour activités en classe de l’enseignement primaire au secondaire, des formes attractives (la bande dessinée) ou ludiques (les jeux de rôles) – les sud-africains ont élaboré un CD à destination des chauffeurs de taxi qui diffuse des messages d’éducation financière entre deux morceaux de musique populaire ! -, et des interventions directes. Troisième conclusion majeure : aucun produit ou support ne doit mentionner une institution financière particulière, toute publicité en la matière étant jugée partout, à ce stade, contre productive.
L’OCDE a fait de l’éducation financière un axe fort de sa politique stratégique. Elle a d’ores et déjà programmé d’autres conférences qui devraient alternativement se dérouler dans d’autres régions du monde : la prochaine, dont le thème est « développer la culture financière : défis, approches et instruments » se déroulera à Bangalore (Inde) les 22 et 23 mars prochains. Nul ne doute qu’elle sera matière à enrichir encore notre expérience.