Autour de Françoise Crouïgneau, présidente de l’association des journalistes économiques et financiers, ont débattu Michel Pébereau, Président du conseil d’administration de BNP Paribas, Roger Guesnerie, professeur au Collège de France, Ibra Wane, président de la Société Française des Analystes financiers (SFAF) et Olivier Pastré, professeur à Paris VIII.
Zoom sur quelques moments de leurs interventions
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S’agissant de l’information financière, Michel Pébereau a souligné la responsabilité qu’avaient eue selon lui les normes comptables dans la diffusion de la crise apparue en 2007. En particulier, l’insistance des normes IFRS à valoriser toutes les activités à leur valeur de marché, y compris lorsqu’il n’y a pas de marché, a considérablement accru la volatilité des comptes et provoqué des faillites en boule de neige. Un exemple selon lui de cette responsabilité des normes comptables : le traitement comparé des provisions en Irlande et en Espagne. L’Irlande pratiquait la « full fair market value » et a fait face à la faillite de trois banques, alors qu’en Espagne, où le marché de l’immobilier était dans le même état, aucune faillite n’a été à déplorer en raison du traitement contra-cyclique des provisions qui y est pratiqué.
S’agissant de la formation financière, Michel Pébereau a déploré la disparition de l’enseignement de la micro-économie dans l’enseignement primaire et secondaire ainsi que dans les préparations aux écoles de commerce.
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Roger Guesnerie, quant à lui, a résumé les principales conclusions de la mission d’audit sur les manuels scolaires et l’enseignement des sciences économiques et sociales menée en 2008 à la demande de Xavier Darcos. La mission avait conclu à des programmes plus resserrés, dans lesquels il conviendrait d’introduire de la micro-économie et limiter l’enseignement de l’histoire de la pensée économique ainsi que de la macro-économie qui soulèvent l’une et l’autre des débats essentiels mais très complexes et non résolus.
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Ibra Wane a souligné les dangers du court-termisme que les normes comptables et les indicateurs utilisés dans l’analyse financière peuvent encourager. Il a également rappelé le rôle que joue la SFAF dans la formation financière des professionnels, rôle récemment conforté par l’Autorité des Marchés Financiers qui lui a donné – comme à d’autres – la certification pour faire passer les examens des professionnels soumis à son autorité.
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Enfin, Olivier Pastré s’est félicité que le sujet de l’information et de la formation financières soit traité pour la première fois par une revue académique telle que la R.E.F, tant ce sujet est important à ses yeux. S’agissant de l’information financière, il estime que trop d’info tue l’info. Aussi faudrait-il renouveler les indicateurs financiers et améliorer l’information des salariés comme des medias. Quant à la formation, il considère que l’enseignement de l’économie dans le secondaire n’est pas satisfaisant (sans, a-t-il précisé, que ce soit la faute des enseignants eux-mêmes) et qu’il faut introduire davantage d’interdisciplinarité.
Et l’éducation aux finances personnelles dans tout ça ?
Au cours du débat, Michel Pébereau a insisté sur l’importance de l’éducation aux finances personnelles, à la fois à l’école (et à cet égard, il a rappelé que le socle commun de connaissances et de compétences de défini en 2005 suppose l’apprentissage de ces questions à l’école et au collège au travers notamment de la familiarisation avec le budget familial et les comptes bancaires) et en dehors de l’école. Là tous les acteurs ont leur rôle à jouer, y compris les établissements bancaires à condition que ces derniers ne confondent pas éducation financière et publicité pour des produits et services.
D’où l’intérêt pour les acteurs financiers de recourir aux services d’organismes comme la finance pour tous qui garantissent l’indépendance et la neutralité commerciale du contenu ! (NDLR)
Lire l’article de la finance pour tous dans la Revue d’Economie Financière