L’institut national de la statistique a publié le 15 mai 2008 des résultats de croissance revus à la hausse. En 2007, la croissance française a été de 2, 2 % et non 1,9 % (donnée publiée par l’INSEE en février). L’institut a, de la même façon, réévalué de 0,2 % les chiffres de la croissance pour 2005 (1,9%) et 2006 (2,2%). Il a également annoncé le même jour une révision à la hausse du chiffre des créations d’emploi pour cette même année 2007 (352 000 emplois créés au lieu de 320 000), soit la plus forte augmentation depuis 2000).
Toujours ce même 15 mai, l’INSEE a publié les résultats provisoires du 1er trimestre 2008. La croissance serait de 0,6% par rapport au trimestre précédent. Ce chiffre conforte la prévision du gouvernement d’une croissance pour l’ensemble de 2008 comprise entre +1,7 et +2,2 %.
Avec une croissance de seulement 0,1 % chacun des trois prochains trimestres par rapport au trimestre précédent on aura, en 2008, une production moyenne en croissance de 1,7% par rapport à la production moyenne 2007.
La croissance française est restée jusqu’ici plus vigoureuse que prévue. Ce sont surtout les investissements des entreprises qui ont bien tenu et les exportations qui, de façon inattendue, se sont révélées particulièrement dynamiques au 1er trimestre (notamment les exportations d’énergie en hausse de 13,5%). Par contre la consommation et les investissements des ménages ont stagné.
Ces données rejoignent celles fournies le même jour par l’institut statistique européen sur la croissance de l’Europe au 1er trimestre 2008. La France a fait un tout petit peu moins bien que la moyenne. La croissance de l’Union Européenne et celle de la zone Euro ont été l’une et l’autre de 0,7%.
Deux constats peuvent être faits, à partir des données fournies :
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1. L’Europe n’est pas encore, globalement, touchée par les effets de la crise financière sur la croissance « réelle ». Ce n’est pas le cas des USA qui depuis deux trimestres accusent une croissance trimestrielle de 0,1%.
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2 Les différences se creuse entre pays européens. Loin de ralentir, l’Allemagne accélère avec +1,5 % au 1er trimestre (+2,6% par rapport au 1er trimestre 2007). D’autres comme la République Tchèque, la Slovaquie et à un moindre degré la Grèce, tiennent le cap d’une croissance forte. D’autres comme l’Espagne, les Pays Bas et le Royaume Uni ralentissent déjà sensiblement. Certains chutent, notamment les pays Baltes et à un moindre degré le Portugal.
Une question est dans toutes les têtes : « Et demain ? » Ces chiffres sont ils l’indice que les ressorts de la croissance européenne sont solides et qu’elle passera relativement au travers du nuage de la crise financière. Ou bien s’agit-il surtout d’une question de temps ?
Toujours ce même 15 mai 2008, le Directeur Général du FMI, Dominique Strauss Kahn a considéré pour sa part que le pire de la crise financière est probablement derrière nous. Mais, a-t-il souligné, « le principal problème est le lien entre la crise financière et l’économie réelle et ça ce n’est pas derrière nous ». Il n’a pas, de ce point de vue, une vision catastrophiste. Il a seulement indiqué que la crise allait encore peser sur l’activité économique « pendant plusieurs trimestres ».
L’évolution de la croissance en France et en Europe dépendra en effet non seulement des évolutions internes aux pays européens, mais également de l’ampleur de la récession américaine, et des évolutions des prix du pétrole, des produits alimentaires et du dollar. En l’absence de politique économique commune à l’Europe, elle risque de se traduire également par des évolutions nationales différentes en fonction des forces et des faiblesses de chaque pays d’Europe ainsi que des marges dont chacun dispose notamment au niveau de sa politique budgétaire.
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