En ce mois de novembre 2009, l’INSEE a publié l’édition 2009 de son « Portrait social de la France » ainsi que d’autres données concernant notamment l’évolution des inégalités de niveaux de vie entre 1996 et 2007.
L’occasion de faire le plein de chiffres significatifs en matière de revenus, de pouvoir d’achat, de niveau de vie, de consommation. (Hélas les données de l’INSEE concernant l’épargne et le patrimoine sont beaucoup moins riches). L’occasion aussi de bien définir ce que ces chiffres mesurent et parfois de relativiser leur portée.
Salaires :
2{Le salaire réel a ralenti nettement en 2008.2}
Derrière cette donnée globale, l’évolution est très diversifiée selon les situations et les trajectoires personnelles. D’où l’utilisation de plusieurs indicateurs pour la cerner.
2{Ecart hommes/femmes de 19%2}
Entre hommes et femmes la différence de salaire net annuel moyen est de 13,3 % dans le public et de 19 % dans le privé. Elle est en baisse lente et constante dans le public. Elle ne baisse plus depuis 2005 dans le privé. A noter que cette estimation sous-estime les écarts réels car elle n’intègre pas le plus grand nombre d’emplois féminins à temps partiels.
2{Bas, hauts et très hauts salaires.2}
Les écarts se creusent entre bas et très hauts salaires. Dans le secteur privé, les 1% de salariés du haut de l’échelle (133 000 personnes) obtiennent 6,8 % de l’ensemble des salaires contre 5,5 % 10 ans plus tôt.
Revenus et pouvoir d’achat
En 2008, la progression du pouvoir d’achat du revenu a été parmi les plus faibles de ces vingt dernières années. C’est principalement l’accélération des prix qui a freiné la progression du pouvoir d’achat en 2008. À l’inverse, début 2009, le recul historique des prix ainsi que différentes primes versées dans le cadre du plan de relance de l’économie (prime de solidarité active et prime de 150 euros aux bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire) ont soutenu le pouvoir d’achat.
-
Le revenu disponible est le premier indicateur de revenu utilisé : Le revenu disponible comprend l’ensemble des revenus d’activité et de la propriété des ménages (le revenu primaire des ménages), auquel on soustrait les prélèvements (impôts et cotisations) et auquel on ajoute les prestations sociales et autres transferts.
La hausse du revenu disponible brut des ménages ralentit en 2008 (+ 0,6 % déduction faite de l’inflation après + 3,1 % en 2007 et 2,6 % en 2006). Le ralentissement économique a freiné la progression nominale des revenus d’activité perçus par les ménages (+ 3,5 % contre + 5 % en 2007). Aussi bien la masse salariale que les revenus de la propriété (revenus des loyers et des placements financiers) ont ralenti. Mais c’est principalement l’accélération des prix qui a freiné la progression du pouvoir d’achat du revenu disponible en 2008. Cependant, cet indicateur ne tient pas compte de la composition des ménages qui influence directement le pouvoir d’achat.
-
Niveau de vie stagnant
D’où l’utilisation d’un 2ème indicateur : Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (uc) .Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage.Compte tenu que le nombre d’unités de consommation, qui continue d’augmenter au même rythme que par le passé le pouvoir d’achat des ménages par unité de consommation stagne en 2008.
En 2007, Le niveau de vie median est de 18 170 euros par an (1 510€ par mois). Cela veut dire que la moitié des personnes vivant dans un ménage ont un niveau de vie inférieur à cette somme et la moitié un niveau de vie supérieur
-
Evolution des inégalités.
Le suivi de l’évolution des données sur le niveau de vie, de 1996 à 2007, permet d’en savoir plus sur l’évolution des inégalités de revenus : les 10 % du bas de l‘échelle (premier décile) et les 10 % du haut de l’échelle ont vu la part qu’ils détiennent s’accroitre. Cela veut dire que pour eux, le niveau de vie a augmenté plus que la moyenne. Inversement pour les catégories intermédiaires, la croissance du niveau de vie a été inférieure à la moyenne.
-
Autant de hausses individuelles que de baisses.
L’INSEE a également mis en place un dispositif de suivi des niveaux de vie individuels sur la période 2003/2005. Les résultats sont significatifs du fait que la seule évolution moyenne ne suffit pas à mesurer les situations effectives. En effet au cours de ces deux ans, il y a eu à peu près autant de gagnants que de perdants. 36 % seulement de l’ensemble de la population a connu une évolution comprise entre + et – 10 % de son niveau de vie. A l’opposé près d’une personne sur trois enregistre une évolution supérieure à 30% de son niveau de vie soit à la hausse soit à la baisse. L’impact des évènements professionnels et familiaux est considérable.
Consommation et épargne
En 2008, la dépense de consommation des ménages augmente de 1,0 % en volume après + 2,4 % en 2007. Etant donné la faible progression du pouvoir d’achat du revenu disponible brut (+ 0,6 %). Cela signifie que les ménages ont diminué légèrement leur taux d’épargne, qui passe de 15,6 % en 2007 à 15,3 % en 2008 pour préserver leurs dépenses de consommation.
En savoir plus :