On peut considérer que la courbe est « normale » lorsque les taux à long terme sont plus élevés que les taux à court terme. En effet, l’intérêt est le prix à payer pour que les épargnants renoncent à la liquidité. Il est donc normal de mieux rémunérer un renoncement plus durable à celle ci.
Avec la crise, les choses sont devenues anormales : la courbe s’est inversée. La Fédération Française des sociétés d’assurances publie un graphique très intéressant de l’évolution de la courbe des taux.
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Durant l’année 2008, les taux sur les prêts à court terme se sont tendus à l’extrême, les banques elles-mêmes ne voulant plus se prêter de l’argent entre elles, même pour de très courtes périodes, cependant que la course à la sécurité conduisait les détenteurs de capitaux à se tourner massivement vers les prêts les plus sûrs. Cette offre a fait diminuer le prix de ces prêts c’est-à-dire le taux d’intérêt sur les emprunts obligataires d’Etat y compris à long terme.
La FFSA souligne que cette situation a été défavorable aux contrats d’assurances vie (en euros) « dont la rémunération dépend en grande partie des obligations détenues par les assureurs qui se retrouvaient dès lors concurrencés par des produits d’épargne liquide fortement rémunérés » à commencer par le livret A dont le niveau de rémunération a été propulsé par le niveau relativement élevé des taux de la Banque Centrale Européenne jusqu’en milieu d’année 2008.
Mais comme le montre le graphique publié par la FFSA, les courbes des taux sont en train de revenir à une situation relativement plus normale : depuis le 8 décembre 2008, les taux courts sont repassés en-dessous des taux longs. Le 2 janvier 2009, les taux à 10 ans étaient à 3,45 % contre 2,86 % pour les taux à 3 mois. La FFSA considère que ce retour à une courbe des taux plus « normale » est favorable aux produits d’assurance-vie, investis dans des produits de long terme. Pour les placements « liquides » comme les comptes à terme, les OPCVM monétaires et le livret A, la rémunération sera nettement plus faible en 2009 qu’en 2008. « Cela permettra, dit la FFSA, de rappeler aux épargnants qu’investir son argent dans un produit de moyen ou long terme offre dans la durée un supplément de rémunération. »
Restons cependant prudents sur l’appréciation du retour à la normale de la courbe des taux : la course à la sécurité des détenteurs de capitaux est telle que l’évolution des taux d’intérêt des emprunts d’Etat à moyen et à long terme est très incertaine. Leur baisse est continuelle et on atteint des niveaux historiquement bas, par exemple pour les bons du Trésor américain. Mais les Etats pourraient devoir commencer à payer plus cher sur leurs emprunts de moyens et long terme pour trouver preneurs.