Le 17 juin 2009, EDF lançait un grand emprunt par émission d’obligations auprès des particuliers (souscription normalement ouverte jusqu’au 10 juillet). Le succès rencontré par cet emprunt est largement supérieur aux attentes initiales avec déjà 2 milliards d’euros de souscription après seulement une semaine, soit le double des prévisions de la direction. L’occasion de faire le point sur le fonctionnement des obligations de manière générale et sur l’attractivité réelle des obligations émises par EDF en particulier.
Obligations : caractéristiques et fonctionnement
2{Quelques notions de base2}
L’obligation représente une dette de l’émetteur ; l’acheteur de l’obligation n’est pas propriétaire d’une partie de la société (comme il le serait en achetant une action) mais créancier de l’entreprise.
Une obligation a toujours une valeur nominale (ou faciale). La plupart du temps, l’obligation est achetée pour un montant égal à sa valeur nominale mais pas toujours ; on peut fixer une valeur de souscription inférieure à la valeur faciale pour rendre le titre plus attractif (prime de souscription). Par exemple, sa valeur faciale (à laquelle il sera remboursé) est de 100 mais il est proposé 95 à l’émission.
Une obligation est remboursée à son souscripteur à l’échéance. La valeur de remboursement est en général égale à la valeur nominale de l’obligation.Enfin, un taux est prévu, correspondant à la fraction du montant nominal de l’obligation, que l’entreprise s’engage à vous verser à intervalles réguliers (presque toujours annuellement) et de manière certaine en rémunération du prêt que vous lui consentez. Certaines obligations sont à taux variable.
Cette rémunération prend la forme de coupons
Une obligation EDF 4,5 % 2014 signifie qu’elle sert un taux d’intérêt annuel (brut) de 4,5 % et que le capital emprunté (la valeur faciale) sera remboursé en 2014.
2{Obligations : Risques et sécurité2}
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Valeur de rendement
Le paiement des coupons est obligatoire et régulier, il n’est pas soumis à une décision de l’assemblée générale des actionnaires, et n’est pas tributaire des résultats financiers de la société. Il s’agit en effet pour la société d’une dette qu’il faut rembourser. Du point de vue de l’investisseur, l’obligation, si elle est conservée jusqu’à l’échéance, permet de sécuriser un rendement connu à l’avance.
Si vous conservez vos obligations jusqu’à l’échéance, vous ne pouvez pas perdre en capital (nominal) puisqu’à cette date, l’émetteur vous remboursera l’intégralité de ce capital, s’il n’a pas faillite entre-temps.
C’est pour cette raison que les obligations d’État, sont extrêmement sûres puisqu’il est rare qu’un État fasse faillite, même si les risques se sont accrus récemment. La contrepartie de cette sécurité est qu’en général, de telles obligations sont moins rémunératrices que celles émises par des sociétés de droit privé.
La solvabilité de l’émetteur, et donc la qualité de ses obligations sont souvent caractérisées par une note comprise entre D (insolvabilité) et AAA (sécurité maximale). Plus un émetteur présente de risques d’insolvabilité, plus le taux proposé devra être élevé.
L’autre risque, dans ce cas, est que l’inflation ait fait perdre du pouvoir d’achat à votre argent. Mais les intérêts que vous avez gagnés devraient pallier ce risque, si l’inflation reste à un niveau raisonnable.
Vous pouvez également subir un manque à gagner si d’autres placements deviennent plus rémunérateurs, ce qui sera souvent le cas en période de forte inflation.Soyez conscients du fait que plus l’obligation est souscrite à long terme, plus les risques de fluctuation monétaire (inflation) et donc de variation des taux d’intérêts sont grands.
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Liquidité et revente
Vous n’êtes pas obligé de garder les obligations jusqu’à l’échéance. Une fois les obligations émises, si vous en avez acheté, vous pouvez les revendre sur le marché secondaire. Le prix d’une obligation sur ce marché va dépendre de son taux, de la périodicité du coupon, de la durée restant avant l’échéance et de la solvabilité de l’émetteur.
C’est ce qui en fait un actif relativement liquide (il existe un marché sur lequel vous pouvez les revendre, bien que moins liquide que les marchés actions), mais également risqué.
En effet, on peut acheter – ou revendre – une obligation sur le marché secondaire, au cours de la vie du titre, à un prix qui sera différent de la valeur nominale (plus élevé si, depuis l’émission, les taux d’intérêt ont baissé, ou plus faible si les taux d’intérêt ont monté).
Pour en savoir plus sur les obligations, leur fonctionnement, leur fiscalité, Rendez-Vous sur la rubrique Obligations de notre site.
L’obligation EDF
La plupart des obligations sont souscrites au sein d’OPCVM ou d’assurances-vie, mais rarement de manière individualisée et directement par les particuliers.
C’est précisément l’originalité de l’emprunt EDF, qui s’adresse au grand public, sans intermédiaire. Vous pourrez ainsi souscrire des obligations EDF, non pas en passant par un portefeuille d’OPCVM, mais en vous adressant directement à votre banque.
Afin de mieux répondre à cette vocation grand public, les obligations EDF ont été conçues de manière très simple. Il s’agit d’une obligation standard, sans aucune subtilité de fonctionnement.
2{Caractéristiques des obligations EDF2}
La valeur nominale des obligations émises par EDF est fixée à 1000 euros. Elles sont souscrites pour cette valeur, sans prime d’émission donc.
L’échéance de ces obligations est fixée au 17 juillet 2014, date à laquelle elles seront remboursées pour leur valeur nominale, augmentée du dernier coupon.
Entre le 17 juillet 2009 et la date d’échéance, chaque obligation donnera droit au versement annuel d’un coupon d’une valeur égale à 4,5% de sa valeur nominale, soit 45euros par obligation et par an.
EDF ne procèdera à aucun remboursement anticipé des obligations, sauf en cas de changement de régime fiscal. En revanche, la société se réserve le droit de procéder au rachat de ses obligations (sur la base du volontariat bien entendu).
Si EDF est en défaut (insolvable), vous pourrez rendre immédiatement exigible le remboursement de vos obligations.
2{A qui s’adressent-elles ?2}
Le taux de 4,5% proposé, déduction faite des contributions sociales et de l’impôt sur le revenu, revient, en net, à 3,15 % si vous optez pour le prélèvement libératoire à 18 %, (ce que vous aurez intérêt à faire si votre taux marginal d’imposition à l’IR est de 30 % ou 40 %). Ce taux est assez attractif par rapport aux taux habituellement rencontrés pour la plupart des livrets et des comptes épargne proposés par les banques. Rappelons que le taux du livret A est aujourd’hui de 1,75 % net. Cette différence de rémunération s’explique notamment par le fait que les placements obligataires sont plus risqués.
Toutefois, si on compare ce rendement à celui d’autres obligations dites « corporate », c’est-à-dire d’entreprises (et non d’Etat), on se rend compte que les obligations Lafarge, par exemple, proposent un taux de 6,8% sur 8 ans. Mieux, les obligations Arcelor Mittal affichent un taux de 7,8% sur 4 ans ! Mais cette rémunération correspond à un risque bien supérieur. Car, adossée à l’État, actionnaire ultra-majoritaire, EDF recèle peu de risque.
Il faut donc choisir vos obligations en fonction de votre profil d’investissement. D’un côté des titres à fort rendement mais risqués, de l’autre des placements moins rentables mais plus sûrs.
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