D’après les auteurs de la note, il ne faut pas craindre une raréfaction du crédit bancaire à destination des PME. Toutefois, les plus petites d’entre elles ainsi que celles du secteur du bâtiment et des travaux publics font face à des difficultés de financement spécifiques auxquelles il pourrait être remédié par des solutions ciblées.
Les PME sont très dépendantes du crédit bancaire
Les auteurs de la note constatent que, en raison de la faiblesse relative de leurs besoins de financement, les PME et les TPE sont structurellement plus dépendantes du crédit bancaire que les ETI et les grandes entreprises qui, elles, peuvent recourir à des formes plus diversifiées de financement externe sur les marchés financiers (émission d’actions ou d’obligations). Ils soulignent également que le crédit bancaire devrait rester le mode de financement externe principal des PME et des TPE en raison du fait que seule la relation personnalisée entretenue entre le banquier et l’entreprise peut surmonter le manque d’information disponible sur les plus petites entreprises.
Absence de risque de « credit crunch »
D’après les auteurs de la note, il n’y a pas de risque que les nouvelles exigences réglementaires applicables aux banques dans le cadre des accords de Bâle III ne se traduisent par une réduction des financements bancaires à destination des PME. Ils soulignent notamment que si la distribution de crédits aux PME est peu dynamique, c’est essentiellement en raison de perspectives limitées de croissance de l’activité économique qui réduisent les besoins d’investissement des entreprises. Dans ce contexte, et compte tenu du fait que les banques françaises se sont recapitalisées, les auteurs estiment que celles-ci seraient en mesure de répondre aux demandes de prêts émanant des entreprises en liaison avec une reprise de la croissance du PIB, sans que cela ne les mette en infraction au regard des normes de solvabilité et de liquidité internationales.
Des mesures ciblées à promouvoir
S’il n’y a pas à craindre un désengagement des banques en matière de crédits aux PME, les auteurs estiment qu’il existe en revanche des difficultés spécifiques pour le financement de la trésorerie des petites PME et des TPE, et plus particulièrement pour celles qui exercent leur activité dans le secteur du BTP.
Partant du constat que les problèmes de trésorerie des PME et des TPE sont très souvent liés à l’allongement des délais de paiement de la part des ETI ou des grandes entreprises donneuses d’ordre, les auteurs de la note recommandent aux pouvoirs publics de développer en France la technique financière de l’affacturage « inversé ». Cette technique de financement consiste, pour une entreprise, à recourir à un organisme de crédit spécialisé -un affactureur- pour qu’il règle immédiatement ses fournisseurs du montant des factures adressées (déduction faite de l’escompte) avant de le rembourser ultérieurement mais dans un délai prédéfini.
Les auteurs de la note du CAE proposent également d’améliorer l’accès à l’information financière sur les PME de façon à favoriser le développement de nouveaux acteurs du financement de ces entreprises. En particulier, élargir l’accès aux données contenues dans la base de données « FIBEN » de la Banque de France à l’ensemble des acteurs économiques (assureurs et plateformes de crowfunding notamment), alors que cette base de données n’est actuellement accessible qu’aux établissements de crédit, leur semble être une piste intéressante susceptible de favoriser l’innovation financière et une plus grande diversification des sources de financement des PME.
Pour les TPE, qui ne sont pas répertoriées dans la base « FIBEN », les auteurs préconisent la création d’un fichier « positif » du crédit aux particuliers dans la mesure où le crédit aux TPE est en fait très proche de ce type de prêts car, selon les auteurs, « la situation financière des petites entreprises est indissociable de la situation personnelle de l’entrepreneur« . La création de ce fichier positif permettrait selon eux de réduire les exclusions du marché du crédit par une meilleure appréciation du risque par le banquier, ce qui pourrait justifier son existence aux yeux de la CNIL.
Enfin les auteurs insistent sur l’importance de la formation financière et comptable des dirigeants de TPE, car trop souvent celle-ci leur fait défaut dans l’anticipation des besoins de trésorerie ou de capitaux propres de leur entreprise.