Brève synthèse de la conférence par Cyril Robin-Champigneul, chef de la Représentation régionale en France, qui animait le débat.
Un économiste, une représentante de la société civile et un haut fonctionnaire de la Commission européenne. Trois intervenants dont les propos ont montré que si des points font débat d’autres, au contraire, permettent le consensus.
Il y a tout d’abord eu convergence d’analyses sur les raisons de la crise. Dans les subprimes américains et les comportements inconséquents des banques mais aussi dans un « défaut de fabrication de l’euro » pour reprendre la formule de Pascale Micoleau-Marcel. Et dans un effet pervers de la réussite de cet euro, la crédibilité monétaire ayant créé un sentiment de sécurité excessif qui a favorisé des endettements trop importants. Convergence encore pour un maintien dans la zone euro, les alternatives se révélant catastrophiques.
Le débat a en revanche surgi sur les modalités de sortie de crise. Martin Merlin a prôné « la rigueur budgétaire, comme signal fort à envoyer aux marchés ». Un propos qui, même assorti de la volonté concomitante de « relance de la croissance et de l’emploi » n’a pas convaincu André Cartapanis. Ce dernier estime en effet que « de telles politiques ne seraient justifiées que si le privé avait pris le relai pour assurer la croissance. Or, là, la consommation est atone ». Et de s’en référer aux prévisions économiques : « l’Europe entre en récession. » Un commentaire concluant une analyse soulignant que « dans un premier temps, la crise a été violente mais brève car les États ont eu un comportement adapté : les banques centrales ont injecté des liquidités pour sauver le système bancaire et la demande publique s’est substituée à celle privée défaillante. Quand la crise est repartie suite au problème grec, la gestion a, en revanche, été calamiteuse, de la part des États comme de la Banque centrale européenne (BCE). Et un problème local ne représentant que 2 % du PIB européen est ainsi devenu une crise globale. »
Austérité et soutien à la croissance ne sont que deux volets des mesures prises au niveau européen. Pour éviter une nouvelle crise, le consensus pointe à nouveau quant à la nécessité de réglementer le système bancaire et le monde de la finance, mais aussi de s’assurer du respect des règles et de se doter d’autorités indépendantes capable d’alerter en cas de problème. Quelques exemples parmi les 25 textes en cours d’adoption au niveau européen. « Pour assainir la finance mais aussi défendre le consommateur » a précisé Martin Merlin. Et de citer une directive déjà adoptée, protégeant à hauteur des 100 000 € les comptes courants des clients de banques européennes.
Chacune de ces mesures est un compromis entre les conceptions des différents pays membres. A une personne dans le public s’interrogeant sur « une Commission sous influence allemande », Cyril Robin-Champigneul a expliqué : « nous défendons l’intérêt européen. Concernant les fonds affectés à la solidarité financière, par exemple, nous souhaitions un montant bien supérieur à celui voulu par l’Allemagne. 800 milliards d’euros a été le compromis, sachant que la Commission ne fait que des propositions. Ce sont ensuite le Conseil, c’est à dire l’ensemble des gouvernements, et le Parlement européen, que vous avez élu, qui décident. »