Lors de la conférence de presse qui suit traditionnellement la réunion du Conseil des gouverneurs, Mario Draghi, le Président de la BCE, a indiqué que si la situation économique s’améliorait progressivement en zone euro, cette reprise demeurait incertaine et que l’inflation restait à des niveaux encore trop éloignés de la cible des 2 % de hausse en rythme annuel. En conséquence, Mario Draghi a déclaré que la BCE pourrait étendre son programme d’achat d’actifs financiers ou prendre d’autres mesures allant dans le sens d’un plus ample assouplissement monétaire.
Une reprise en zone euro qui pourrait pâtir du ralentissement des économies émergentes
Mari Draghi constate que la croissance du PIB a été de 0,4 % au second trimestre 2015 après une hausse de 0,5 % au premier trimestre et que les enquêtes de conjoncture indiquent que ce rythme se maintiendra au cours du troisième trimestre. De fait, le Président de la BCE s’attend à ce que la reprise économique en zone euro se poursuive, en liaison avec une demande intérieure bien orientée grâce à la baisse du prix du pétrole qui impacte favorablement le revenu disponible des ménages européens ainsi que la profitabilité des entreprises. Signe également positif, la reprise de la distribution de crédit par les banques se confirme avec la baisse des taux d’intérêt.
Toutefois, Mario Draghi a insisté sur le fait que des risques de rechute de l’économie de la zone euro subsistaient, en particulier en raison de l’incertitude entourant les évolutions des économies émergentes et notamment la Chine, ce qui pourrait peser sur la croissance mondiale et les exportations européennes.
L’inflation reste trop basse pour la BCE
Mario Draghi a par ailleurs indiqué que l’inflation en zone euro avait à nouveau été négative en rythme annuel au mois de septembre 2015 (- 0,1 %), en liaison avec la poursuite de la baisse du prix du pétrole, et que les perspectives à court terme établies sur la base des informations disponibles amenaient à tabler sur un taux d’inflation se maintenant à un niveau très bas.
En outre, Mario Draghi estime que les risques de baisse de l’inflation à moyen terme se sont accrus, du fait de la persistance de surcapacités de production dans l’économie, de l’évolution du prix du pétrole ou de la hausse du taux de change de l’euro face au dollar. Ces évolutions, si elles se concrétisaient, auraient pour conséquence de rendre plus difficile l’atteinte de la cible d’inflation à moyen terme de la BCE, à savoir une hausse des prix ses situant à un niveau proche mais inférieur à 2 % par an.
De nouvelles mesures d’assouplissement monétaires possibles en décembre
La BCE mène depuis le début de l’année 2015 une politique monétaire très accommodante dont le but est de lutter contre les pressions déflationnistes en zone euro et de relancer l’activité économique. Pour ce faire, la BCE à baissé ses taux d’intérêt directeurs à des niveaux très faibles, voire négatifs pour l’un d’eux, et elle a lancé un vaste programme de rachat d’actifs financiers de 60 milliards d’euros mensuels afin de peser sur les taux d’intérêt à moyen et long terme ainsi que sur la valeur externe de l’euro.
Mario Draghi a indiqué que, compte tenu des évolutions récentes en matière d’inflation et des perspectives à court et moyen terme de l’économie de la zone euro, le conseil des gouverneurs avait discuté des moyens susceptibles d’être mis en œuvre au cas où les risques pesant sur cette dernière se concrétisaient.
La BCE pourrait alors décider de modifier « le montant, la composition et le profil de tous ses instruments de politiques monétaire en tant que de besoin » selon les termes de Mario Draghi.
Celui-ci a par ailleurs précisé que la BCE réexaminera sa politique lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs le 3 décembre 2015, une fois que seront connues les nouvelles prévisions trimestrielles pour le PIB et l’inflation en zone euro à l’horizon 2017. Ceci pourrait alors se traduire par une extension et un renforcement du programme de rachat d’actifs financiers, ou encore par une nouvelle baisse du taux de dépôt alors que celui-ci est déjà négatif (à -0,20 %) afin d’inciter davantage les banques à utiliser leurs liquidités excédentaires pour octroyer des crédits à l’économie ou à acquérir des titres financiers au lieu de les déposer sur leurs comptes à la BCE.