Une aversion au risque qui s’est développée avec la crise financière
Sur la seule année 2008, au plus fort de la crise, le CAC 40 a reculé de 42,7 %. Sur les trois dernières années, entre mi-septembre 2007 et mi-septembre 2010 le recul a atteint plus de 30 %.
Si on considère une période plus longue, et si on compare le niveau du CAC 40 aujourd’hui (qui fluctue aux environs de 3.700 points) à son record atteint il y a tout juste dix ans (il s’établissait alors à 6.922.33 points), on observe que l’indice parisien a perdu presque 47 % de sa valeur. On constate donc que sur une assez longue période, l’investissement en actions peut être risqué. C’est ce que soulignait également un rapport du Conseil d’Analyse Economique de mai 2009, intitulé, « Epargner à long terme et maîtriser les risques financiers ». Les auteurs de ce rapport indiquaient qu’on ne pouvait absolument pas exclure que les actions dégagent une rentabilité réelle négative durant des périodes de 20 ou 30 ans, voire même plus longues.
La crise a renforcé l’aversion au risque des ménages. Cette aversion est d’autant plus compréhensible que, confrontés au déficit de financement de leur système de retraite, les Français cherchent à se constituer une épargne solide sur le moyen-long terme.
D’après le dernier rapport de la banque de France sur l’année 2009), les placements en actions ont constitué une faible part du patrimoine total des Français. En effet, sur un total de 3 450 milliards d’euros, la valeur du portefeuille d’action représentait seulement 617 milliards d’euros (soit 18 % du total), loin derrière les placements en assurance-vie, investis néanmoins pour partie en actions,.
Les investisseurs n’ont certainement pas été davantage incités à se tourner vers des actifs risqués après que le gouvernement eut, courant août, revu à la baisse ses prévisions de croissance du Produit Intérieur Brut pour 2011 (abaissées de 2,5 % à 2%).
Le paradoxe de la dette souveraine
Les obligations d’Etat exercent une telle attraction sur les investisseurs que le président de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, a récemment mis en garde contre l’apparition possible d’une bulle spéculative sur le marché obligataire de la dette souveraine.
Pourtant la qualité de la dette souveraine n’a jamais autant été remise en cause que récemment, à l’occasion de la crise de la dette grecque. Les agences de notation ont souligné les répercutions d’un défaut de paiement de la Grèce sur la dette souveraine du Portugal, de l’Irlande, de l’Espagne et de l’Italie.
La note de la dette souveraine du Portugal a été récemment abaissée de deux crans, de AA2 à A1, par l’agence de notation financière Moody’s, illustrant combien demeurent vives les craintes sur la situation budgétaire des pays, notamment méditerranéens, de la zone euro.
La détérioration de la qualité de la dette souveraine provient du fait que réagissant à la crise financière et bancaire, les gouvernements ont mis en place des aides publiques massives qui ont provoqué une explosion des déficits publics. Ces derniers ont atteint des niveaux record dans de nombreux pays, alors que la faible croissance n’engendre pas une reprise de la progression des ressources publiques.En France, fin 2009, le déficit public s’élevait à 144,8 milliards d’euros, soit 7,5 % du PIB.
Moody’s a alerté sur le fait que la France, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Grande-Bretagne se sont encore rapprochés du moment où ils pourraient perdre leur note, aujourd’hui à son meilleur niveau (« AAA »).
Outre une reprise de la croissance, un meilleur encadrement des marchés, appelé aujourd’hui de ses vœux par l’AMF, pourrait redonner confiance aux investisseurs et ainsi les inciter à prendre davantage de risques. Dans un récent discours le président de l’AMF a souligné que cela sera permis par la mise en place rapide d’une Autorité européenne des marchés financiers.