L’Europe du Sud plus « communautaire »
L’enquête européenne permet de distinguer trois grands systèmes d’organisation des revenus des couples :
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la mise en commun totale : tous les revenus sont considérés comme des ressources communes du couple (« argent du ménage »), qui dispose d’un compte-joint
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la mise en commun partielle : chaque conjoint conserve une partie de ses revenus pour en disposer comme il le souhaite et un compte-joint permet de payer les dépenses communes (charges, emprunt, …)
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la séparation totale des revenus (chaque conjoint dispose d’un compte bancaire séparé, sans compte-joint)
Dans les 15 pays européens étudiés, la majorité des couples déclarent que tous leurs revenus sont mis en commun. « Les différences sont toutefois considérables quant à l’ampleur de cette majorité : au plus bas, en Finlande, cette mise en commun totale concerne seulement 53 % des couples, contre environ 90 % à l’autre extrême, en Espagne, au Portugal ou en Pologne. Entre les deux, cette proportion s’établit entre 70 % et 75 % dans la plupart des pays. La France, avec environ 63 %, se situe plutôt dans le groupe des pays où la mise en commun totale apparaît la moins prédominante » souligne l’enquête de l’Insee. La France est également l’un des pays où la séparation des revenus est, avec l’Autriche, la plus élevée.
Quel que soit le pays, la mise en commun totale est plus fréquente parmi les couples mariés et/ou qui ont au moins un enfant et lorsque seul un des conjoints occupe un emploi. Elle est moins fréquente dans les couples dont les conjoints ont un niveau d’éducation élevé ou ceux dont le niveau de vie est plus élevé. Toutefois, et quel que soit le choix de mettre ou non en commun leurs revenus, la majorité des femmes et des hommes considèrent que, dans leur couple, les décisions « importantes » (acheter une voiture, contracter un emprunt…) sont prises d’un commun accord.
Les recompositions familiales incitent à séparer les revenus
En France, la part de couples qui mettent tous les revenus en commun est plus faible lorsque des pensions alimentaires ou prestations compensatoires sont reçues ou versées par l’un des conjoints. Les couples en famille recomposée mettent également moins souvent leurs revenus en commun que les couples dont les enfants sont ceux des deux conjoints. Enfin, plus généralement, les couples dont au moins un des conjoints a une expérience antérieure de vie en couple tendent à mettre moins souvent leurs revenus totalement en commun.
De nombreuses données dans cette enquête 2015
Ce portrait social de la France intègre également de nombreuses données sur le marché du travail, la fécondité ou encore le niveau de vie. En 2013, la moitié des Français ont un niveau de vie inférieur à 20 000 euros annuels en France métropolitaine, soit 1 667 euros par mois (niveau de vie médian). Les 10 % des personnes les plus modestes de la population ont un niveau de vie inférieur à 10 730 euros (1er décile) À l’autre bout de l’échelle, les 10 % des personnes les plus aisées ont un niveau de vie supérieur à 37 200 euros (9e décile).
Les dernières réformes fiscales ont fortement pénalisé les ménages les plus aisés
Par ailleurs, l’enquête porte sur les conséquences budgétaires et l’effet sur le niveau de vie des ménages des réformes fiscales mises en œuvre en 2014. Les réformes prises en compte concernent notamment l’impôt sur le revenu et les prestations familiales. Et la réduction du plafond du quotient familial cible particulièrement les ménages les plus aisés. Selon l’étude, ces dernières réformes ont pénalisé 50 % des ménages les plus aisés et ont été bénéfiques pour les 10 % des foyers les plus modestes.
Enfin l’étude porte sur le « sentiment d’aisance financière des ménages » (chiffres 2011). Six ménages sur dix se sentent peu à l’aise financièrement en 2011. Et 70 % des ménages qui se sentent en difficulté financièrement ont vu leur niveau de vie se détériorer (un peu ou beaucoup) au cours des cinq dernières années.