L’INSEE a publié le 19 juin 2008 ses nouvelles prévisions de croissance pour le 2ème semestre 2008. Selon l’Institut de la statistique, après la bonnerésistance du premier trimestre, la croissance serait quasi nulle d’ici la fin de l’année. Au total, la croissance serait en moyenne de 1,6 % pour l’ensemble de 2008. C’est moins que ne le prévoit le gouvernement qui continue de tabler sur une croissance comprise entre 1,7 et 2,2 %.
Selon l’INSEE, l’arrêt de la croissance en France aurait deux causes principales :
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Le rebond de la croissance mondiale enregistrée au premier trimestre ne dure pas. L’économie mondiale reste affectée par la crise financière. Dans de nombreux pays (Etats-Unis, Espagne, Royaume Uni, Irlande…) la chute de la construction immobilière ne donne pas de signe d’accalmie. L’INSEE prévoit pour la zone Euro comme pour l’ensemble des principaux pays industrialisés une croissance nulle au 2ème trimestre 2008 et de 0,4% pour l’ensemble du 2ème semestre. Dans ce contexte, et avec un Euro qui encaisse seul ou presque le choc du Dollar faible, les exportations françaises ralentiraient sensiblement.
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En France, l’inflation des prix des produits alimentaires et des produits pétroliers alimente la hausse des prix. Le pouvoir d’achat et la consommation des ménages en pâtissent, d’autant que ceux-ci ne semblent pas piocher dans leur épargne pour soutenir leur consommation. L’investissement immobilier des ménages devrait également reculer. Dans ce contexte, la hausse de l’emploi encore sensible au 1er trimestre devrait ralentir et la baisse du chômage s’arrêterait rapidement sans toutefois que ce dernier reparte à la hausse.
Le gouvernement juge ces prévisions trop pessimistes. Le débat porte sur plusieurs points.
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L’INSEE voit-il les choses trop en noir en ce qui concerne l’environnement international ? L’Institut semble assez prudent aussi bien en ce qui concerne le pétrole, le taux de change, la crise financière et son impact sur la croissance réelle, notamment aux Etats Unis.
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La consommation et l’investissement des ménages peuvent il être plus soutenus. En mai, la consommation a légèrement progressé. Mais selon l’INSEE, il y a plus de risque que l’investissement des ménages soit plus faible que prévu, « si la chute des mises en chantier du début d’année se poursuivait dans les mois à venir » et cela pourrait amputer davantage encore la croissance française.
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Reste l’investissement des entreprises. L’INSEE admet qu’il pourrait être plus élevé que prévu dans un contexte où les tensions persistent sur l’appareil de production et où les marges des entreprises ne reculent pas. Mais le resserrement des conditions de financement des entreprises et le ralentissement de la consommation et de l’investissement en logement des ménages n’inciteront pas les entreprises à relancer leurs investissements.
Au-delà de ces débats, un autre enjeu est celui de la durée de la panne de croissance. L’année 2009 démarrera sans doute sur la lancée de 2008, mais au-delà les incertitudes sont grandes.
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