Les résultats de ces tests, conduits dans le cadre du Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (PISA), ont été présentés à Paris le 9 juillet 2014 au cours d’une conférence organisée spécifiquement sur ce sujet et à laquelle ont participé, entre autres, le Secrétaire Général de l’OCDE, Angel Gurria la Reine Maxima des Pays-Bas, en sa qualité d’avocate spéciale du Secrétaire Général des Nations-Unies pour la finance inclusive pour le développement et Marraine d’honneur du Partenariat mondial pour l’inclusion financière du G20, et le Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
L’enquête Education financière est la 5eme enquête du programme Pisa 2012. Le programme vise à évaluer, à travers un questionnaire standardisé à compléter en deux heures, les compétences des élèves de 15 ans en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences dans 65 pays. Dans 18 d’entre eux, les élèves ont aussi participé à une évaluation de leurs compétence en culture financière. Celle-ci renvoie, selon l’OCDE, à « la connaissance et à la compréhension des concepts et risques financiers ainsi qu’aux compétences, à la motivation et à la confiance nécessaires pour….prendre des décisions fondées…pour améliorer le bien-être financier des individus et de la société, et pour participer activement à la vie économique« .
Les compétences financières testées par l’OCDE
L’enquête PISA vise à évaluer les compétences financières des élèves au regard de trois catégories de questions :
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Des questions sur les contenus de culture financière, qui regroupent les thèmes liés à l’argent et aux transactions, la planification et la gestion des finances, le couple risque/rendement et le paysage financier (les sources d’information, la réglementation, l’influence des politiques publiques).
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Des questions sur les contextes de culture financière, qui intègrent les contextes scolaires et professionnels (bulletins de salaires, financement des études supérieures, par exemple), les contextes ménagers et familiaux (gestion des finances d’un ménage), les contextes individuels (compte bancaire, achats de consommation et dépenses de loisirs, crédits) et les contextes sociétaux (information sur le droit des consommateurs, rôle de la fiscalité et du pouvoir d’achat).
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Des questions sur les processus de culture financière, qui englobent le fait d’identifier les informations financières et de les analyser. Ces questions portent aussi sur l’évaluation de questions financières (savoir expliquer un problème financier ou justifier un raisonnement) et la capacité à appliquer des notions financières à des situations concrètes, comme calculer un taux d’intérêt sur emprunt.
Les scores obtenus par les élèves aux questions de connaissances financières sont étalonnés en 5 niveaux différents établis par ordre croissant de compétences :
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Le niveau 1 correspond aux compétences de base. Les élèves sont capables de reconnaitre les produits financiers courants. Ils savent faire la différence entre besoins et souhaits et prendre des décisions simples sur les dépenses quotidiennes.
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Au niveau 2, les élèves savent utiliser les informations qui leur sont données pour prendre des décisions financières dans des contextes qui les concernent directement et ils savent interpréter les principaux éléments de documents financiers simples et effectuer des calculs arithmétiques simples pour répondre à des questions d’ordre financier.
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Le niveau 3 est atteint lorsque l’élève commence à envisager les conséquences des décisions financières et qu’il peut donner des interprétations simples sur différents types de documents financiers ainsi que de calculer des pourcentages. L’élève est aussi capable de déterminer les calculs nécessaires pour résoudre des problèmes quotidiens courants comme le calcul d’un budget.
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Au niveau 4, les élèves savent appliquer leur compréhension de concepts financiers moins courants à des situations ou contextes auxquels ils seront confrontés plus tard dans leur vie d’adulte (gestion d’un compte bancaire, calcul d’intérêt composés, par exemple).
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Le niveau 5 correspond aux élèves qui savent analyser des produits financiers complexes, qui résolvent des problèmes financiers non habituels et qui savent décrire les conséquences potentielles de décisions financières.
Exemple de question
Question de niveau 4 : bulletin de salaire
Chaque mois, Juliette perçoit son salaire sur son compte bancaire.
Voici le bulletin de salaire de Juliette pour le mois de juillet
BULLETIN DE SALAIRE : Juliette Cassel
Poste : Responsable 1er juillet-31 juillet
Salaire brut |
2 800 zeds |
Déductions |
300 zeds |
Salaire net |
2 500 zeds |
Salaire brut cumulé cette année |
19 600 zeds |
Question
Quelle somme l’employeur de Juliette a-t-il versé sur son compte bancaire le 31 juillet ?
A. 300 zeds
B. 2 500 zeds
C. 2 800 zeds
D. 19 600 zeds
Les adolescents ont une culture financière peu développée
A l’instar des enquêtes qui ont été conduites dans plusieurs pays sur les connaissances financières des populations adultes, l’enquête PISA Education Financière révèle que les adolescents ont très généralement un faible niveau de culture financière. Ainsi, sur les 13 pays membres de l’OCDE ayant participé au test, environ un élève sur sept est tout juste à même de prendre des décisions simples en matière de dépenses courantes. A l’autre extrémité, seulement un élève sur dix apparaît capable de résoudre des tâches financières complexes.
Les élèves français mal classés
Les résultats de l’enquête indiquent que les élèves chinois de Shanghai (seuls ceux-ci ont été évalués pour la Chine) arrivent très largement en tête sur le test de culture financière, suivis par les élèves flamands de Belgique (les francophones n’ont pas participé au test) et ceux de l’Estonie. Les élèves français ne se positionnent qu’au 10eme rang, en deuxième partie de classement, à égalité avec les jeunes russes.
