Retranscription de l’animation
Création de Déxia
Dexia est né en 1996 de l’alliance entre le Crédit Communal de Belgique et le Crédit local de France. C’est la première union transfrontière opérée en Europe dans le secteur bancaire. L’alliance est scellée par des participations croisées entre les deux entités.
Le Crédit Communal de Belgique créé en 1860 pour octroyer des crédits aux communes est devenu après la 2ème guerre mondiale l’une des plus importantes banques de dépôts de Belgique. Le Crédit local de France succède en 1987 à la CAECL (Caisse d’Aide à l’Equipement des Collectivités Locales), établissement public géré par la Caisse des Dépôts. Le Crédit local est une institution financière spécialisée pour répondre aux besoins financiers des collectivités territoriales. Il est introduit en bourse en 1991. Son actionnariat est réparti entre l’Etat (25%), la Caisse des dépôts (25%) et les investisseurs privés français et étrangers (49,5%).
Dexia se concentre sur le financement des équipements collectifs (avec l’ambition d’en devenir le numéro 1 mondial), la banque de détail, la banque privée et la gestion d’actifs. Au départ le groupe est structuré autour de deux holdings Dexia France et Dexia Belgique. Chaque partenaire conserve son identité, sauf à l’international où les partenaires agissent ensemble.
Dexia SA
En 1999, une société holding unique Dexia SA est créée par le biais d’une Offre publique de Dexia Belgique sur les actions Dexia France. Une structure de gestion unifiée est créée.
Durant les années 1990 et 2000 le groupe se développe à l’international rachetant notamment Financial Security Assurance (FSA) aux USA ou Deniz Bank en Turquie. Dexia crédit local est le premier préteur des collectivités territoriales. Il promeut notamment des prêts à taux variables pour les collectivités territoriales qui se révèleront être pour elles après la crise des subprimes de véritables emprunts toxiques. Il s’engage fortement dans l’assurance des crédits titrisés via sa filiale américaine FSA spécialisée dans cette activité (c’est ce qu’on appelle à l’époque un rehausseur de crédit). Autre caractéristique, le groupe fortement spécialisé dans les prêts à long terme (aux collectivités territoriales) se finance en recourant largement au marché interbancaire à court terme. Il prend de plein fouet la crise des subprimes de 2007/2008 via des pertes considérables dans sa filiale américaine et le blocage des marchés interbancaires. Le groupe est menacé de faillite.
Crise de 2008
En septembre 2008, pour éviter la faillite de Dexia SA, la Belgique, la France et le Luxembourg la recapitalisent et injectent 6,4 milliards d’euros de fonds. L’Etat belge apporte 3 milliards ; le Luxembourg, 376 millions. Pour la France, la Caisse des Dépôts et Consignations apporte 2 milliards d’euros, ce qui porte sa participation à 19,4 % du capital de la banque (contre 11,8 % avant augmentation de capital) . L’Etat français a injecté le milliard manquant portant ainsi sa participation à 5,73 % du capital de Dexia. Une nouvelle équipe de direction est formée. L’ancien premier ministre belge Jean Luc Dehaene préside le Conseil d’administration et le Français Pierre Mariani est nommé président du conseil de direction.
Un plan d’assainissement est conduit. FSA est cédée à l’exclusion de son activité « produits financiers ». Le groupe se retire de Kommunalkredit Austria. Il s’est délesté progressivement d’une partie de son portefeuille d’actifs toxiques estimé en 2008 à 220 Milliards d’€. Le métier classique de banque de détail en Europe et dans la filiale turque DenizBank en forte expansion permet de dégager de nouveaux résultats positifs. Le groupe passe avec succès les tests de résistance bancaire organisés en Europe en 2010 et 2011. Mais en réalité les éléments de faiblesse intrinsèque du groupe et sa dépendance à l’égard du marché interbancaire a largement perduré. Le groupe continue de détenir un lourd portefeuille d’actifs obligataires à long terme et à risque dont des dettes souveraines grecques à hauteur de3, 6 milliards d’€. Du fait des nouvelles tensions sur le marché interbancaire, Dexia a eu à nouveau de plus en plus de mal à se refinancer. La banque a dû accélérer ses ventes d’actifs, à prix décoté, entrainant une perte de 4 milliards. Ce qui a rendu le financement sur le marché interbancaire encore plus difficile et ainsi de suite jusqu’à une situation à nouveau intenable fin septembre 2011.
Démantèlement
Cette fois ci le sauvetage prend la forme d’un démantèlement.
L’Etat belge acquiert Dexia bank belgium pour 4 Milliards d’€ et la nationalise.
Dexia va vendre rapidement au plus offrant BIL, sa filiale luxembourgeoise et DenizBank sa filiale turque en pleine expansion.Le portefeuille de 70 Milliards de prêts aux collectivités locales actuellement porté par Dexia Municipal Agency est repris par la CDC.
L’Etat français apporte conjointement à Dexia des garanties à hauteur de 10 milliards pour la partie de prêts toxiques de ces prêts.Dexia va gérer une structure de défaisance regroupant quelques 90 milliards d’actifs douteux . C’est ce qu’on appelle une bad bank : C’est une entité juridique qui est constituée par transferts d’actifs décotés ou pourris dans le but d’en tirer le meilleur parti possible dans les meilleurs délais possibles. Dans le cas de Dexia, c’est elle-même une fois démantelée qui sera transformée en bad bank et restera cotée en Bourse. La France, la Belgique et le Luxembourg garantiront le groupe à hauteur de 90 milliards d’euros pour dix ans maximum. La Belgique à hauteur de 55 milliards d’€, la France à hauteur de 33 milliards et le Luxembourg à hauteur de 2,7 Milliards d’€. La garantie apportée par l’Etat belge représente 12 % de son PIB et celle apportée par la France 2 % de son PIB. Dans la mesure où ces garanties sont comptabilisées comme de la dette publique, cela ne devrait pas menacer la notation de la dette française mais cela pourrait avoir plus de conséquences pour la Belgique. Il ne faut cependant pas oublier que, au bout du compte, les contribuables ne seront mis à contribution qu’en cas de pertes à l’issue de la liquidation des actifs.
D’autre part la Caisse des dépôts et la Banque postale travaillent à la constitution d’un nouveau pôle de financement des collectivités locales puisque cette activité n’est plus assurée dans le cadre du démantèlement du groupe.