Le rapport du PNUD met en lumière « les facteurs qui contribuent aux risques pesant sur le développement humain » et « soutient que l’amélioration continue des capacités individuelles et sociales est indispensable pour la réduction des vulnérabilités persistantes« . Cette amélioration passe par la mise en place d’un certain nombre de mesures telles que l’accès universel à des services sociaux de base, la promotion du plein emploi et le renforcement de la protection sociale.
La vulnérabilité humaine freine le développement
Bien que depuis le début des années 1990, la pauvreté mondiale recule, des efforts restent à poursuivre pour maintenir cette tendance à la baisse face à la vulnérabilité de certaines catégories de population. Certes, « la mondialisation a produit des avancées importantes […] en particulier dans de nombreux pays du Sud« , néanmoins « les progrès réels ne se limitent pas à donner aux personnes la liberté de choix et la possibilité de s’instruire, se soigner, avoir un niveau de vie décent […]. Il s’agit également de s’assurer que ces réalisations sont pérennes et que les conditions réunies sont suffisantes pour soutenir le développement humain« .
2,2 milliards de personnes pauvres
Et pour cause, on compte aujourd’hui plus de 2,2 milliards de personnes pauvres dans le monde. 22 % de la population mondiale vit avec moins de 1,25 $ par jour. Malgré les efforts entrepris, certaines catégories de population peuvent rebasculer dans une situation d’extrême précarité, presque du jour au lendemain. C’est ce que le rapport du PNUD désigne par le terme de « vulnérabilité humaine« , concept développé pour décrire « les probabilités d’érosion des capacités et des choix des personnes » face à la survenance de chocs (catastrophes naturelles, crises financières, conflits armés…). Une personne (une communauté ou un pays) est ainsi vulnérable lorsqu’il existe un risque élevé de détérioration des circonstances futures de sa réussite.
En Inde, 40 % des personnes hospitalisées sont contraintes d’emprunter de l’argent ou de vendre des biens et près de 35 % d’entre elles tombent dans la pauvreté suite à leur hospitalisation selon une étude de Raman et Björkman publiée en 2000.
Les facteurs de vulnérabilité, menaces du développement
Plusieurs risques de vulnérabilité ont été identifiés par le PNUD :
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Les risques économiques et financiers: Si dans la plupart des pays, des conditions économiques favorables bénéficient à l’essor de certaines catégories de population, la relation inverse est tout aussi vérifiée notamment lorsque le processus de développement reste encore fragile et stimulé par des capitaux étrangers (investissements extérieurs). « Les augmentations récentes de flux de capitaux privés dans les pays en voie de développement, même si elles sont importantes pour le développement, rendent beaucoup d’économies et de personnes vulnérables. La vulnérabilité découle du caractère volatil et contracyclique des flux de capitaux« .
En outre, des millions de foyers restent encore fortement exposés au risque d’un dérèglement du système financier à en juger par les répercussions de la crise de 2008 sur l’économie mondiale. Ce risque est d’autant plus important pour des personnes dépourvues d’une protection sociale suffisante et n’ayant pu se constituer une épargne de sécurité.
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Les inégalités : entre 1990 et 2010, les inégalités de revenus ont augmenté en moyenne de 11 % dans les pays en voie de développement. En guise d’exemple, les 85 personnes les plus fortunées au monde détiennent la même part de richesse que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres : « l’inégalité, au delà d’un certain seuil […], nuit à la croissance, à la réduction de la pauvreté, à la qualité des engagements sociaux et politiques […], facilite la recherche de rente par les groupes les plus influents […], déforme l’allocation de ressources et affaiblit l’économie« .
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Les risques sanitaires : près de 12 % de la population mondiale souffre de faim chronique. À cela s’ajoutent des problèmes sanitaires élevés auxquels les politiques publiques de certains pays peinent à répondre face à l’insuffisance de moyens financiers. Parallèlement, suite à la crise financière de 2008, la montée des prix des matières premières a ralenti le recul du nombre de personnes touchées par la famine.
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Les catastrophes naturelles : « entre 2000 et 2012, plus de 200 millions de personnes, la plupart dans des pays en développement, ont été touchées par des catastrophes naturelles, en particulier des inondations et des sécheresses« . Ce type de phénomène, dont l’occurrence semble s’être accélérée en un siècle, pourrait compromettre la réduction de la pauvreté et renforcer la vulnérabilité de certaines catégories de population.
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Les conflits et les guerres : en provoquant dans la plupart des cas l’exil de groupes de population, les conflits et les guerres constituent de véritables menaces pour le développement humain. Aujourd’hui, 1,5 milliard de personnes vivent dans des pays touchés par des conflits, soit près d’un cinquième de la population mondiale.
Les pistes d’actions du PNUD
Face aux risques de vulnérabilité pesant sur le développement humain, l’objectif du programme des Nations Unies ne se limite pas à la réduction de la pauvreté mais à « la pérennité de cette conquête ». Elle engage la gouvernance des pays du monde entier à la mise en place d’un certain nombre de mesures.
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Garantir un accès universel aux services sociaux de base (éducation, santé, approvisionnement en eau et assainissement, et sécurité publique). L’absence de services sociaux fragilise certaines populations ou pays en difficulté et renforce les inégalités. Aussi, garantir leur plein accès « n’est pas seulement souhaitable [mais] également possible à des stades précoces du développement » contrairement à une idée reçue selon laquelle seuls les pays « riches » peuvent mettre en place des services sociaux de base, précise le rapport.
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Garantir le plein emploi. Face au 1,5 milliard de personnes occupant un travail précaire ou informel, garantir le plein emploi permettrait de réduire l’instabilité et de renforcer la cohésion sociale dans la mesure où « le travail est un moyen d’existence […], une valeur sociale [qui] va bien au-delà d’un salaire« . Sur ce point, le rapport encourage les pays à mettre en place des politiques publiques en faveur du marché du travail (programmes d’emploi temporaire par exemple) et regrette qu’encore peu de pays développés ou en développement considèrent ce type de politique comme « une voûte sociale et économique« .
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Renforcer la protection sociale. Aujourd’hui près de 80 % de la population mondiale ne dispose pas d’une protection sociale complète. Or, « la protection sociale, laquelle comprend l’assurance chômage, les programmes de retraite et la réglementation du marché du travail, peut offrir une couverture contre les risques et les difficultés tout au long de la vie« . En outre, elle permet une meilleure allocation des travailleurs sur le marché. Elle stimule la consommation et réduit la pauvreté.
L’application de l’ensemble de ces mesures « renforcerait la capacité des individus, des sociétés et des pays à résister aux revers et à s’en remettre » et permettrait d’atteindre « l’élimination de la pauvreté, la réduction significative des inégalités et de l’exclusion » en garantissant un développement humain constant et durable.