L’AMF publie pour la troisième année consécutive dans son numéro de « Risques et Tendances » daté du mois de juin une « cartographie des risques ».
Ce rapport dresse un bilan des principaux risques présentés par les marchés financiers pour l’ensemble des acteurs de l’économie et notamment pour les investisseurs particuliers.
Dans le contexte de la crise financière, l’étude identifie quatre risques principaux et en premier lieu celui que les ménages n’investissent pas leur épargne sur les bons produits. Parmi les actions préconisées, le renforcement des efforts en matière d’éducation financière figure en tête de liste.
Un fort impact de la crise sur les comportements de placement
La crise financière et économique a eu des répercussions importantes sur le comportement de placement des ménages français. Le recul des marchés actions, la baisse des taux d’intérêt sur le marché obligataire et la dégradation du contexte économique global ont conduit les ménages à délaisser les marchés d’actifs longs (actions, OPCVM actions et diversifiés, assurance vie en unité de compte) et à se porter massivement sur les instruments financiers de court terme les plus liquides (dépôts bancaires de type compte épargne, etc.).
Dans le patrimoine des Français, la part des actions cotées est passée de 11.1% avant la crise, à 5.5% à la fin de l’année 2008.
Quatre risques
Ces tendances sont porteuses de plusieurs risques :
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Le risque d’une mauvaise allocation des portefeuilles des ménages, qui se se focaliseraient exclusivement sur le court terme et les actifs liquides et peu risqués. Ce type d’investissements pourrait, s’il s’inscrivait dans la durée, empêcher les ménages de tirer profit de la reprise à moyen terme des cours boursiers, et pénaliserait le développement de l’épargne longue nécessaire au financement des retraites.
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Le risque de mauvaise commercialisation des produits financiers du fait des changements rapides dans l’offre et la demande de produits financiers. Il peut en résulter des problèmes de mauvaise commercialisation, découlant soit de la maîtrise insuffisante d’une offre de produits financiers récemment remodelée, soit de l’existence de conflits d’intérêt entre épargnants et distributeurs (ces derniers souhaitant surtout préserver les encours d’épargne pour faire face à la crise des liquidités).
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Le risque de mauvaise transparence et de manque de lisibilité lié à la complexité de certains fonds de gestion collective. Les gammes des fonds collectifs proposés aux épargnants ne cesse de s’accroitre et de se complexifier.
De plus, les fonds de gestion collective proposent de plus en plus systématiquement l’accès à de nouvelles classes d’actifs très peu liquides
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Le risque d’une mauvaise protection de l’épargne lié aux différences d’un pays à l’autre. Les réorganisations en cours de la gestion collective au niveau européen se traduisent par une complexification croissante de la chaîne de valeur et par une externalisation de certaines activités de gestion ou de conservation des actifs. Ces évolutions peuvent avoir des effets bénéfiques en termes d’économies d’échelle et de baisses de frais. Elles peuvent néanmoins être porteuses de risques pour l’épargnant si les baisses de frais ne sont pas répercutées ou si l’harmonisation des régimes juridiques nationaux est insuffisante. Cela pourrait conduire les investisseurs à se sentir en sécurité sur la base d’une législation qui ne leur est pas applicable si l’épargne n’est pas constituée en France.
Pistes d’actions
Face à ces risques l’étude préconise plusieurs pistes d’action pour le régulateur :
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le renforcement des efforts en matière d’éducation financière des investisseurs individuels ;
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la bonne application du devoir de conseil et de la maîtrise des conflits d’intérêts dans les réseaux de distribution des produits d’épargne, les produits les plus risqués et les plus complexes demeurant réservés aux investisseurs qualifiés ;
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une refonte des documents de présentation des produits de gestion collective destinés aux investisseurs pour renforcer la transparence et la lisibilité des produits financiers ;
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un effort d’harmonisation des règles de commercialisation applicables aux produits financiers relevant de juridictions différentes.
Pour en savoir plus, lisez l’intégralité de l’étude