Combler les déficits : oui mais comment ?
Du premier débat consacré à l’état des lieux des systèmes de retraite, il ressort que l’avenir des régimes de retraite n’est pas simple à anticiper. L’appréciation sur leur niveau dans 15 ou 20 ans suppose en effet de construire des scénarios sophistiqués et de prendre des hypothèses sur le taux de chômage, le taux d’emploi des seniors, et la croissance en général, difficiles à réaliser sur le long terme. Les besoins de financement sont estimés à un montant se situant entre 70 et 115 milliards d’euros (pour un même niveau de prestation comparable à celui d’aujourd’hui, qui suppose malgré tout une baisse du taux de remplacement). Mais même le report de l’âge de la retraite à 63 ans et l’augmentation de la durée de cotisation, ne suffisent pas, tant s’en faut, à équilibrer le régime.
Les raisons de cette situation ont été clairement exposées : au facteur démographique (dégradation du rapport cotisants/retraités), se sont ajoutés un facteur socio démographique (entrée plus tardive des jeunes sur le marché du travail, un jeune de 30 ans ayant cotisé 7 trimestres de moins que son père), un ralentissement du rythme de croissance. La crise a agi comme un accélérateur. Mais notre régime de répartition a été moins touché que les régimes de capitalisation puisque les sommes investies sur les marchés financiers étaient bien moindres.
Par comparaison avec les autres pays européens, la France est plutôt mal placée, à la fois en ce qui concerne le taux de remplacement, l’âge réel de sortie de l’emploi, l’âge d’éligibilité à la retraite. Même s’il convient de replacer chaque régime de retraite dans le contexte économique et juridique de chaque Etat, il est possible de prendre des idées d’expériences étrangères : Suisse et système partiel de capitalisation dans le cadre de l’entreprise avec des versements très libres qui ont abouti à ce que la capitalisation représente aujourd’hui 119 % du PIB et a très bien surmonté la crise, Finlande, Allemagne, pays les plus comparables à la France.
Une offre de produits d’épargne retraite suffisante
Du deuxième débat, on retiendra l’état des lieux dressé par Jacques Delmas Marsalet, membre du collège de l’AMF. Selon lui, sauf à relever massivement des taux de cotisation déjà élevés, les taux de remplacement seront insuffisants. L’objectif doit être de maintenir le taux de remplacement actuel pour ceux qui ont des revenus trop faibles pour épargner pour leur retraite et d’encourager ceux qui ont une capacité d’épargne (cadres et professions indépendantes) à se constituer des compléments de ressources sous forme de rente.
Pour réaliser ces objectifs, il faudrait concentrer les avantages fiscaux sur l’épargne retraite et faire comprendre qu’une telle épargne doit être bloquée (pour libérer les gestionnaires des contraintes juridiques et prudentielles) et qu’elle doit être alimentée par des versements réguliers.
Tous les acteurs peuvent contribuer : l’Etat, à la prise de conscience en communiquant un bilan retraite bien avant l’âge de 50 ans ; les entreprises, en privilégiant le PERCO en concentrant leur abondement sur ce produit ; les intermédiaires financiers, en rénovant les produits qui ont besoin de l’être et surtout en développant une offre pilotée (fonds profilés ou fonds à horizon).
Un des enjeux relevés par tous les participants, est celui de la pédagogie ainsi que du conseil. Cette question est débattue au sein d’un groupe de travail sur l’épargne salariale mis en place dans le cadre de la commission des épargnants de l’AMF et les avis sont partagés sur la question de savoir qui doit payer le conseil aux salariés dans le cadre de l’épargne salariale.
Cela n’en rend que plus indispensable une amélioration de l’information et la formation sur ce thème (NDLR).
Répartition ou capitalisation : les pistes pour l’avenir
Le dernier débat a porté sur les pistes pour l’avenir. Dans un contexte de crise, de restrictions budgétaires et de nécessité de relancer la consommation, l’heure ne peut être aux cadeaux fiscaux en faveur de l’épargne. Tout au plus, est il envisageable de mettre de l’ordre et d’harmoniser les différents mécanismes d’épargne retraite et de lier les avantages fiscaux de l’assurance vie à une détention plus longue (10 ou 12 ans au lieu de 8 ans aujourd’hui).
La Faider qui organisait le débat a néanmoins détaillé ses dix propositions pour l’épargne retraite dont certaines incluent des mesures fiscales sans doute pas très réalistes aujourd’hui…
En savoir plus sur les dix propositions de la FAIDER sur l’épargne retraite
(1) Fédération des Associations Indépendantes de Défense des Epargnants pour la Retraite