Comme tous les ans, l’Insee délivre son Portrait social, qui décrit les évolutions de salaires, de niveaux de vie et les conditions de vie des Français. Cette année, l’Institut a particulièrement étudié l’évolution des dépenses de logement, qui se sont significativement accrues ces dernières années. Une analyse de l’évolution de la pauvreté a également été réalisée, ainsi que des informations sur la qualité de vie des Français.
Les salaires : des inégalités qui trouvent leur origine à la fois dans la nature du poste occupé et dans le temps travaillé
En 2008, dans les entreprises du secteur privé et semi-public, le salaire annuel moyen pour un travail à temps complet est de 24 810 euros nets, soit un salaire mensuel moyen de 2 067.5 euros.
Quant au secteur public le salaire annuel net moyen pour un poste à temps complet était supérieur, en 2008, à 28 460 euros dans la fonction publique d’État en métropole, de 20 920 euros dans la fonction publique territoriale et de 26 230 euros dans le secteur hospitalier public.
Ces écarts s’expliquent surtout par des catégories socioprofessionnelles très différentes selon les fonctions. Ainsi, si 63 % des salariés sont cadres dans la fonction publique d’État, ils ne sont que 10 % à être cadres dans le secteur hospitalier public.
Sur l’année 2008, seuls un peu plus de la moitié des salariés ont travaillé à temps plein tout au long de l’année, soit du fait de périodes de chômage soit par la nature même (temps partiel) de l’emploi occupé.
Niveaux de vie : des inégalités qui ont peu évolué
En 2008, le niveau de vie médian en France métropolitaine, est de 18 990 euros par personne et par an (1 582.5 euros par mois). Il est en progression de 4,5 % par rapport à 2007.
Le niveau de vie d’une personne dépend de ses ressources individuelles mais aussi de celles de son entourage. Ainsi les personnes qui ont un emploi ont un niveau de vie plus élevé que la moyenne, parce qu’elles touchent un revenu de leur travail, mais aussi parce qu’elles ont plus souvent un conjoint (7 fois sur 10), souvent en emploi (8 fois sur 10).
Entre 1996 et 2008, les inégalités de niveaux de vie semblent avoir peu évolué (en particulier le rapport entre le niveau de vie plancher des 10 % de personnes les plus aisées et le niveau de vie plafond des 10 % de personnes les plus modestes reste autour de 3,5).
A noter que parmi les inactifs, ce sont les retraités qui ont le niveau de vie moyen le plus élevé avec 22 520 euros (1 877 euros mensuels).
En 2009, une consommation qui résiste pendant la crise et un taux d’épargne qui progresse
Le revenu disponible moyen s’établit, lui, à 22.460 euros par an (soit 1.872 euros mensuels).
La progression du revenu disponible des ménages ralentit de nouveau avec l’aggravation de la récession : + 1,0 % en 2009 après + 3,2 % en 2008 et + 5,2 % en 2007 du fait d’un retournement du marché du travail qui pèse sur l’évolution de la rémunération des salariés.
Cela n’a pas empêché, en pleine crise, la consommation des ménages de bien résister. Elle est restée quasiment stable, à + 0,6 % en volume (après +0,5 % en 2008).
Le pouvoir d’achat du revenu disponible brut a accéléré sa progression (+ 1,6 %) après avoir augmenté de 0,4 % en 2008 : il bénéficie du recul des prix de la dépense de consommation (– 0,6 % après + 2,9 %).
Il a permis un accroissement du taux d’épargne des ménages qui passe de 15,4 % en 2008 à 16,2 % en 2009. Cette évolution résulte certainement d’une prudence accrue de la part des ménages, qui doivent affronter la dégradation du marché du travail.
Qualité de vie : un concept qui va plus loin que le niveau de vie
Le concept de « qualité de vie » prend en compte le bien-être d’une personne. Sa mesure est prônée par certains économistes, dont Joseph Stiglitz, Prix Nobel.
Ce concept tient non seulement compte des conditions de vie matérielles mais aussi des conditions de travail, du degré d’insertion sociale, de la santé et de l’éducation. Il mesure également si les personnes sont particulièrement exposées économiquement (au chômage par exemple) ou physiquement. La qualité de vie est donc une mesure plus large que le niveau de vie.
L’étude constate que les personnes qui ont un niveau de vie faible sont désavantagées sur tous les plans et qu’elles cumulent les difficultés. Elles font non seulement face à une plus grande contrainte financière mais aussi à des conditions de vie matérielles nettement moins bonnes, une santé plus dégradée et un niveau d’éducation plus bas.
Elles ont également, en moyenne, des conditions de travail plus difficiles, des niveaux de sécurité économique et physique plus faibles, moins de contacts avec autrui et sont plus en retrait de la vie publique.
Le quart le plus pauvre de la population a entre 1,5 et 2 fois plus de risque que les autres d’être, pour chacune de ces dimensions, dans le groupe des personnes désavantagées.
Sur dix ans (entre 1996 et 2006) les inégalités face au coût du logement ont été amplifiées
En France métropolitaine, 57 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale en 2006, soit 7 points de plus qu’en 1984. Plus d’un tiers d’entre eux n’ont pas fini de rembourser leur emprunt.
Plus de 20 % des ménages se logent dans le secteur locatif privé et 17 % dans le secteur social.
La hausse des dépenses courantes de logement (incluant les loyers, les coûts d’énergie et les charges) s’est accélérée en 2008, notamment suite à la progression des prix de l’énergie.
Près de trois quarts des dépenses courantes concernent les loyers (réels ou imputés), 17 % les dépenses d’énergie et 10 % les charges.Les dépenses courantes de logement (nettes des aides personnelles) représentent une part croissante du budget des ménages : 25,3 % de la consommation des ménages en 2008 contre 20,2 % en 1988.
Ces dépenses courantes s’établissent en moyenne à 9 040 euros par logement (soit 753 euros mensuels). Elles varient de 6 200 euros en moyenne (517 euros mensuels) pour un ménage locataire du secteur social à 11 500 euros (958 euros mensuels) pour un ménage accédant à la propriété.
Après avoir révélé, en mai dernier, que l’accession à la propriété des plus modestes s’était dégradée entre 2002 et 2006, l’Insee souligne dans cette étude que ce sont les ménages à faibles ressources qui souffrent le plus de la forte augmentation du coût du logement entre 1996 et 2006.
Les raisons de l’accroissement de ce coût pour les ménages à faibles ressources sont différentes selon qu’on considère le parc social ou le parc privé.
Dans le secteur locatif social, cette augmentation du poids des dépenses est liée à l’évolution de leurs revenus. Ceux-ci ont augmenté environ deux fois moins vite que ceux des locataires du parc privé en l’espace de 10 ans. Cette tendance est liée en partie au recentrage du parc social sur les ménages très modestes.
Dans le parc privé, c’est la hausse du loyer moyen qui est à l’origine de l’augmentation du poids des dépenses de logement. Ils y consacrent 39 % de leurs ressources en 2006, allocations logement déduites, soit 5 points de plus qu’en 1996.
Quant aux ménages à faibles ressources qui sont accédants à la propriété, l’accroissement du coût du logement (qui s’est accru de 5 points de pourcentage en 10 ans), résulte de la forte montée des prix de l’immobilier dans les années 2000. En cause également une diminution de la part des ménages bénéficiaires d’aides au logement (de 59 à 37 %).
Pour aller plus loin : consulter toute l’étude de l’Insee