La crise – Pourquoi on en est arrivé là ? Comment en sortir ?
Michel Aglietta Editions Michalon. Paris novembre 2008. 128 pages 14€
Le livre de Michel Aglietta, professeur de sciences économiques à l’université Paris-X et consultant au Cepii et à Goupama Asset Management, a été unanimement salué. Il est court, rigoureux, aussi simple que possible et il va à l’essentiel en répondant en 11 chapitres à 11 questions que chacun se pose :
D’abord sur les causes et sur les enchainements de la crise: La crise est-elle un phénomène inhérent à l’économie de marché ? Comment s’est-elle déclenchée ? – Pourquoi ne l’a-t-on pas vu venir et ne l’a-t-on pas prévenue ? Quelles sont ses caractéristiques? Comment la crise s’est-elle déclenchée ?
Ensuite sur l’ampleur de la crise et ses conséquences pour l’économie : La crise est-elle mondiale ? Quelles sont les retombées de la crise financière sur l’activité économique ?
On retiendra particulièrement la mise en cause de l’instabilité fondamentale des marchés financiers, l’appel, dans l’immédiat, au recours à l’endettement public, sans cacher les risques que cela peut entrainer et les propositions portant sur la régulation et sur la gouvernance des banques.
Petit Manuel éconoclaste pour comprendre et survivre à la crise
Axel de Tarlé
Editions J.-C. Lattès, Paris, janvier 2009.149 pages, 9 €
Ce petit livre d’Axel de Tarlé, qui assure la chronique économique d’Europe1, est destiné au grand public.
40 chapitres très courts et de lecture facile font le récit des épisodes de la crise depuis ses racines dans l’endettement des ménages américains sans ressources ou presque jusqu’aux pistes de réformes évoquées pour « refonder le capitalisme ». Axel de Tarlé prend aussi le risque de donner quelques conseils de base aux épargnants pour « survivre » dans la période. Le risque pris est cependant limité : les conseils sont généraux et de bon sens.
L’exercice de vulgarisation est souvent réussi, mais les raccourcis sont parfois trompeurs. Surtout, le récit s’arrête lorsque la crise financière se transforme en crise économique et en récession majeure. Du coup l’ouvrage ne donne pas la mesure de la gravité exceptionnelle de la crise
Les 100 mots de la crise financière
Bertrand Jacquillat et Vivien Levy-Garboua
Que sais-je ? PUF, Paris janvier 2009. 127pages 8€
Bertrand Jacquillat, membre du Conseil d’analyse économique et du Cercle des économistes et président d’Associés en Finance, et Vivien Levy-Garboua, théoricien et praticien de la banque, livrent un nouvel opus de la série les 100 mots de la collection Que sais-je.
Comme pour les autres de la série ( « Les100 mots de la finance » et « [Les 100 mots de la banque->550] »), le lecteur disposera de deux livres en un. Il trouvera les définitions le plus souvent très claires, précises et argumentées sur les principaux termes utilisés si abondamment dans le contexte de la crise actuelle. De « conduits » à « globalisation », de « Stock options » à « structure de défaisance », de l’angoissante question du « hors bilan » à celle non moins « stressante » de la volatilité. A utiliser comme un dictionnaire, quand on cherche un mot. Le lecteur bénéficiera en même temps d’un livre cohérent et rigoureux sur les acteurs et le déroulement de la crise financière, les cycles financiers en général et les remèdes à cette crise, du moins en ce qui concerne la sphère de la finance. Les auteurs n’hésitent pas à se positionner à contre-courant de « révolutions de pensées » éventuelles. Selon eux, il ne s’agit surtout pas de retourner au bon vieux temps et de considérer « les activités bancaires et financières comme un service public ». « C’est de davantage de finance dont le monde a besoin » à condition « de rénover les institutions de gestion des risques, et le cadre d’ensemble du système financier ».
La crise, et après ?
Jacques Attali
Fayard, Paris, décembre 2008. 210 pages, 14 €.
Jacques Attali, ancien Conseiller de François Mitterrand, Président de la Commission libération de la croissance, donne, dans ce livre bref, son analyse de la crise, de ses conséquences et des solutions qu’il préconise.
L’auteur fournit dès la page 8 un résumé en quelques lignes : « Cette première crise de la mondialisation s’explique très largement par l’incapacité de la société américaine à fournir des salaires décents aux classes moyennes ; elle les pousse alors à s’endetter pour financer l’achat de leur logement, entrainant une croissance de la valeur des patrimoines et de la production ; les institutions financières et les « initiés » qui les animent s’octroient sans aucun contrôle l’essentiel de la richesse ainsi produite sans courir le moindre risque, grâce à la titrisation ( CDOs) et à une pseudo-assurance ( CDS) ; ce qui permet en retour une croissance de l’endettement qui finit par devenir intolérable et entrainer panique, perte de confiance et fuite devant toute dette. Voilà qui pourrait déboucher prochainement sur une dépression planétaire ou, au contraire, constituer le point de départ d’une formidable croissance harmonieuse. Celle ci supposerait la réduction réelle des endettements et non, comme on s’y prépare, leur transfert exclusif sur les contribuables. Elle exige surtout de rééquilibrer à l’échelle de la planète le pouvoir des marchés par celui de du droit ; celui des initiés par celui des citoyens. Il est temps ». Le livre développe surtout l’analyse des innovations financières et des enchainements de la crise. Ceux qui ne connaissent pas ces bases, trouveront que les explications données sont techniques mais claires. Les chapitres finaux énoncent des pistes de solutions dans la sphère financière et au-delà. L’auteur est pessimiste. Il craint que des guerres ne précèdent le chemin des mutations.
Un glossaire et des schémas complètent l’ouvrage.