Confrontés à un allongement de l’espérance de vie mal anticipé, à la montée du chômage et à la faible croissance de la population active, les pays développés doivent résoudre l’équation des retraites et tenter de parvenir à équilibrer les régimes.
Tous les pays développés cherchent désormais à repousser l’âge moyen de cessation d’activité, encore assez disparate d’un pays à l’autre : en 2007, l’âge moyen de sortie du marché du travail était de 59,5 ans en France pour les hommes, 62,6 ans en Allemagne, 64,2 ans en Suède et 69,5 ans au Japon.
Les outils pour parvenir à un allongement de la vie active sont très divers. A l’heure où le débat sur un report de l’âge minimum de départ à la retraite semble prêt à ressurgir en France, il est intéressant d’étudier les réponses qu’ont pu fournir les autres pays à la question du financement des retraites. A cet effet le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) publie en juin 2009 une étude sur ce thème.
Modification du calcul des pensions pour réduire les dépenses
A peu près tous les pays ont allongé la période salariée servant de référence pour le calcul de la retraite : des 10 aux 25 dernières années en France, de 5 à 15 ans en Espagne, de 15 ans à la totalité de la carrière en Suède.Certains pays ont également adopté des règles de revalorisation des pensions moins favorables, notamment grâce à l’indexation sur les prix et non sur les salaires (France, Belgique, Espagne).
Pour les pays ayant conservé l’indexation sur les salaires, c’est le levier de l’âge de la retraite qui a été majoritairement utilisé.
Les moyens utilisés pour retarder l’âge de départ à la retraite
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augmenter la durée de cotisation pour une retraite entière. Ce choix opéré par l’Espagne, la Belgique et la France a aussi pour visée de baisser les prestations versées, puisque le plus souvent, si les gens ne parviennent pas à réaliser l’ensemble des trimestres nécessaires, c’est simplement faute de parvenir à trouver ou conserver un emploi à la fin de leur carrière.
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relever les âges légaux de la retraite (âge d’ouverture des droits mais surtout d’obtention d’une pension complète) : cette solution a été assez largement privilégiée, notamment par l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Etats-Unis… L’âge d’obtention d’une pension complète oscille entre 63 ans (Japon) et 66 ans (Etats-Unis) mais sera relevé dans de nombreux endroits : il sera ensuite situé (après achèvement des différentes réformes en cours) entre 65 ans (Espagne, France, Japon) et 67 ans (Etats-Unis, Allemagne, Pays-Bas).
L’Italie et le Royaume-Uni ont relevé l’âge minimum pour liquider ses droits à la retraite : au Royaume-Uni l’âge minimum de départ en retraite est de 65 ans pour les hommes (60 ans pour les femmes) et devrait passer à 68 ans pour tous !
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modifier les barèmes de pension afin de rendre plus attractive une poursuite prolongée de son activité : les mécanismes de décotes et de surcotes, adoptés un peu partout, répondent à cet objectif.
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limiter les possibilités de départ anticipé (préretraite, etc).
Malgré le fait que tous les pays cherchent à actionner ces différents leviers, les résultats sont très contrastés : si en France l’âge moyen de départ à la retraite est de 59,5 ans, il est de 69,5 ans pour les hommes japonais, 62,6 ans pour les Allemands (61,5 ans pour les Allemandes), 64 ans en Suède, 62 ans en Espagne…
L’emploi des Seniors
Les dispositifs de retraite anticipée reposaient sur le postulat erroné que la baisse du taux d’activité des Seniors permettrait de relever celui des jeunes. Or les statistiques démontrent que le niveau d’activité des jeunes et des seniors est en réalité corrélé !
C’est pourquoi développer l’emploi des Seniors est aujourd’hui une priorité, avec des résultats néanmoins contrastés.
En 2000, les pays de l’Union Européenne s’étaient engagés, à travers la « stratégie de Lisbonne », à augmenter le taux d’emploi des 55-64 ans au niveau du taux d’emploi des 55 ans. Si les Pays-Bas ou l’Allemagne (qui a connu une hausse de ce taux d’emploi de 37,6 % à 53,8 % entre 2000 et 2008) sont parvenus à des résultats spectaculaires, de nombreux pays, dont la France (38,2 %), l’Italie (34,4 %) ou la Belgique (32,8 %) restent très en deçà des objectifs affichés.
Parmi les éléments qui semblent en général favoriser le taux d’emploi des seniors, on retrouve : un contexte démographique moins défavorable, un niveau de retraite moins élevé en moyenne (Etats-Unis, Royaume-Uni) et un profil de rémunération en fin de carrière peu pentu, voire décroissant. Par ailleurs les dispositifs de formation continue doivent également viser à permettre à chacun de poursuivre sa carrière le plus longtemps possible.
Pour aller plus loin : La lettre du COR