Le moral des ménages se dégrade
L’INSEE a rendu publiques jeudi 25 mars ses prévisions économiques pour le premier semestre 2010. Les dépenses privées ne prennent pas le relai des dépenses publiques déployées l’an dernier pour faire face à la récession. Dans ces conditions la croissance resterait faible et fragile, alors que les pressions sur les déficits et la croissance de la dette publique tendent à se renforcer en Europe. Pas étonnant que le moral des ménages continue de se dégrader.
Selon l’Insee la situation des ménages au 1er semestre 2010 serait marquée par trois éléments :
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Un très fort ralentissement du pouvoir d’achat du revenu des ménages pris dans leur ensemble et une baisse du pouvoir d’achat par ménage.
En 2009, explique l’Insee, les revenus d’activité (salaires, revenus des entrepreneurs individuels) et de la propriété ont stagné du fait de la récession. Mais la protection sociale et les mesures du plan de relance (baisses d’impôt et prise en charge du chômage partiel notamment), ont amorti l’impact de la récession. Et le net repli de l’inflation a entraîné au total une accélération du pouvoir d’achat des ménages (+2,2 %).
Changement de décor au premier semestre 2010, la hausse du pouvoir d’achat ralentirait nettement (+0,3 % en moyenne semestrielle, après +1,2 % au second semestre 2009). Les revenus d’activité se redresseraient un peu, mais ne compenseraient pas la hausse des prélèvements fiscaux par rapport à 2009, la décélération des prestations sociales et l’accélération des prix à la consommation (+1,3 % de rythme annuel de croissance des prix prévu en juin 2010). Au total les gains de pouvoir d’achat des ménages se limiteraient à 0,1 % au premier trimestre puis à 0,3 % au deuxième. C’est à dire une baisse du pouvoir d’achat par ménage et par personne.
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Une quasi stagnation de la consommation et une atténuation progressive de la baisse des investissements immobiliers des ménages (achat de logements neufs) (-1,9 % au 1er trimestre et -0,4 % au second).
La consommation des ménages a fortement augmenté au quatrième trimestre 2009 (+0,9 %). Les ménages ont avancé les achats d’automobiles pour tirer pleinement profit de la prime à la casse et du bonus-malus avant que ces dispositifs deviennent moins généreux, explique l’Insee. Au premier semestre 2010, ce bond serait suivi d’un contrecoup. La consommation progresserait toutefois très légèrement au premier trimestre (+0,1 %) du fait de la consommation d’énergie liée à l’hiver rigoureux. Ce facteur ne jouant plus au deuxième trimestre, la consommation baisserait alors légèrement (-0,2 %).
L’investissement en logement des ménages a connu une chute considérable en 2009 (-8,1 % avec -2,7 % pour le seul 4ème trimestre). Selon l’Insee, la baisse ralentirait fortement (-0,4 % au 2ème trimestre 2010) et serait quasiment stable au deuxième trimestre 2010 (-0,4 %) grâce notamment à l’amélioration des conditions de financement.
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L’emploi continuerait de se dégrader mais de façon moindre. Le taux de chômage attendrait 10,2 % à la fin du 1er semestre (France entière y compris DOM) contre 10 % à la fin 2009.
Selon l’Insee, la poursuite de la croissance permettrait de ralentir la baisse des emplois. Mais elle serait trop faible pour l’enrayer totalement. Les secteurs marchands non agricoles perdraient 80 000 postes au premier semestre 2010, après 100 000 au second semestre 2009 et près de 260 000 au premier. Dans le secteur des administrations, l’emploi qui avait augmenté en 2009, du fait notamment des contrats aidés, se stabiliserait en 2010 à cause de la diminution de ceux ci. Au total, 74 000 emplois seraient perdus au premier semestre 2010, après 36 000 au second semestre 2009.
Nouvelle baisse de moral
Parallèlement l’enquête mensuelle réalisée auprès des ménages sur l’opinion qu’ils ont de leur environnement économique et de leur situation économique personnelle montre une dégradation depuis le début 2010, dégradation qui s’est poursuivie en mars.
Ce sont surtout les perspectives d’évolution du niveau de vie en France qui s’assombrissent aux yeux des ménages (-5 points en mars). L’opinion des ménages sur leur propre situation financière est cependant mieux orientée : le solde des opinions sur les perspectives d’évolution financières personnelles est stable (-12 points d’écart entre les avis positifs et les avis négatifs). Les ménages sont aussi un peu plus nombreux à considérer comme opportun de faire des achats importants.
Aller plus loin : la note de conjoncture de l’Insee mars 2010