Dans le cadre de la préparation du prochain rapport du COR sur la situation des retraités, prévu en décembre 2015, le Conseil a analysé le 14 octobre dernier différents documents de travail portant sur le budget des retraités.
Des évolutions différenciées du pouvoir d’achat au cours de la retraite
Le pouvoir d’achat de la pension est-il préservé tout au long de la retraite ? Telle est la question que le COR a examinée. La réponse est très nuancée.
En principe, le pouvoir d’achat d’un retraité devrait rester constant tout au long de sa retraite, sa pension évoluant comme l’indice des prix à la consommation hors tabac. Mais plusieurs éléments ont empêché le maintien de ce pouvoir d’achat pour tous, notamment :
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Les règles d’indexation des pensions diffèrent selon les régimes (fonction publique, régimes complémentaires AGIRC-ARRCO…). Entre 2003 et 2013, le pouvoir d’achat des pensions brutes a diminué de 0,4 point à l’ARRCO et de 2,4 points à l’AGIRC.
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Les taux des prélèvements sociaux sur les pensions de retraite ont augmenté, notamment dans les années 1990, d’où une évolution des pensions nettes moins favorables que celles des pensions brutes.
Donc, au cours des 25 dernières années, le pouvoir d’achat des retraités concernés par ces événements s’est dégradé. Mais il a été maintenu pour les retraités du privé les plus modestes, exonérés de prélèvements sociaux. Et les générations les plus récentes (les salariés du privé nés à partir de 1937 et les fonctionnaires nés à partir de 1944) connaissent une quasi-stabilité du pouvoir d’achat de leur pension nette.
L’INSEE calcule un indice des prix pour les retraités. Entre 1998 et 2014, cet indice des prix catégoriel a très légèrement moins augmenté que l’indice des prix global, pour l’ensemble de la population (-0,6 point cumulé en seize ans). Sur cette période, les prix des biens et des services qui occupent une place importante dans le budget des retraités (santé, etc.) ont souvent moins augmenté que les prix des biens et services qui occupent une place importante dans le budget des autres ménages (transports, hôtels-cafés-restaurants, etc.). Mais c’est l’inverse pour d’autres biens et services occupant également une place importante dans le budget des retraités (alimentation, chauffage, etc.).
Les retraités consomment moins que les actifs
Les besoins de consommation des retraités diffèrent de ceux des actifs. A niveau de vie égal, les retraités dépensent moins pour leur consommation que les actifs, hors frais de santé, de dépendance et d’hébergement en établissement. A partir de 60 ans la dépense totale de consommation diminue au fur et à mesure que les retraités avancent en âge. La diminution concerne l’alimentation, l’habillement, l’équipement du logement, les transports, les loisirs et les hôtels-cafés-restaurants. A l’inverse, les dépenses de chauffage et de services à domicile augmentent.
Les retraités sont moins endettés que l’ensemble de la population pour des prêts immobiliers ou des crédits à la consommation (23 % des retraités contre 46 % de l’ensemble de la population en 2010). Et les retraités endettés ont des charges de remboursement mensuel moins élevées que l’ensemble de la population (383 € contre 621 € en moyenne).
Les retraités dépensent globalement moins pour leur logement
Près des trois-quarts des retraités sont propriétaires de leur résidence principale (73 % dont 4 % d’accédants à la propriété), contre seulement la moitié des actifs (49 % dont 29 % d’accédants). La proportion de propriétaires augmente fortement avec l’âge durant la vie active, puis elle se stabilise durant la retraite. Par ailleurs, 20 à 25 % des retraités possèdent en début de retraite un autre logement que leur résidence principale (résidence secondaire, investissement locatif…), mais ils tendent à s’en séparer au cours de la retraite.
Cependant, quel que soit le statut du retraité (propriétaire, locataire, etc.), lorsque l’on rapporte le montant de ses dépenses de logement (loyers, remboursement de crédit, charges locatives ou de copropriété, énergie, impôts locaux) à ses ressources,le taux d’effort en matière de logement est plus élevé de trois ou quatre points pour un retraité que pour un non-retraité, à statut d’occupation identique.En effet, les ménages retraités supportent des dépenses comparables pour un revenu plus faible. Et ce taux d’effort est encore plus important pour les retraités locataires. Le poste logement d’un retraité locataire pèse plus lourd dans son budget que dans celui des locataires non retraités.
Des dépenses de santé plus élevées que pour les actifs
Les dépenses de santé d’un adulte augmentent rapidement avec l’âge (7,1 fois plus élevées après 75 ans qu’entre 16 et 25 ans). Mais du fait de soins mieux remboursés par la Sécurité sociale et du nombre plus élevé de bénéficiaires du dispositif d’exonération au titre d’une affection de longue durée, le taux de remboursement par l’assurance maladie obligatoire est plus élevé chez les plus âgés.
Toutefois, en ce qui concerne les contrats de complémentaire santé, les cotisations ont tendance à augmenter avec l’âge et le reste à charge après remboursement des assurances maladie complémentaires augmente également. Ce phénomène est accentué pour les anciens salariés couverts par un contrat collectif, dont les primes d’assurance santé complémentaire sont financées environ pour moitié par l’employeur, car le passage à la retraite entraîne une forte augmentation des primes pour le retraité, à couverture inchangée.
En 2013, les dépenses de santé à la charge des ménages retraités sont évaluées à 1 860 € par an en moyenne (dont 1 376 € de cotisations et 485 € restant à charge de l’assuré), contre 1 138 € par an pour un ménage non retraité (dont 832 € de cotisations et 305 € restant à charge), selon les évaluations de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).