Les taux des bons du Trésor des autres maturités (de 6 à 12 mois) sont quant à eux égaux à zéro ou très légèrement positifs.
La France peut donc se financer sur les marchés financiers à un coût historiquement faible. A noter toutefois qu’il ne s’agit ni d’une exception en Europe, puisque l’Allemagne par exemple emprunte à des conditions encore plus favorables, ni d’une première puisqu’au deuxième semestre 2012, la France avait également pu emprunter à court terme à des taux d’intérêt négatifs.
L’abondance de liquidités au niveau mondial explique ce phénomène
Comment expliquer que, malgré de piètres performances économiques et un taux d’endettement public très élevé (100 % du PIB, soit environ 2 000 milliards d’euros), les investisseurs internationaux continuent à acheter des titres de la dette de la France et à accepter de ne recevoir en contrepartie qu’une très faible rémunération, voire à payer pour détenir la dette à 3 et 6 mois ?
C’est en raison des politiques monétaires très accommodantes conduites par les grandes banques centrales (Banque d’Angleterre, Banque du Japon, BCE et surtout la Banque Fédérale américaine – FED) depuis plusieurs mois, voire depuis plusieurs années pour la FED.Par ailleurs, les investisseurs internationaux (banques, assurances, fonds de pension notamment) disposent de liquidités très importantes qu’ils utilisent pour acheter des titres de dette publique en Europe.
Deux facteurs expliquent cette surabondance de liquidités au niveau mondial :
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D’une part, les banques n’ont pas utilisé toutes les ressources qu’elles ont obtenues des banques centrales pour accorder des prêts aux ménages ou aux entreprises et se sont ainsi retrouvées avec des excès de liquidités. Elles se sont alors tournées vers les actifs financiers sans risque, dont les titres de dettes publiques européennes.
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D’autre part, les banques centrales anglaise et surtout américaine ont procédé à des rachats de titres de la dette publique américaine, et même à des souscriptions d’émissions primaires. Il en est résulté une réduction substantielle du nombre de titres obligataires américains disponibles pour les investisseurs internationaux. Ces derniers se sont alors retournés vers les titres de la dette publique européenne -qu’ils considèrent comme sûrs- pour placer leurs liquidités excédentaires.
La France a donc pu, comme la plupart des pays européens, bénéficier de cette surabondance de liquidités : la demande d’achats de titres publics européens augmentant substantiellement, les taux d’intérêt ont été poussés à la baisse.
Le fait que les taux d’intérêt sur la dette obligataire française soient très bas s’explique car la France bénéficie d’une des meilleures notations de la part de agences de notation.En outre, de façon paradoxale, le fait que la dette publique française soit très importante constitue un avantage pour les investisseurs : comme le marché secondaire des titres obligataires français est très large (ou profond), ces derniers savent qu’ils pourront à tout moment vendre leurs titres aisément et récupérer leurs fonds. Les titres de la dette publique française sont donc particulièrement recherchés par les investisseurs en raison de leur grande liquidité.
Enfin, si les taux d’intérêt à court terme sont devenus négatifs, c’est aussi parce que l’inflation se réduit fortement et qu’elle se situe désormais à un niveau proche de zéro (le taux d’inflation annuel en France était de 0,5 % en juillet 2014). Sur une durée de un à trois mois, l’inflation en France et en zone euro évolue elle-même en territoire négatif (-0,3 % entre juin et juillet 2014 en France et -0,7 % en zone euro). En termes réels (c’est à dire une fois pris en compte le taux d’inflation), la rémunération des prêteurs à court terme redevient ainsi positive.