Les Français investissent peu en actions et la crise n’a fait que renforcer cette tendance. A l’initiative de Quorumexpo, organisateur du Salon Actionaria, de l’agence Euro RSCG C&O et de l’institut OpinionWay, un comité de réflexion composé de quinze personnalités du monde économique et financier a été constitué dans le but d’émettre des propositions pour développer cette forme d’investissement utile à la fois à la constitution d’une épargne longue par les particuliers et au financement de l’économie. S’appuyant notamment sur une enquête réalisée par OpinionWay, un « Livre blanc pour la promotion de l’actionnariat individuel direct » a été remis au début du mois de novembre au Ministre de l’Economie. Il a été présenté par ses protagonistes en ouverture du Salon Actionaria, le 20 novembre.
Les constats de l’enquête OpinionWay
Réalisée en octobre et novembre pour le Salon Actionaria auprès d’un peu plus de 1200 actionnaires et non actionnaires entre 20 et 45 ans, l’enquête souligne l’absence de compréhension du rôle du marché des actions dans le financement des entreprises. Dans cette tranche d’âge, la bourse est assez largement vue comme un univers spéculatif, voire un casino, et l’investissement en actions apparait complexe et peu attractif, avec un ticket d’entrée élevé. Les entreprises cotées sont par ailleurs jugées comme un univers assez fermé, communiquant peu en direction des actionnaires individuels, auxquelles elles accordent peu de considération.
Interrogés sur l’impact de la crise sur leur perception des actions, les sondés ont indiqué que celle-ci avait davantage conforté que modifié leur sentiment et leur comportement vis-à-vis de l’investissement en bourse. Ils jugent ce produit très risqué, se sentent isolés en cas de difficulté et aimeraient être mieux informés et mieux traités par les entreprises dans lesquelles ils investissent.
Au total, l’enquête dégage trois freins principaux à l’investissement en actions :
-
des bénéfices individuels et collectifs à épargner à long terme qui ne sont pas perçus
-
un univers jugé comme plutôt destiné aux initiés et/ou aux hauts revenus
-
une image de l’actionnaire individuel peu motivante et attractive.
Les vingt propositions du Livre blanc
Les propositions ont pour double objectif de faire comprendre et apprécier l’investissement en actions aux investisseurs particuliers et de faire considérer l’actionnaire individuel comme un partenaire à part entière par les entreprises cotées. Ses promoteurs leur ont assigné deux priorités : attirer de nouvelles couches d’actionnaires individuels (notamment les jeunes) en vue du financement de projet à long terme et encourager l’actionnariat salarié comme levier à la détention d’actions.
Au nombre de vingt, les propositions du Livre blanc sont regroupées autour de quatre axes : la pédagogie, la communication, la fiscalité et la législation, la gouvernance d’entreprise.
2{ La pédagogie2}
Il faut notamment favoriser la connaissance de l’entreprise et de son financement dès le lycée et renforcer les liens de l’université avec le monde des entreprises et des intermédiaires financiers. Il serait en outre utile de renforcer la formation des actionnaires individuels actuels ou potentiels à la bourse.
2{ La communication2}
Les entreprises doivent être encouragées à davantage communiquer en direction des actionnaires individuels et les Pouvoirs publics doivent développer un discours favorable à l’investissement en actions. Le Livre blanc préconise par ailleurs l’organisation d’une « Semaine de l’action » annuelle sur l’ensemble du territoire et la relance d’études annuelles nationales sur l’actionnariat afin de permettre un suivi régulier des évolutions de comportement.
2{ La législation et la fiscalité2}
Un cadre fiscal et réglementaire stable est jugé indispensable pour une bonne visibilité et ne pas dissuader les investisseurs. Il est par ailleurs proposé de rendre déductible du revenu les frais de gestion attachés à un mandat de gestion et de favoriser l’accès aux titres au porteur identifiable. Les auteurs du Livre blanc souhaitent également que la multiplication des directives européennes n’induise pas une technicité croissante du discours des entreprises.
2{ La gouvernance d’entreprise2}
La meilleure reconnaissance de l’actionnaire individuel doit notamment se traduire par un accès facilité aux assemblées générales (horaires plus compatibles avec des actionnaires ayant une activité professionnelle, développement du vote par internet,…). Le document appelle aussi à développer l’inscription de titres au nominatif, à mieux prendre en compte les intérêts des actionnaires individuels dans les conseils d’administration et à encourager la création de comités consultatifs d’actionnaires.
En savoir plus :
Synthèse de l’enquête OpinionWay
Livre blanc pour la promotion de l’actionnariat individuel direct