La question du défaut de paiement de la Grèce et de la sortie de celle-ci de la zone euro est ainsi de nouveau évoquée. Un compromis pourrait néanmoins être trouvé pour éviter un tel scenario.
La Grèce au bord du défaut de paiement
Le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras a été élu en janvier dernier sur la base d’un programme promettant la fin du programme d’austérité imposé par les créanciers internationaux (Commission européenne, Fonds Monétaire International et Banque Centrale Européenne) en échange d’une aide financière permettant au pays d’honorer ses échéances de remboursement.
Des négociations ont alors eu lieu entre les créanciers et le nouveau gouvernement grec dans le but de trouver un accord permettant à la fois à ce dernier de respecter ses engagements vis-à-vis de ses électeurs et aux premiers d’obtenir des garanties que les finances publiques grecques permettront rapidement de dégager les surplus nécessaires au remboursement de la dette.
L’enjeu de ces négociations était d’aboutir à un accord avant le début du mois de juin 2015. En effet, à cette date arrivent à échéance des remboursements de gros montants pour un total de près de 1,6 milliard d’euros en faveur du FMI échelonnés en plusieurs fois à partir du vendredi 5 juin. Au mois de juillet 2015, ce seront 6,7 milliards d’euros que la Grèce devra rembourser à la BCE.
Or, à défaut d’accord entre le gouvernement grec et ses créanciers, la Grèce n’aura pas les moyens d’honorer l’intégralité de ces échéances et elle pourrait de ce fait se trouver en état de défaut de paiement dès le mois de juin 2015.
Vers un accord en deux étapes ?
Les principaux créanciers de la Grèce se sont entendus sur les réformes qu’ils exigeaient du gouvernement grec avant de débloquer une aide d’un montant total de 7,2 milliards d’euros qui permettrait à ce dernier de faire face aux échéances à court terme.
Toutefois, Alexis Tsipras estime que son gouvernement a fait déjà de nombreuses concessions et engagé des réformes importantes et que c’est maintenant au tour des créanciers de faire des efforts.
Les obstacles à un accord portent essentiellement sur deux points :
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Les réformes du marché du travail. Le gouvernement grec veut réintroduire les conventions collectives qui avaient été supprimées par le précédent gouvernement à la demande des créanciers de la Grèce.
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Le niveau des retraites. Le gouvernement grec refuse de réduire davantage le montant des pensions de retraite arguant du fait qu’elles avaient déjà été sensiblement réduites dans le passé et que près de 45 % des pensionnés perçoivent une retraite de faible montant.
Afin de contourner ces deux obstacles, et d’éviter le défaut de paiement de la Grèce en juin ou en juillet, un accord en deux étapes pourrait être trouvé. Il s’agirait de finaliser un accord partiel sur une première série de réformes, pour lesquelles un terrain d’entente semble probable (notamment hausse de la TVA, lutte contre la fraude fiscale, privatisations) qui permettrait de débloquer les 7,2 milliards d’euros prévus et de se laisser le temps de discuter sur les questions du marché du travail et des retraites.
L’enjeu : le maintien de la Grèce dans la zone euro
Si aucun accord ne pouvait être trouvé rapidement entre les créanciers et le gouvernement grec, ce dernier serait contraint au défaut de paiement dès le mois de juin ou en juillet.
La question de la sortie de la Grèce de la zone euro serait alors posée, car le pays n’aurait plus accès aux marchés financiers internationaux pour financer son déficit budgétaire et ses banques n’auraient plus accès au refinancement de la BCE, qui a lié le maintien de son dispositif exceptionnel de fourniture de liquidités à la finalisation d’un accord entre la Grèce et ses créanciers.
Dans ces conditions, et pour éviter l’impact récessif d’une crise bancaire et d’une crise budgétaire, le gouvernement grec n’aurait vraisemblablement pas d’autre choix que de décider unilatéralement de quitter la zone euro et de rétablir la Drachme.
Les conséquences d’une telle situation sont difficiles à estimer. Toutefois, il est probable que personne n’aurait à y gagner :
Ni la Grèce, qui vraisemblablement subirait une attaque de sa monnaie sur les marchés des changes avec en corollaire une poussée inflationniste d’autant plus forte que la Banque de Grèce serait contrainte de financer directement le déficit budgétaire en raison du fait que le pays ne pourrait plus placer de titres obligataires sur les marchés financiers. Le risque d’évasion de capitaux serait en outre attisé et les investisseurs internationaux fuiraient le pays. De plus, les entreprises grecques auraient sans doute également de grandes difficultés à trouver des financements extérieurs alors qu’elles auraient à supporter des coûts de financement internes élevés en raison d’une très probable forte hausse des taux d’intérêt. Insérer un schéma expliquant l’enchainement.
Ni les autres pays de la zone euro, et plus particulièrement les pays dits « périphériques » (Espagne, Italie, Portugal) dont la situation des finances publiques est fragile. Les investisseurs pourraient en effet vendre massivement les titres obligataires de ces pays et pousser ainsi à la hausse les taux d’intérêt des nouvelles émissions de dettes publiques.
Ni la BCE car elle pourrait être contrainte de revoir sa politique de rachat d’actifs financiers en fonction de la réaction des marchés financiers à l’égard des pays périphériques. Or, cela l’obligerait à redéfinir les règles qu’elle a émises à ce sujet et qui prévoient que les rachats de dette des pays membres s’effectuent au prorata de la détention du capital de la BCE par les BCN.