Lors de son intervention télévisée du 14 juillet 2012, le président de la République a rappelé trois chiffres-clés du rapport de l’Insee sur les indicateurs de l’économie française de juin 2012 : la dette publique, le taux de chômage et le déficit extérieur. Ces chiffres reviennent souvent dans les médias alors tentons de comprendre ce qu’ils veulent dire, et surtout, pourquoi ils sont importants.
90% du PIB, c’est le montant de la dette publique
La dette publique, c’est-à-dire la dette cumulée de l’Etat, des collectivités locales et de la sécurité sociale est souvent exprimée en pourcentage du PIB afin de donner un ordre de grandeur. Le montant nominal de 1 790 milliards d’euros donne le vertige et ne permet pas de réaliser ce que cela représente à l’échelle de la France. En revanche, dire que la dette publique représente presque 90 % du PIB permet tout de suite de prendre conscience de l’ampleur de la dette par rapport à la richesse du pays.
Les statistiques de l’Insee ont montré une forte hausse -plus de 3 points – début 2012 par rapport à la fin de l’année 2011 où la dette n’était « que » de 87 % du PIB. On rappellera que selon le traité de Maastricht de 1992, le ratio dette publique/PIB ne devait pas dépasser 60 %.
Autre indicateur important, le service (ou charge) de la dette, c’est-à-dire les intérêts annuels versés par les collectivités publiques à leurs créanciers. Pour l’Etat, cela représente à peu près 50 milliards d’euros (approximativement le montant de l’impôt sur le revenu).
Autre chiffre à connaître, le besoin de financement c’est-à-dire le montant de ce que doivent emprunter les collectivités publiques chaque année sur les marchés pour financer leur déficit et rembourser leurs emprunts passés venant à échéance. Pour l’Etat français, cela devrait tourner autour de 178 milliards d’euros en 2012 (dont 78 milliards au titre du déficit budgétaire).
Le taux de chômage atteint 10 %
Un taux de chômage de 10 % en France signifie 2,75 millions de personnes sans emploi. Ce sont les personnes actives entre 25 et 49 ans, et notamment les hommes, qui ont été les plus touchées par la hausse du taux de chômage au premier trimestre 2012. Un taux à deux chiffres n’est jamais une bonne chose mais la France a connu pire avec un pic de chômage à 11,3 % en avril 1994 et en février 1997 ; elle est d’ailleurs légèrement en-dessous de la moyenne de la zone euro où le chômage touche 10,9 % de la population active d’après Eurostat.
Moins il y a de personnes qui travaillent, moins la population génère de revenus, et donc moins il y a de consommation et d’argent disponible dans les ménages pour investir. Symboliquement, passer la barre des 10 % de chômeurs est un marqueur important de l’économie qui pose différents problèmes aux décideurs politiques: comment parvenir à créer des emplois ? Quelle politique industrielle faut-il mener ? Le coût du travail est-il trop élevé ? La législation est-elle adaptée ? Autant de questions qui reviennent à définir une politique économique.
70 milliards d’euros de déficit extérieur
Le déficit extérieur, ou déficit commercial, a atteint un niveau record. Il s’agit de la différence de valeur entre les biens et les services que la France exporte et ceux qu’elle importe ; nous importons donc pour 70 milliards d’euros de plus que ce que nous exportons. Ce fossé s’aggrave par rapport à 2010 où le déficit extérieur dépassait à peine 50 milliards d’euros, et par rapport à d’autres pays, comme l’Allemagne dont l’excédent est proche de 150 milliards d’euros. De nouveau, c’est une très mauvaise nouvelle pour l’économie française. Alors que certains pointent du doigt la facture énergétique à cause de la hausse du prix du pétrole, force est de constater que cette explication ne suffit pas.
En réalité, la France importe trop car beaucoup de biens consommés sont produits à l’étranger pour des questions de coût, de fiscalité ou de réglementation. De plus, la France n’exporte pas assez. Comme on pouvait le lire dans un article de l’Expansion de septembre 2011,« Notre spécialisation sectorielle est trop peu focalisée sur les biens d’équipement (22 % de nos exportations, contre 50 % outre-Rhin). Ce secteur est pourtant celui qui bénéficie le plus des phases de reprises. […]Notre voisin [l’Allemagne] dispose de 300 000 entreprises exportatrices, ce qui représente trois fois la force de frappe française, estimée à 90 000 entreprises ! ».Ce déficit s’explique donc surtout par un manque de compétitivité des entreprises françaises (et notamment de ses PME) et par l’absence d’une stratégie axée sur l’export.