Lors de la conférence de presse qui suit traditionnellement la réunion du Conseil des gouverneurs, Mario Draghi, le Président de la BCE, a indiqué que si la situation économique s’améliorait progressivement en zone euro grâce notamment aux effets de sa politique monétaire accommodante, l’inflation restait à des niveaux encore trop éloignés de la cible des 2 % de hausse en rythme annuel. En conséquence, le conseil des gouverneurs a décidé de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire. Elles ont toutefois déçu les marchés financiers qui s’attendaient à un renforcement plus massif du programme d’achat d’actifs financiers de la BCE.
La BCE anticipe une reprise graduelle en zone euro
Mario Draghi a indiqué qu’il jugeait que la reprise économique était graduelle en zone euro et qu’elle se poursuivrait trimestre après trimestre, en liaison notamment avec les effets favorables de la politique monétaire accommodante de la BCE. Il estime ainsi que celle-ci va permettre d’ajouter un point de croissance à la zone euro entre 2015 et 2017. La BCE a d’ailleurs relevé ses perspectives de croissance pour 2015 et 2017 de 0,1 point à 1,5 % et 1,9 % respectivement, celles de 2016 demeurant inchangées à 1,7 %.
L’inflation reste encore trop basse pour la BCE
Mario Draghi a toutefois précisé que l’inflation en zone euro était encore trop basse. Au mois de novembre 2015, elle était en effet tout juste positive (+0,1 %) et la BCE a revu à la baisse ses perspectives d’inflation pour 2016 et 2017, laquelle atteindrait 1,6 % à cette dernière date. Ces évolutions sont de fait incompatibles avec la cible d’inflation à moyen terme que se fixe la BCE, à savoir une hausse des prix se situant à un niveau inférieur à, mais proche de, 2 % par an. C’est la raison pour laquelle de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire ont été décidées par le conseil des gouverneurs.
De nouvelles mesures d’assouplissement monétaires
Le conseil des gouverneurs de la BCE a donc décidé de procéder à une nouvelle baisse du taux de dépôt alors que celui-ci est déjà négatif (- 0,2 % depuis le 10 septembre 2014) pour le porter à -0,30 % afin d’inciter davantage les banques à utiliser leurs liquidités excédentaires pour octroyer des crédits à l’économie ou à acquérir des titres financiers au lieu de les déposer sur leurs comptes à la BCE.
Parallèlement, la BCE va étendre son programme de rachat de titres financiers aux obligations émises par les collectivités régionales et locales, alors que jusqu’ici seules celles émises par les Etats ou les institutions européennes y étaient éligibles. De plus la fin de ce programme, initialement prévue pour septembre 2016, a été repoussée à mars 2017. De fait, le montant total du programme de rachats de titres s’accroît de 360 milliards d’euros pour atteindre 1 500 milliards d’euros.
En outre, Mario Draghi a annoncé que la BCE procédera aux réinvestissements des sommes qui lui seront versées lorsque les titres qu’elle a acquis dans le cadre de son programme de rachat viendront à échéance, ce qui lui permettra de conserver inchangée la taille de son bilan et donc de maintenir constants les flux de liquidités à destination des marchés financiers.
Déception des marchés financiers
Pourtant les marchés financiers ont réagi négativement aux annonces faites par Mario Draghi. Les bourses européennes ont ainsi toutes enregistré des baisses sensibles jeudi 3 décembre à la suite de la conférence de presse du président de la BCE.
Les investisseurs anticipaient en effet des mesures plus fortes encore de la part du conseil des gouverneurs. Suite aux propos tenus par Mario Draghi lors de la précédente conférence de presse en octobre dernier et lors de prises de paroles récentes, ils s’attendaient notamment à ce que la BCE augmente également le montant de ses rachats mensuels d’actifs financiers, qui se montent à 60 milliards d’euros.