Leurs résultats au test de culture financière apparaissent inférieurs à la moyenne des pays de l’OCDE ayant participé à l’évaluation : ils sont 20 % (contre environ 15 % en moyenne dans les pays participants de l’OCDE) à ne pas dépasser le niveau de compétence de base (niveau 1). Au mieux, ils parviennent à faire la différence entre besoins et souhaits, à prendre des décisions simples sur les dépenses quotidiennes et à savoir à quoi servent des documents courants comme les factures.
A l’opposé, un peu plus du quart (28 %) des élèves français atteignent les niveaux de compétence les plus élevés (niveaux 4 et 5), contre une proportion d’environ 32 % pour les pays de l’OCDE.
Ces résultats médiocres des élèves français sont de fait inférieurs à ceux auxquels on aurait pu s’attendre compte tenu des résultats obtenus en mathématiques et en compréhension écrite, qui ont été testés parallèlement. Ceci semble indiquer, selon l’OCDE, que les compétences de base acquises à l’école ne donnent pas aux jeunes français les outils nécessaires pour qu’ils puissent bénéficier d’une bonne culture financière.
L’influence des facteurs socio-économiques
L’OCDE relève que, d’une manière générale, les élèves issus de milieux socio-économiques avantagés réussissent nettement mieux au test Education Financière en moyenne que ceux issus de familles plus modestes.
Il apparait également que, à statut socio-économique équivalent, les jeunes issus de l’immigration obtiennent de moins bons scores que ceux dont les parents sont autochtones. D’une manière générale, le niveau de compétences en mathématiques ainsi que la maîtrise de la langue écrite sont aussi corrélés au niveau de culture financière, mais au niveau individuel un bon score en mathématiques et/ou en maîtrise de la langue ne se traduit pas toujours par un bon résultat en culture financière.
Enfin, les résultats de l’enquête PISA Education Financière 2012 montrent qu’il n’y a pas de différence de niveau entre garçons et filles, qui obtiennent globalement les mêmes scores en connaissances financières.
Pourtant, à l’âge adulte, les femmes réussissent moins bien que les hommes comme le révélait notre enquête 2011 et notamment l’indicateur de culture financière que nous avions mis en place. C’est que dans la famille, les rôles continuent d’être répartis en fonction du genre et que les femmes s’occupent de l’argent au quotidien mais sont peu impliquées dans la gestion du patrimoine.
L’importance de mettre en place des stratégies nationales
Si les conclusions de l’enquête PISA Education Financière 2012 ne permettent pas de déterminer quelle méthode d’amélioration de la culture financière donne les meilleurs résultats, elles soulignent néanmoins l’utilité de stratégies nationales visant au développement des compétences financières des citoyens, en particulier via la définition de programmes nationaux à destination des jeunes.
C’est la raison pour laquelle la table ronde organisée à l’issue de la présentation des résultats de l’enquête avait pour thème un échange de vues et d’expériences en matière d’actions destinées à l’amélioration de la culture financière des jeunes. Des représentants de cinq pays y participaient (Australie, Belgique, France, Nouvelle-Zélande et Russie).
Le Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a présenté les principales actions conduites en France dans le domaine de l’éducation financière.
Il a notamment mentionné que la mise en place d’une stratégie nationale dédiée à ce sujet avait été décidée par le gouvernement et que sa définition avait été confiée au Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF). L’idée étant de passer d’une situation où une gamme diversifiée d’acteurs publics et privés interviennent séparément à une stratégie coordonnée et cohérente comprenant un volet spécifiquement consacré aux jeunes. Christian Noyer a rappelé que l’action de la Banque de France en matière d’éducation financière prend la forme d’un soutien à l’Institut pour l’Education Financière du Public (éditeur du site La finance pour tous!) et d’actions propres (site internet ABE-infoservice.com et sa plate-forme téléphonique, en partenariat avec l’Autorité des Marchés financiers , organisation de conférences ou manifestations à vocation pédagogique à destination des lycéens, Cité de l’Economie et de la Monnaie, dont le site internet a d’ores et déjà permis aux quelque 150 000 internautes annuels d’accéder à des supports pédagogiques variés sur le thème de l’économie et de la finance).
Les autres pays ont aussi initié des actions en faveur du développement de l’éducation financière de leurs citoyens.
L’Australie a créé une agence gouvernementale spécialement dédiée à cet objectif. Les actions conduites en la matière passent notamment par le biais d’un programme national décliné dans les écoles et qui s’inspire des meilleures pratiques relevées par l’OCDE.
La Nouvelle-Zélande a mis en place une stratégie nationale destinée à renforcer la culture financière des adultes et à développer les connaissances financières des jeunes via les programmes scolaires.
La Russie a initié un programme national en 2011. Son programme pour l’éducation financière vise autant les adultes que les écoliers. Concernant ces derniers, priorité est donnée à la formation des enseignants. Mais les autorités russes souhaitent aussi pouvoir intéresser les parents à la démarche adoptée afin de la rendre plus efficace.
En Belgique, les actions dans le domaine de l’éducation financière à destination des jeunes sont initiées par le superviseur financier, la FSMA. Sa politique en la matière repose à la fois sur le corps enseignant, auquel la FSMA fournit des outils et documents pédagogiques, et sur le fait de toucher directement les jeunes à travers un site internet spécifique (wikifin.be) qui enregistre environ un million de visiteurs par an.