Fin février, les cinq groupes bancaires français ont maintenant tous annoncé leurs résultats pour l’année 2009. A eux cinq, ils ont réalisé 11 milliards d’€ de profits, soit 2 fois plus qu’en 2008. BNP Paribas a réalisé à elle seule plus de la moitié du total (5,8 milliards, + 93 % par rapport à 2008). Le groupe Crédit agricole annonce 2,7 milliards (+ 12,1 %) et le Crédit Mutuel-CIC 1,2 Milliards (+340 %). Le groupe BPCE (Banques Populaires – Caisses d’Epargne) affiche 0,5 Milliards d’€ de profits (contre 1,58 milliards de pertes en 2008 pour les groupes Banques Populaires et Caisses d’Epargne). Avec 0,7 milliards de profits en 2009, la Société Générale est la seule à annoncer une baisse de ses résultats (- 66 %).
2{Des différences qui restent importantes…2}
Les différences entre groupes restent donc sensibles. Elles sont pour une part la conséquence des dépréciations encore enregistrées en 2009 par la Société générale et par le groupe BPCE dont la filiale côtée Natixis est encore déficitaire (1,7 milliards d’€ contre 2,8 milliards en 2008). Mais BNP Paribas a également constitué des provisions records de 8,3 milliards (46 %).
Les résultats des banques françaises en 2009|] »/>
2{Quatre raisons de ce retour aux profits2}
Quatre raisons principales expliquent cette évolution :
-
Les banques françaises sont solides et globalement avaient été, avant la crise, plutôt plus prudentes que d’autres. Mais elles ne sont pas les seules à avoir fait en 2009 un tel retour aux profits. Les dix plus grandes banques européennes en annoncent 50 milliards d’€ et les dix plus grandes banques américaines à peu près autant.
-
Les charges ont été « maitrisées ».
-
Les groupes bancaires français ont ralenti leur distribution de crédit tout en s’approchant des engagements pris dans le cadre du plan d’aides publiques de la fin 2008 (crédits en hausse de 2,7 % contre un engagement de 3 %). Mais dans le contexte de la crise et du sauvetage des banques, les banques centrales ont fourni aux banques de l’argent à des taux très faibles, beaucoup plus bas que les prêts bancaires aux ménages, aux entreprises, et aux administrations publiques.
-
Dans les groupes bancaires privés et notamment à BNPParibas, les métiers de la banque d’investissement (activités de marché, gestion d’actifs, accompagnement des émissions d’actions par les entreprises, et les administrations publiques) ont été une source importante de revenus. Les groupes mutualistes (Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel-CIC) font au contraire état d’une réduction de la voilure des activités de banque d’investissement et de marchés pour se recentrer sur leurs clients particuliers. Leurs dirigeants parlent de retour aux sources vers les valeurs du mutualisme, la proximité, la réponse aux besoins des clients, le financement de l’économie.
2{Est-ce une bonne nouvelle ?2}
Les banquiers font valoir que le retour aux profits est une bonne nouvelle.
A ceux qui mettent en relief que le retour des profits est surtout une bonne nouvelle pour les traders puisque 2009 marque aussi le retour des bonus, les banquiers français font valoir que la distribution des bonus en 2009 par les banques françaises a respecté l’encadrement mis en place par les pouvoirs publics.
BNP Paribas a par exemple distribué 500 millions à ses 4 000 traders, soit un bonus moyen de 125 000 euros par personne. Une autre enveloppe de 500 millions d’euros seraient en outre débloquée l’an prochain si les résultats sont positifs. Une taxation de 50 % des bonus ayant été mise en place, la banque paiera en outre 250 millions à l’Etat. Preuve de cette modération, pour Baudoin Prot, directeur général de BNP Paribas : les bonus 2009 « représentent 5,5 % des revenus des activités de marché ; dans l’ancien système, c’était 17 % ».
Mais surtout ils soulignent que les profits vont servir à alimenter les ressources propres des banques et permettre de répondre aux besoins de la clientèle notamment en matière de crédits. Les cinq grands groupes ont du reste renouvelé les engagements de croissance des crédits pris en 2009.
En la matière, l’année 2010 ne démarre pourtant pas vraiment sur les chapeaux de roues, selon les statistiques publiées le 25 février par la Banque de France.
En janvier 2010, si la reprise des crédits aux ménages se poursuit, les crédits aux entreprises sont à nouveau en recul significatif (- 2,1 %, après – 0,9 % en rythme annuel).
D’une façon générale le nouveau ralentissement de la croissance qui semble s’opérer en Europe pourrait entrainer pour les banques une montée des risques liés aux crédits distribués. Ce qui risque de les pousser vers des politiques de crédit plus restrictives.