Novethic a présenté le 31 janvier 2013 une étude sur les indicateurs de performance des Investissements Socialement Responsables (ISR).Pour apprécier les résultats d’une politique ISR et pour évaluer les performances de ses fonds, la profession a besoin d’indicateurs précis, fiables et disponibles.Quels critères choisir ? Novethic lance le débat avec des professionnels du secteur.
L’Investissement Socialement Responsable (ISR) consiste à intégrer des critères extra-financiers dans les décisions de placement. Ces critères sont de trois natures : E, S et G. E pour Environnement, S pour Social et G pour Gouvernance.
A ce jour, chaque entreprise établit ses critères de notation ESG, se basant sur des centaines de critères distincts. Le besoin d’indicateurs simples et homogènes se fait ressentir pour faciliter les comparaisons et pour valider les démarches d’investissement responsable.
Dans ce contexte, Dominique Blanc, responsable de recherche ISR chez Novethic, a présenté les principaux résultats de l’étude. Celle-ci se base sur sept sociétés de gestion travaillant activement à la recherche d’indicateurs pertinents et fiables.
Pour le moment, il est impossible de mesurer une potentielle « sur-performance » qui serait due à une politique ISR. Le constat est sans appel : il n’y a aucun consensus sur les indicateurs utilisés.
Pour le critère social, les indicateurs utilisés peuvent être la part des femmes dans l’effectif total ou parmi les équipes d’encadrement, le taux de rotation des employés ou encore la création nette d’emplois.
Dominique Blanc insiste sur le fait que les données sociales sont difficiles à appréhender, notamment dans les grands groupes, du fait des mouvements de concentration (fusion, acquisition). En effet, la variation de l’effectif dans ces groupes ne représente pas obligatoirement des embauches mais simplement l’acquisition d’une nouvelle société.
Finalement, tous les arguments avancés par Dominique Blanc tendent vers le même constat : la définition d’indicateurs constitue avant tout « un défi méthodologique ».
Christian Carrega, de l’association Préfon, régime de retraite complémentaire pour les fonctionnaires, indique que depuis 2007, Préfon a choisi d’intégrer des critères ISR dans le choix de ses fonds. En 2010, il demande à ses assureurs d’évaluer annuellement les fonds ISR à travers un reporting, un choix essentiellement motivé par la demande des investisseurs. Depuis 2011, l’assemblée générale a également adopté une charte ISR.
Ce régime de retraite cherche avant tout à développer des indicateurs simples, compréhensibles de tous et servant sa stratégie de communication, notamment vis-à-vis de ses clients.
Au final, Préfon a choisi sept indicateurs :
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Équilibre des pouvoirs et efficacité du conseil d’administration
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Part des femmes au sein du conseil d’administration des entreprises
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Nombre d’heures de formation par an et par salarié
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Part des femmes à des postes d’encadrement
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Émission de gaz à effet de serre par rapport au chiffre d’affaires
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Part des petites, moyennes et grandes capitalisations dans le portefeuille
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Part des entreprises non signataires du pacte mondial des Nations Unies
Le Pacte Mondial des Nations Unies est une initiative qui encourage les entreprises à respecter dix principes de respect des droits de l’Homme, des droits du travail, de l’environnement et de lutte contre la corruption.
Jean-Philippe Rayssac, analyste ISR à La Banque Postale AM a participé à la création d’indicateurs ISR. La Banque Postale a ainsi décidé de ne retenir que trois indicateurs, un indicateur par critère.
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Pour l’environnement : l’intensité carbone en tonne par million d’euros de chiffre d’affaires.
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Pour le social : le taux de variation des effectifs sur plusieurs années.
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Pour la gouvernance : la part des entreprises qui ont signé le Pacte Mondial des Nations Unies
Les entreprises qui ont les résultats les plus mauvais par rapport à leur secteur d’activité dans ces trois critères sont éliminées des portefeuilles.
La Banque Postale intègre désormais des données ISR dans le reporting mensuel de ses fonds et s’attache à former les conseillers particuliers à ces produits.
Jean-Philippe Olivier, du Fonds de Réserve pour les Retraites (FRR), rappelle qu’en termes d’indicateurs ISR « on avance par tâtonnement ». Il n’y a pas de « solution unique et évidente ».
Pour le responsable de la gestion déléguée du FRR, le choix des indicateurs est plus aisé pour les PME car dans les grands groupes, les données relatives aux critères ESG sont plus opaques, diluées dans une masse d’informations.