Le taux principal de ses opérations de refinancement des banques de la zone euro a ainsi été abaissé à 0,05 % par an, soit le niveau le plus bas qu’elle ait jamais fixé. Mario Draghi, le président de la BCE, a par ailleurs indiqué que le Conseil des gouverneurs avait également décidé de la mise en place d’un vaste programme de rachat de dettes privées au profit des institutions financières de la zone euro : celles-ci pourront vendre à la BCE des titres de créances garanties par des actifs (comme par exemple des crédits immobiliers accordés par les banques avec une garantie hypothécaire). Elles pourront également émettre des obligations sécurisées (c’est à dire dont le paiement du principal et des intérêts est garanti par des actifs sans risque, comme des créances sur le secteur public) qui seront achetées par la BCE.
Ces trois mesures devraient permettre aux banques d’accorder des prêts aux agents économiques (ménages et entreprises) à très faible coût, à pouvoir ensuite céder certaines de ces créances à la BCE et ainsi engranger des liquidités et des capacités de prêts supplémentaires. Le crédit devrait s’en trouver stimulé et la croissance européenne également.
Les décisions prises par la BCE ont cependant surpris les observateurs, qui ne s’attendaient pas à de telles mesures trois mois seulement après qu’elle eut déjà procédé à une baisse de son taux de refinancement (en juin, celui-ci était passé de 0,25 % à 0,1 5%). La question se pose donc de savoir pourquoi la BCE a décidé d’agir de nouveau aussi promptement.
Ecarter le risque de déflation
La réponse tient dans la publication par Eurostat des prévisions d’inflation pour la zone euro pour le mois d’août 2014. Ces prévisions montrent que le rythme annuel de la hausse des prix en zone euro a continué de ralentir encore pour se situer à un niveau désormais très proche de zéro (0,3 % contre 0,4 % en juillet). En outre, le rythme mensuel de l’inflation est devenu négatif en juillet dans la zone euro (-0,7 %), renforçant d’autant les craintes de l’instauration d’une spirale déflationniste. Dans la mesure où il est extrêmement difficile de combattre la déflation une fois que celle-ci s’est installée, comme l’exemple japonais le montre, les membres du Conseil des Gouverneurs de la BCE ont donc décidé d’agir préventivement et fortement. Mario Draghi a d’ailleurs insisté sur le fait que si les mesures adoptées s’avéraient insuffisantes pour faire remonter le taux d’inflation, des mesures non conventionnelles supplémentaires seraient alors adoptées. Celles-ci pourraient prendre la forme d’un assouplissement quantitatif, à l’instar de celui que la FED a mis en œuvre en 2010, consistant en un vaste programme d’achats d’actifs sur les marchés financiers qui ne serait pas uniquement destiné à racheter des titres détenus par les institutions financières.