Un risque réel de défaut de paiement
La Grèce doit en effet rembourser une échéance de 1,6 milliard d’euros au FMI le 30 juin 2015, puis une deuxième échéance de près de 3,5 milliards d’euros à la BCE le 20 juillet 2015. Or, la Grèce n’a pas les moyens d’honorer ces échéances sans l’aide de l’Union européenne. Cette dernière, en accord avec le FMI, exige toutefois que le gouvernement grec issu des élections de janvier dernier accepte de mettre en œuvre des mesures d’économies budgétaires plus importantes que celles qui ont été annoncées, notamment en réduisant le montant des retraites. L’Union européenne demande également un relèvement du taux de la TVA sur l’électricité.
Mais le gouvernement grec refuse pour l’instant de satisfaire les exigences de ses partenaires européens en raison du fait qu’il estime avoir déjà accompli beaucoup d’efforts en matière d’économies budgétaires et qu’aller plus loin risquerait de plonger l’économie grecque en récession. Il s’agirait en outre pour son Premier Ministre, Alexis Tsipras, de revenir sur des promesses faites lors des élections législatives.
Un échec des négociations ne peut donc être écarté. Le risque de défaut de paiement de la Grèce est donc bien réel.
Les trois options possibles
En fonction de l’évolution des négociations, trois options sont envisageables pour la Grèce et la zone euro :
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Soit le gouvernement grec accepte les conditions de ses partenaires européens. Dans ce cas, la Grèce perçoit de l’Europe les aides qui lui permettront de faire face à ses échéances de juin et juillet 2015 en échange d’un plan de restriction budgétaire plus important que celui qu’il aurait souhaité mettre en place. A terme, la question reste de savoir si ces restrictions budgétaires pèseront sur la croissance de l’économie grecque au point de provoquer une récession – ce que pointent les dirigeants grecs- ou si elles permettront, via une baisse des taux d’intérêt à long terme et un surcroît de compétitivité, de favoriser le retour de la croissance comme cela s’est produit dans d’autres pays de la zone euro qui ont été confrontés à des difficultés similaires (notamment l’Irlande, l’Espagne et le Portugal).
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Soit les Européens acceptent la restructuration de la dette grecque, c’est à dire sa réduction. En échange, le gouvernement grec pourrait promettre d’engager des réformes importantes (marché du travail, fiscalité, privatisations) destinées à stimuler la croissance à long terme de l’économie du pays et à garantir la réalisation d’excédents budgétaires suffisants pour honorer les échéances de remboursement futures. Toutefois, ce scenario n’est pas privilégié par les Européens car il pourrait provoquer des tensions dans les pays qui dans le passé ont accepté des ajustements budgétaires importants en échange de l’aide de l’Union européenne et qui aujourd’hui font face à des contestations internes des politiques de rigueur adoptées.
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Soit, en cas d’absence d’accord entre la Grèce et ses partenaires européens, le défaut de paiement est effectif le 30 juin. Dans ce cas, tout dépendra du comportement de la BCE. Si celle-ci accepte de continuer à alimenter les banques grecques en liquidités, cela permettra d’attendre l’échéance du 20 juillet. Les négociations entre le gouvernement grec et les européens pourraient alors reprendre pour finaliser un accord avant cette date. Par contre, si la BCE refuse de continuer à fournir aux banques grecques les liquidités d’urgence qu’elle leur octroie, celles-ci risquent la faillite. Le gouvernement grec n’aurait alors plus d’autre choix que de sortir de la zone euro et de revenir à la Drachme. Ce scenario aurait pour la Grèce des conséquences néfastes : dépréciation de la drachme, forte inflation accompagnée sans doute d’une récession en raison de la forte hausse du prix des produits importés dont l’économie est très dépendante et d’une hausse des taux d’intérêt rendue nécessaire par les tensions inflationnistes. Pour la zone euro également, l’effet risquerait d’être très négatif en terme de crédibilité car la sortie d’un pays membre n’est pas prévue et l’adoption de l’euro a toujours été présenté comme étant définitive. En outre, ce sont quelques 200 milliards d’euros qui ne seraient sans doute jamais remboursés aux pays créanciers.