L’organisateur clôture systématiquement les travaux de ces spécialistes par un symposium ouvert à tous. En cette fin de mois d’octobre, c’était au tour de l’OCDE d’accueillir ces réunions, comme ce sera désormais le cas chaque automne.
Ce fut l’occasion pour Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, qui ouvrait les débats, de souligner le rôle de catalyseur de l’OCDE. Comme l’ont ensuite répété les différents intervenants, l’OCDE a été la première, en 2005, à recommander aux Etats de promouvoir l’éducation financière dans un monde où les particuliers ont de plus en plus de décisions financières à assumer individuellement.
S’interrogeant sur les raisons pour lesquelles les banques centrales s’engagent dans l’éducation économique et financière, Christian Noyer a fait valoir qu’elles sont employeurs d’économistes, qu’elles ont une responsabilité sociale à l’égard des plus démunis, et qu’elles seront plus efficaces pour remplir leur objectif de maintien de la stabilité des prix, si les mécanismes économiques sont bien compris par la population.
Il a insisté sur l’importance que revêt pour la Banque de France son projet de cité de l’économie et de la monnaie. Interactivité, jeux de rôle, situations immersives dans lesquelles on peut prendre des décisions et en voir les effets, manipulations mécaniques, ateliers, voilà tout ce que devrait offrir le futur musée. Enfin, il a rappelé que dans son action de pédagogie, la Banque de France s’appuie résolument sur des partenaires : enseignants, journalistes, et bien sûr l’Institut pour l’Education Financière du Public.
Quelques sujets phares : école, stratégie nationale, femmes…
Les différentes tables rondes qui ont suivi ont permis de mettre l’accent sur quelques thèmes clés de l’éducation financière.
Recommandation récurrente : faire de l’éducation financière à l’école. Il faut, disent de nombreux spécialistes, commencer tôt pour espérer modifier les comportements ; l’école est le lieu qui permet de donner à tous, et pas seulement à ceux dont les parents sont formés, la chance d’apprendre à gérer son argent et à choisir les produits de crédit et d’épargne les plus appropriés.
Autre recommandation de l’OCDE : mettre en place des stratégies nationales. Non pas sous la forme d’un modèle uniforme qui marcherait pour tous les pays, mais à la suite d’une réflexion qui réunit l’ensemble des parties prenantes (public et privé) et dégage un certain nombre de priorités et de moyens de les atteindre. En 2008, moins de dix pays avaient élaboré une telle stratégie. Aujourd’hui 45 pays dont 14 du G20 ont adopté une telle stratégie. La France n’en fait pas encore partie mais l’IEFP recommande depuis de nombreuses années la définition d’une telle stratégie et pourrait avoir été entendu ; en effet à la demande de Pierre Moscovici et dans la droite ligne du plan de lutte contre la pauvreté, un groupe de réflexion va se réunir sous l’égide du Comité consultatif des services financiers (CCSF) pour élaborer d’ici la fin du mois de juin 2014, des propositions en vue de la définition d’une stratégie nationale.
Les priorités des stratégies nationales
Pour variées qu’elles sont, les stratégies nationales efficaces doivent se poser quatre questions principales : définir les publics, circonscrire le champ d’action, identifier les bons canaux de transmission et les combiner entre eux, tester et évaluer les politiques menées.
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Orienter les actions en direction des populations les plus vulnérables. A ce jour, les non-inclus ou mal-inclus sont les jeunes, les femmes, les personnes âgées, les minorités ethniques, les migrants, les ruraux isolés…aux faibles revenus, les entrepreneurs ayant un intérêt pour le micro-crédit.S’agissant des femmes, ce que les enquêtes montrent un peu partout, c’est que bien que meilleures dans la gestion du budget quotidien, elles sont plus vulnérables sur le long terme et ont moins de connaissances que les hommes : de fait, en France, le sondage réalisé en 2011 par le Crédoc à la demande de l’IEFP et de l’AMF a révélé qu’aux questions de connaissance pure rassemblées dans un indicateur de culture financière, les femmes avaient un score de 4/10 alors que la moyenne nationale était de 5/10.
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Le champ de l’éducation financière correspond aujourd’hui beaucoup plus à la bonne utilisation des produits financiers qu’à la recherche simple d’information ou à la prise de la bonne décision.
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Les canaux locaux de transmission de l’éducation financière (et notamment les programmes éducatifs) doivent être correctement identifiés afin de toucher efficacement les populations-cibles. En fait, ils sont combinés : médias, réseaux sociaux, campagnes nationales, radios, écoles, ateliers, etc…L’enjeu est de rendre l’éducation financière la plus immédiatement accessible.
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Il est nécessaire de tester et d’évaluer en permanence les différents outils déployés par les acteurs de l’éducation financière et de vérifier leur accessibilité et leur bonne compréhension par les publics visés.