Les mesures prévues dans l’accord risquent toutefois de plonger l’économie grecque dans la récession. Aussi, la question de la sortie du pays de la zone euro pourrait rejaillir à plus ou moins brève échéance.
La Grèce accepte les réformes exigées par les dirigeants européens
Depuis l’élection du nouveau Premier ministre Alexis Tsipras en janvier dernier, les négociations entre la Grèce et ses créanciers avaient buté sur l’ampleur des réformes à mettre en œuvre par le gouvernement grec en échange de nouvelles aides financières lui permettant d’honorer ses remboursements. Le gouvernement grec souhaitait un allègement de la dette du pays avant de s’engager dans des réformes allant dans le sens des exigences de ses créanciers (FMI, BCE et pays membres de la zone euro). Il souhaitait également honorer les promesses de campagne d’Alexis Tsipras et éviter de prendre des mesures trop lourdes à supporter pour les ménages grecs.
Echaudés par la faiblesse des mesures prises par les précédents gouvernements grecs ainsi que par l’attitude jugée désinvolte du nouveau gouvernement, les créanciers européens, emmenés par l’Allemagne, sont demeurés fermes dans leurs exigences à l’égard de la Grèce.
Aussi, et alors que le risque de sortie de la zone euro se précisait -puisque le pays devait rembourser quelque 3,5 milliards d’euros à la BCE le 20 juillet et que le non remboursement de cette somme aurait automatiquement amené la BCE à stopper ses aides d’urgence aux banques grecques- le gouvernement grec s’est résolu à accepter l’ensemble des conditions demandées par les dirigeants européens pour bénéficier d’un nouveau plan d’aide financière.
Des réformes ambitieuses…
L’accord conclu entre la Grèce et les dirigeants européens prévoit toute une série de mesures destinées à réformer en profondeur l’économie grecque et à la rapprocher des standards européens sur de nombreux domaines.
En particulier, sur le plan fiscal, l’accord prévoit une rationalisation du mode de collecte de la TVA ainsi qu’une hausse des recettes qu’elle génère via une augmentation de son taux sur certains produits et un élargissement de sa base.
L’accord prévoit également l’adoption par le Parlement grec d’un ambitieux programme de réforme des retraites, dans le sens d’une baisse des pensions, ainsi que diverses mesures destinées à stimuler la concurrence dans le secteur du commerce. Le marché du travail grec devra être dérèglementé, le SMIC abaissé et un programme de privatisation devra être lancé afin d’abonder un fonds destiné à renflouer les banques du pays (25 milliards d’euros), à garantir le désendettement (à hauteur de 12,5 milliards) et à procéder à des investissements (12,5 milliards également).
De nombreux économistes mettent en doute la capacité de la Grèce à générer 50 milliards d’euros grâce aux privatisations. Ils soulignent généralement que les précédentes privatisations n’ont rapporté au total depuis 2011 que six milliards d’euros dans un meilleur environnement économique. Aujourd’hui, du fait de la récession , les prix des actifs concernés ont chuté et de nombreuses oppositions à ces opérations, notamment de la part des syndicats, risquent de freiner leur réalisation.
…qui risquent de plonger la Grèce dans la récession
La situation de la Grèce a radicalement évolué depuis le début de l’année 2015. Alors que son économie connaissait une légère croissance et que ses finances publiques présentaient un excédent budgétaire primaire, elle est désormais en récessionet le déficit budgétaire s’est à nouveau creusé.
De fait, les mesures exigées par les créanciers de la Grèce risquent fort de se montrer contre-productives et de plonger encore davantage l’économie du pays dans la récession.
Par exemple, la hausse du taux de la TVA sur les produits et services de 13 à 23 % est supposée rapporter 1,8 milliard en année pleine, soit environ 1 % du PIB grec. Toutefois, elle aura aussi pour conséquence de déprimer encore davantage une consommation des ménages qui est déjà peu dynamique. Sans compter que la baisse des pensions et du SMIC devraient également avoir un impact défavorable. Si ce scenario se confirme, les rentrées fiscales seront bien moindres qu’escompté et le déficit budgétaire ne pourra être résorbé. Avec la hausse du chômage, la baisse du pouvoir d’achat et l’absence de perspectives d’amélioration à moyen terme, c’est la question du maintien de la Grèce dans la zone euro qui pourrait alors de nouveau être posée.