En introduction, Christian Noyer, Gouverneur de la Banque de France et Président de l’ACP, a souligné « la détermination partagée des deux autorités de mettre les intérêts de la clientèle au centre du dispositif de régulation des différents produits financiers ». Il a rappelé quelques fondamentaux : le taux d’épargne des Français, déjà élevé avant la crise, s’est encore accru. Mais cela s’est fait au détriment des produits d’épargne à long terme, comme les actions et l’assurance vie multisupport, lesquels jouent pourtant un rôle essentiel dans le financement de l’économie. L’aversion au risque des épargnants est l’un des facteurs essentiels de cette réorientation des placements.
Priorité aux placements liquides et sans risque
Les épargnants français fuient les investissements en actions
Philippe Trainar de Scor Groupe rappelle que le taux d’épargne financière des ménages français est en constante augmentation depuis le début de la crise financière. La répartition des actifs dans les portefeuilles traduit une aversion au risque.
Luc Arrondel, chercheur au CNRS et Banque de France, poursuit l’analyse en précisant que les préférences des Français sont restées stables et leur aversion au risque inchangée ; en revanche, l’environnement économique s’est modifié, devenant de plus en plus incertain, et les actions sont aujourd’hui perçues comme plus risquées.
Cette tendance est confirmée par Olivier Davanne de la société de gestion DPA Invest, par ailleurs membre du conseil scientifique de l’AMF et administrateur de l’IEFP. Il note la fin d’un paradigme dans lequel les actions étaient présentées comme toujours plus rentables à long terme et une hausse du risque systémique avec des risques difficiles à quantifier et une incertitude accrue. Il attire l’attention sur le fait que l’assurance vie en euro est non seulement une niche fiscale mais présente également la caractéristique par rapport aux autres produits d’épargne de cacher le risque (grâce à l’effet de cliquet, on ne perd jamais alors qu’on peut perdre avec un OPCVM obligataire). Pour lui, si l’on veut encourager la gestion à long terme, il faut que les particuliers acceptent les hauts et les bas de la valorisation au prix du marché, et pour cela l’éducation financière est indispensable.
Commercialisation des produits financiers : une meilleure protection des épargnants
Une meilleure éducation financière du public est recommandée… dès l’école
Natalie Lemaire, directrice des relations avec les épargnants à l’AMF, présente les caractéristiques de l’offre et de la demande des produits financiers, soulignant que les Français se sentent peu à l’aise avec les produits financiers, que leurs connaissances sont objectivement imparfaites et qu’ils attendent beaucoup de leur intermédiaire financier qui, à cet égard, a de grandes responsabilités
Le polytechnicien et normalien André de Palma a étudié les questionnaires MIF soumis aux épargnants par les vendeurs de produits financiers. Ces questionnaires doivent permettre de déterminer le profil du client avant de proposer des solutions d’épargne.
Enfin, David Thesmar, professeur à HEC, insiste sur la nécessité d’une régulation par l’État puisque l’autorégulation du marché ne fonctionne pas et sur l’importance des sanctions et de la publicité sur ces sanctions.
Commercialisation des produits financiers et allocation de l’épargne : quel rôle pour la régulation ?
La dernière table-ronde a réuni François Villeroy de Galhau, directeur général délégué de BNP Paribas, Jean-Pierre Hellebuyck, vice-président de AXA IM, Guillaume Prache de la fédération européenne des usages des services financiers et Fabrice Pesin de l’ACP. Le rôle de la régulation par l’AMF et l’ACP a été souligné ainsi que la nécessité de mieux former les vendeurs de produits financiers qui n’ont parfois par les connaissances suffisantes pour vendre ce type de produits ainsi que d’améliorer l’éducation financière du grand public.
En conclusion, Jean-Pierre Jouyet, président de l’AMF, a rappelé que « l’épargne des ménages est l’objet de nombreuses convoitises, tant elle est essentielle au fonctionnement de notre économie. Conséquence logique, elle fait l’objet de toutes les attentions du législateur, en particulier sous l’angle fiscal. Malheureusement, la politique de l’épargne actuelle n’est pas totalement à la hauteur de l’enjeu de financement de notre économie ».