Après avoir enregistré une première chute sensible lundi 4 janvier, les bourses chinoises de Shanghaï et de Shenzhen ont connu jeudi 7 janvier une baisse spectaculaire de 7 % après seulement quelques minutes de cotation. Prises de court, les autorités boursières ont décidé de fermer les deux marchés en application de la nouvelle réglementation mise en place l’été dernier lors d’un précédent krach boursier et qui leur permet de suspendre les cotations en cas de chute brutale des cours.
Inquiétudes sur la croissance chinoise
Le vent de panique qui a secoué les bourses chinoises fait suite à la décision de la banque centrale, la People’s Bank of China (PBOC), d’abaisser le cours de référence de sa monnaie de 0,5 % à 6,5646 yuans pour un dollar. Il s’agit de la huitième baisse consécutive de la monnaie décidée par les autorités monétaires, mais c’est aussi la plus forte depuis celles du mois d’août 2015. Elle ramène la parité avec le dollar à son niveau le plus bas depuis mars 2011.
Cette nouvelle dévaluation de la monnaie chinoise par rapport au dollar, dans un contexte de ralentissement de la croissance du PIB qui est attendue en hausse de seulement 6,9 % en 2015, soit son score le plus faible depuis un quart de siècle, a été perçue par les investisseurs comme le signe que la situation économique est plus inquiétante que ne veulent bien le dire les autorités et que celles-ci cherchent à relancer l’activité en stimulant la compétitivité prix des exportations via la chute de la monnaie.
C’est cette même inquiétude, dans un contexte similaire, qui avait été à l’origine du krach boursier du mois d’août 2015 à Shanghaï et Shenzhen. Il n’est dès lors pas surprenant que le même mouvement de panique ait de nouveau secoué les places financières chinoises dans la mesure où le sentiment des intervenants, essentiellement constitués de particuliers peu au fait des phénomènes économiques et financiers, apparaît propice à un mouvement de correction de grande ampleur.
Vers un krach boursier mondial ?
A la suite de l’effondrement des bourses chinoises, les autres grandes places financières asiatiques ont à leur tour été secouées par des vagues de ventes de grande ampleur. Ainsi, la bourse de Tokyo a-t-elle plongé de plus de 2,3 % et celle de Hong Kong de 3 %.
A l’ouverture, les places européennes chutaient également sensiblement. Le CAC 40 perdait près de 2,5 % en début de séance. Le Footsie à Londres abandonnait 2 %, le Dax à Francfort et le MIB à Milan près de 3 %.
Interrogé sur la situation chinoise, le célèbre financier américain George Soros a indiqué qu’elle lui semblait sérieuse et lui rappelait la crise de 2008.
Pour autant, il semble difficile de dire si le krach boursier chinois va se traduire, par contagion, par une grave crise sur les marchés financiers mondiaux.
En effet, la situation était tout aussi alarmante en août 2015 après la chute des bourses chinoises, et pourtant il n’y a pas eu pour autant de krach sur les autres places financières, même si elles ont été affectées et qu’elles ont eu tendance à baisser depuis.
Les autorités monétaires, en Chine et dans les pays développés, avaient su prendre les mesures nécessaires pour restaurer la confiance des investisseurs.
Les autorités chinoises ont ainsi décidé de supprimer la fermeture automatique des bourses en cas de chute des marchés de plus de 5 %. Ce système est en effet soupçonné d’avoir incité les investisseurs à vendre massivement leurs titres au lieu de les rassurer. La PBOC a également procédé à un léger relèvement du cours pivot du Yuan par rapport au dollar, et un communiqué officiel a été publié, soulignant la solidité des fondamentaux de l’économie chinoise et le fait qu’une dévaluation du Yuan n’était pas nécessaire pour relancer l’économie ou les exportations.
Ces éléments ont ramené provisoirement le calme sur les marché chinois, la bourse de Shanghaï terminant en hausse de près de 2 % vendredi 8 janvier. Mais les bourses chinoises repartaient nettement à la baisse lundi 11 janvier.
Parallèlement, les craintes sur la croissance mondiale, alimentées par des perspectives économiques moroses publiées par la Banque Mondiale pour l’année 2016, ainsi que la poursuite de la chute des prix des matières premières et la montée des tensions géopolitiques, incitent les investisseurs internationaux à délaisser les actions.
Il est donc fort probable que le mouvement de correction des bourses se poursuive à court terme, tant que les investisseurs ne seront pas rassurés sur les perspectives de l’économie mondiale.